Le spectacle offert gracieusement par l’opposition ces derniers jours démontre une fois de plus qu’elle est le boulet que le pays traine depuis un quart de siècle. Il est tout simplement dommage que cette opposition livre ce spectacle désolant aux yeux du monde entier. Les querelles intestines qui refont surface à l’approche de la présidentielle de 2015 sont l’illustration de l’hypocrisie dans laquelle cette classe politique de l’opposition baigne depuis la formation des collectifs et des coalitions.
Ils étaient nombreux, ceux qui pensaient que ces regroupements ne sont que des ”trompe-œil ” au moment de leur formation, car connaissant bien leurs animateurs. D’ailleurs, le clash survenu entre l’ANC et l’ADDI ne surprend que ceux qui croyaient à ce feu de paille qu’est le Collectif Sauvons le Togo. Les deux partis ont lavé leurs linges sales en public devant leurs militants médusés qui avait perdu leur latin. Chacun y est allé à sa manière et à ses explications.
ADDI et l’appétit glouton de l’ANC
Dans cette affaire, c’est l’Alliance des Démocrates pour un Développement Intégral (ADDI) qui se trouve être le dindon de la farce. La pilule était très dure à avaler pour l’honorable Nagbandja Kampatibe, président d’honneur de l’ADDI.
“Notre accord a été violé par nos amis de l’ANC, qui sont allés en conciliabule avec UNIR (Union pour la République/au pouvoir). Je pense que les uns et les autres perçoivent la gravité de l’enjeu”, a-t-il dit. Qu’espérait-il ? On a de la peine pour ce vieux politicien et son parti qui se sont fait ni… de la sorte par les esprits plus futés, plus roublard de l’ANC. Pour dîner avec le diable, mieux vaut avoir une cuillère très longue. L’ADDI vient de l’apprendre à ses dépens.
La leçon à tirer de cette crise, si crise il y a, est que l’ANC, elle, savait depuis la constitution du CST, où ses actions devraient aboutir. Les explications fournis par la vice-présidente de l’ANC Isabelle Améganvi en disent long sur les intentions de ce parti vis-à-vis de ses partenaires politiques. Ces intérêts passent avant ceux de ses partenaires. ” On ne peut pas accuser l’ANC qui a 16 députés et qui n’a que 3 places à la CENI alors que Arc-en-ciel par exemple qui a 6 députés compte 3 représentants à la CENI “, avait déclaré Me Améganvi pour justifier la forfaiture de son parti. Voilà qui mérite d’être clair pour tout le monde.
Tous ceux qui ont eu affaire à l’ANC depuis sa création se sont mordus les doigts. OBUTS et son président Agbéyomé Kodjo peuvent en témoigner. Ce dernier ne s’est toujours pas remis du coup que le parti orange lui a porté lors des législatives de 2013.
Coalition Arc-en-ciel, pas mieux
Gerry Taama, l’un des acteurs de la coalition Arc-en-Ciel disait avoir perdu la foi en regardant le spectacle offert par ses amis. A nos confrères de Savoirs News, il enfonce le clou
”En réalité, rien de nouveau. Ça fait un bon moment que nous sommes sous l’œil du cyclone. Que ce soit pour l’affaire de l’élection d’un candidat unique de la coalition, le retrait du MCD, la sortie médiatique du président Kagbara, ou la cacophonie sur l’interprétation des objectifs du conclave, il y a depuis trois mois un mauvais climat à la coalition Arc-en-ciel.
Mais jusqu’à ce jour, nous arrivions au moins à nous retrouver et discuter. Ensuite, et je le dis parce que c’est dans la presse depuis deux jours : il y a eu une rupture de communication depuis la dernière rencontre du conclave, le 26 août je crois, entre le CAR et le reste de la coalition. Comme vous le savez, dès le début du mois de juillet, la coalition Arc-en-ciel avait conditionné sa participation à la CENI aux clarifications sur le statut de l’opposition. En réalité, cette position n’était pas celle de l’ensemble des partis de la coalition, mais celle du bureau politique du CAR. Mais par solidarité, et pour ne pas justement donner le spectacle que nous donnons actuellement, nous n’avions pas rendu publiques nos divergences.
” Il m’en coûte, de vous parler de nos différends à la coalition arc-en-ciel, si nos amis du CAR n’avaient pas décidé de couper les ponts, ne répondant pas aux appels et autres messages du reste des membres de la coalition.
Je ne pense pas que nos différends auraient été rendus publics, car comme je le dis : cette situation dure depuis le début du mois de septembre, et c’est n’est que le 22 que ça a ébruité, suite peut être aux discussions houleuses que nous avons eues lors de notre réunion. Et pour avoir cette réunion, nous avons dû envoyer un délégué spécial.
L’ADDI aussi se plaint du manque de communication. Je pense que c’est dans ce domaine qu’il nous manque un groupe de sages, capables de ramener à la raison tout le monde sans faire du bruit. Nous creusons, par nos petites querelles, la tombe de nos échecs à venir” conclut-il.
Après avoir entendu ces propos, on peut aisément se faire une idée de l’opposition togolaise, celle qui aspire à prendre les rennes du pouvoir en 2015.
Ali SAMBA