La 46ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est tenue hier lundi à Abuja, en présence du Président Togolais Faure GNASSINGBE. Au terme des travaux de ce sommet, le Président John Dramani Mahama a été reconduit au président en exercice de la CEDEAO jusqu’à la prochaine session ordinaire du 28 mai 2015. D’importantes décisions et recommandations prises.
De notre envoyé spécial à Abuja, Crédo TETTEH
De l’ouverture du Sommet
La cérémonie d’ouverture a connu notamment les interventions des Présidents Goodluck Ebele Jonathan du Nigeria et John Dramani Mahama du Ghana et président en exercice de la Cédéao.
Le président de la Commission de la Cédéao Kadré Désiré Ouédraogo et le Représentant spécial du Secrétaire-général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest Dr Mohammed Ibn Chambas étaient aussi à la tribune.
L’essentiel des différentes allocutions et déclarations a tourné autour des questions sécuritaires dans la sous-région, la stabilité politique, la lutte contre le terrorisme, la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée, les élections à venir en 2015 dans cinq pays de la sous-région et surtout de la lutte contre l’épidémie Ebola.
Pour le Président nigérian, il est nécessaire de préserver la stabilité politique dans la sous-région, afin d’accélérer le développement économique.
“L’Afrique de l’Ouest connaît aujourd’hui un taux de croissance plus importante : 7% en 2013 contre 6,5 % en 2012”, a-t-il souligné.
Il a en outre réitéré à ses pairs, l’engagement de son pays dans les efforts d’intégration : “il nous faut travailler pour nous mettre au service de nos communautés”.
Prenant à son tour la parole, le président ghanéen a rappelé l’objectif de ladite session qui est de “réfléchir et de faire le point de tout ce qui a été fait en 2014 et de discuter des questions d’actualités touchant les 350 millions d’habitants de la Communauté”.
Sur le plan politique, John Dramani Mahama a noté des avancées importantes dans la sous-région tout en insistant sur la nécessité de continuer à agir sur les menaces sécuritaires auxquelles fait face la sous-région.
Dans sa déclaration, le président de la Commission de la cédéao a souligné à l’attention des Chefs d’Etat que depuis le 45ème sommet tenu en juillet 2014 à Accra, la vie de la Cédéao a été marquée par des faits qui tous, portent directement leur empreinte ou résultent de l’exécution de leurs orientations. Ces faits ont trait soit à la solidarité au sein de la communauté, soit à la considération que manifestent les partenaires.
“A cet égard, je mentionnerai d’abord la mobilisation de toute la Communauté aux côtés des Etats membres affectés par la maladie à virus Ebola”, a-t-il relevé.
Abordant l’épineuse question de la fièvre hémorragique à virus Ebola, toutes les interventions à l’ouverture de ce sommet ont unanimement reconnu que cette épidémie a un impact négatif sur la sous-région en terme économique et de développement.
Tous les intervenants ont reconnu et félicité les efforts déployés par le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé en sa qualité de coordonnateur de la lutte contre Ebola dans la sous-région.
Le président togolais avait été désigné par ses pairs de la sous-région ouest-africaine lors du dernier sommet extraordinaire de la Cédéao, tenu le 6 novembre dernier à Accra (Ghana) pour “superviser le processus de riposte et d’éradication de la maladie à virus Ebola” — prendra part à ce sommet.
La désignation du Président togolais vise à “assurer l’efficacité de tous les efforts déployés contre l’épidémie qui a déjà fait plusieurs centaines de morts, principalement en Guinée, en Sierra-Léone et au Liberia, trois pays membres de la Cédéao”.
Au moins 6.500 personnes ont été tuées par le virus Ebola (à 99 % en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia). Seul le Liberia a enregistré près de la moitié des décès.
Précisons que la conférence des chefs d’Etat a souhaité la bienvenue au Président Michel Kafando du Burkina Faso et l’ont rassuré de la solidarité de tous les Etats membres de la Cédéao.
Du lancement du Tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO
Les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest ont procédé hier lundi 15 décembre 2014 à Abuja au lancement officiel du tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO.
Le Tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO qui entre en vigueur le 1er janvier 2015, consiste à appliquer les mêmes droits et taxes aux marchandises pénétrant dans l’espace communautaire indépendamment de leurs points d’entrée et de leur destination.
“Au terme de neuf ans de travail continu, de concertations, de consultations et de négociations intracommunautaires, associant toutes les parties prenantes de notre communauté, nous basant sur des études d’évaluations d’impacts aussi bien nationales que régionales, notre communauté vient de réaliser un de ses principaux objectifs d’intégration”, a déclaré le président de la Commission de la CEDEAO lors de son speech à l’ouverture du sommet.
Pour Kadré Désiré Ouédraogo, ce tarif commun “assure la promotion des investissements et de l’industrialisation, favorise l’exportation des produits transformés, préserve les recettes douanières et protège nos industries naissantes et notre agriculture, contre toute concurrence déloyale des biens importés”.
