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27 juillet 2024
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CORRUPTION AUX POSTES FRONTIERES DU TOGO/Un fléau qui prend de l’ampleur malgré les efforts de conscientisation

La frontière Togo-Ghana
La frontière Togo-Ghana

Les Autorités du pays aussi bien que les acteurs de développement et la Société civile n’ont jamais cessé d’appeler les agents des postes frontières du Togo à plus de responsabilité et de conscientisation dans leur travail. Malgré les efforts nationaux et régionaux à divers degré, la Cedeao à travers son protocole de libre circulation des personnes et des biens invite les Etats membres à sensibiliser leurs agents aux postes frontières afin de faciliter cette libre circulation mais surtout à éviter les actes de corruption aux frontières.

S’il est à considérer les campagnes de sensibilisation faites en ce sens, le constat aujourd’hui est encore inquiétant. Les agents affectés aux postes frontières se comportent comme des hors la loi, en somme comme s’ils ne dépendent pas d’une administration, d’une autorité. Ils continuent allègrement d’abuser des usagers des postes frontières en réclamant pour un oui ou pour un non des pièces sonnantes et trébuchantes contre prestations et contrôles de pièces d’identité. Ce phénomène de corruption tant décrié aux postes frontières tend à devenir un fait ordinaire, de droit.
Des agents véreux et avides de gain facile s’y adonnent. Parfois avec la complicité tacite des usagers eux-mêmes qui pour la plupart refusent de se conformer aux normes en matière de traversée de frontières. Ces derniers, pour des raisons inavouées refusent même ou prétextent un manque  de temps et une lourdeur de l’administration pour ne pas posséder les pièces d’identité et passeports, bref les documents de voyage requis.

DESCENTE AUX FRONTIERES D’AFLAO ET DE SANVEE CONDJI
Nous sommes à la frontière d’Aflao entre le Togo et le Ghana. Il est 9H du matin. Des portefaix et autres négociants s’affairent. La mine renfrognée, ils sont tenus quand même de vaquer à leurs occupations, de faire leurs jobs même si l’environnement ne leur sourit pas du tout. Tant les tracasseries aux postes frontières ont la vie dure. D’un autre côté, nous observons les agents des frontières, la mine également serrée et l’espoir d’une journée juteuse. Les douaniers en ce qui les concernent, écarquillent les yeux en cherchant la petite bête dans tous les sens. Le matin, il faut ratisser large, dans le sens de maximiser.
Soudain, un mini bus transportant des vivriers arrive en provenance du pays de John Atta Mills. Le chauffeur, aguerri ou habitué, descend du véhicule gaillardement. A l’avant du véhicule, une bonne dame commerçante sans gênes et sûre de son passage malgré tout.
Le chauffeur entre blagues, petites tapes et garde à vous le point droit bien serré s’avance vers les agents des douanes, qui eux balaient rapidement de regards prospectifs la zone d’action avant de prendre en compte le point serré du chauffeur. En moins d’une minute, tout est réglé, tout est contrôlé. Le quitus est donné et le chauffeur repart tranquillement retrouver la commerçante qui n’a rien raté de la scène. Elle, à son tour congratule le chauffeur et le mini bus démarre. Tranquillement. Le poste des douanes est ainsi passé. Le véhicule ainsi contrôlé par les agents des douanes.
Curieux, nous abordons le chauffeur à quelques mètres seulement des postes douaniers. A la question de savoir la rapidité de son passage et sans contrôle même des marchandises du véhicule, le chauffeur naïvement et triomphant affirme : ” je les ai vus “. Tout est dit et vu. Ce qui signifie que les agents douaniers ont été ” travaillés “, ont été intéressés. En somme, une ” pierre a été mise sur le dossier “. Et c’est ainsi toute la durée de notre sit-in à la frontière Aflao. Seuls les ” récalcitrants “, ceux-là qui ne veulent rien ” mettre sur le dossier ” ou sont hésitants, sont retenus pour quelques heures, le temps des négociations et des médiations.

LES USAGERS ET LES DROITS DE PASSAGE
Les usagers de la frontière Aflao sont l’objet de racket de la part des agents de l’immigration. Faute de posséder un document de voyage valide, toute personne voulant traverser la frontière du Ghana dans un sens comme dans l’autre, devra payer une somme de 10.000 Cedis côté ghanéen et 500 fcfa côté togolais pour passer tranquillement et ceci avec la production du carnet jaune de vaccination. Ne pas l’avoir, donne objet à un autre versement. Et ceci à un agent de santé, blouse blanche et pas propre dans un petit bureau.
Le phénomène n’est pas extraordinaire à la frontière de Hilla Condji. Les mêmes harcèlements pour l’usager. Pour quelqu’un qui ne possède pas le document de voyage valide, côté togolais, il lui faut payer 500 FCFA aux policiers et gendarmes et payer le même montant côté béninois avec 300 FCFA pour ceux qui n’ont pas aussi de carnet jaune. Comme récapitulatif, l’aller/retour pour quelqu’un qui n’a pas de pièces d’identité et voulant se rendre à Cotonou ou à Lomé, il lui faut en plus des frais de transports prévoir au minimum 2500 FCFA comme droits de passage.

LES POSTES FRONTIERES, UN LIEU D’AFFECTATION JUTEUX
Selon nos enquêtes et des recoupements et surtout ayant observé sur une longue durée le train de vie des agents postés aux postes frontières d’Aflao  et surtout de Hilla Condji, il est facile de dire sans risque de nous tromper que les postes frontières demeurent aujourd’hui des lieux d’affectation, objets de convoitise par les agents de police, de gendarmerie, de santé  et des douanes. Pour y parvenir, tous les coups bas sont autorisés. En plus d’avoir bras long, ils ne manquent pas d’ingéniosité pour s’y retrouver. Par tous les moyens.
Somme toute, malgré les dispositions de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens, nous sommes très loin de l’atteinte des objectifs visés par les leaders régionaux. UNE SENSIBILISATION plus accrue est souhaitée à l’endroit aussi bien des usagers des postes frontières que des agents y travaillant.  Les usagers des postes frontières devront posséder leurs documents de voyage et les agents accomplir loyalement leur mission première. Pas celle de s’enrichir illégalement,  de s’exposer à la corruption et surtout de s’y offrir.
Crédo TETTEH

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