A cet égard, des mécanismes de sauvegarde sont incorporés et peuvent être utilisés par chaque Etat, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il est prévu des “mécanismes permanents d’accompagnement de tous les Etats membres pour faciliter sa mise en œuvre en douceur et en faire un véritable outil de relance de nos économies”.
Rappelons que le processus d’adoption du TEC remonte à la 29ème Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation, tenue en janvier 2006 à Niamey, au Niger, et qui a bâti cet instrument sur l’architecture du TEC de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (TEC UEMOA).
Il est composé d’une liste de produits comprenant quatre catégories correspondant aux quatre bandes tarifaires du TEC UEMOA (0%, 5%, 10% et 20%), allant des biens sociaux essentiels aux biens de consommation finale en passant par les biens de première nécessité, les matières premières de base, les biens d’équipement, les intrants spécifiques et les intrants et produits intermédiaires.
Une cinquième catégorie, intitulée “biens spécifiques pour le développement économique” avec une bande tarifaire à 35%, a été introduite en 2009. Le TEC CEDEAO comprend aussi d’autres éléments, comme la redevance statistique (RS) et le prélèvement communautaire, ainsi que diverses autres mesures de défense commerciale.
De la 33ème Session ordinaire du Conseil de Médiation et de Sécurité de la CEDEAO
En prélude au sommet des Chefs d’Etat s’est tenue toujours à Abuja, la 33ème session du Conseil de médiation et de sécurité (CMS) de la CEDEAO s’est tenue le vendredi 12 décembre 2014 dans la soirée sur d’importantes recommandations relatives à la situation politique et sécuritaire dans la région, avec un accent particulier sur le Burkina Faso, la Guinée-Bissau et le Mali.
La rencontre a également délibéré sur le renouvellement du mandat de la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau (Ecomib), la flambée de la maladie à virus Ebola et les procédures opérationnelles standard (SOP) pour les indemnisations en cas de décès ou d’invalidité dans le cadre des opérations d’appui à la paix.
En direction des Etats membres, le Conseil de médiation et de sécurité a recommandé qu’il leur soit demandé de respecter les principes de convergence constitutionnelle de l’organisation sous-régionale tels qu’inscrits dans le Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance.
Il a aussi préconisé une revue des textes juridiques en vigueur, notamment le Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité, ainsi que le Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance afin de limiter à deux au maximum le nombre de mandats présidentiels.
De la 73ème Session du Conseil des Ministres de la CEDEAO
Au cours de la session du Conseil des Ministres de la Cédéao, Mme Hanna Serwaa Tetteh, et M. Kadré Désiré Ouédraogo, se sont félicités des progrès accomplis cette année dans la région en matière de paix et d’avancées démocratiques, tout en réaffirmant la nécessité d’un engagement résolu contre la maladie à virus Ebola qui a déjà fait plus de 7.000 morts en Afrique de l’Ouest, avant de souligner les efforts entrepris pour faire face à cette terrible maladie.
L’une des grandes résolutions de ce Conseil est le lancement de la carte d’identité biométrique de la CEDEAO qui sera effectif en 2016, posant un nouveau jalon décisif vers l’intégration de la sous-région ouest-africaine.
Le rapport, qui sanctionne la 73ème session ordinaire du Conseil des ministres de la CEDEAO, ouverte le mardi 9 décembre dans la capitale nigériane, souligne que ce document, qui devra être adopté par les 15 Etats membres de l’organisation, viendra remplacer le certificat de voyage actuellement en vigueur.
“La nouvelle carte d’identité biométrique sera mise en circulation dans chaque Etat membre à côté de la carte nationale d’identité pendant une certaine période jusqu’à l’opérationnalisation” du nouveau document dans un délai défini (2016), lit-on dans le document.
Les ministres, qui examinaient ainsi le rapport des chefs des services de l’immigration sur la mise en service de la carte nationale d’identité biométrique de la CEDEAO, ont approuvé ledit document en vue de son adoption par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement.
Le Conseil des ministres a aussi examiné le rapport annuel 2014 du président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, qui a notamment indiqué que les prévisions de croissance s’annonçaient positives avec une activité économique devant progresser de 5,3% en 2014 contre 4,8 en 2013.
De la clôture du Sommet d’Abuja
Le 46ème sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO a pris fin hier lundi dans l’après-midi à la satisfaction générale.
L’une des grandes décisions de ce sommet est la reconduction du Président du Ghana John Dramani Mahama, au poste de président en exercice de la CEDEAO jusqu’ à la prochaine session ordinaire du 28 mai 2015.
Dans son adresse de clôture, le Président ghanéen a appelé à l’engagement des Chefs d’Etat pour relever les défis que se posent à la sous-région avant de souhaiter des élections sans violences, apaisées, transparentes dans les cinq pays notamment le Nigeria, le Togo, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Burkina Faso.
Notons que la prochaine session ordinaire de la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement aura lieu à Abuja le 28 Mai 2015.