Présent au Québec dans le cadre de la conférence de haut niveau à l’Université de Laval sur « sur les dynamiques d’intégration économique en Afrique à l’aune de la ZLECAf », l’Ambassadeur Francis Gabriel OKE a entretenu la crème de participants sur les enjeux de la mise en œuvre de la ZLECAf en Afrique de l’Ouest: opportunités et défis.
Pour un habitué des conférences de haut niveau, ce fut une fois encore un exercice du donner et du recevoir dans un style très accessible au commun des mortels.
Reconnaissable par sa franchise débordante dans un vocabulaire châtié, empreint d’une dose surabondante d’humilité, l’Ambassadeur Francis Gabriel OKE a entretenu son auditoire très concentré, à l’image d’une prêche d’église, sur les difficultés de mise en œuvre de la ZLECAf et les perspectives. Aussi une opportunité pour le conférencier de rappeler les objectifs de la ZLECAf, l’état de Mise en œuvre par la CEDEAO, les réalisations de la CEDEAO.
Pour rappel, la ZLECAf, lancée en 2018 par l’Union Africaine, est une initiative ambitieuse pour créer un marché unique africain, réduisant les barrières commerciales et stimulant le commerce intra-africain. Ce projet, qui réunit la majorité des États africains, incarne la vision d’une Afrique plus intégrée, où la libre circulation des marchandises et des services favorise la croissance économique et le développement durable.
« Par ailleurs, pour l’Afrique de l’Ouest et la CEDEAO, cet accord offre des opportunités uniques, mais pose aussi des défis importants » a relevé en introduction l’Ambassadeur Francis Gabriel OKE.
Etat de mise en œuvre CEDEAO
Abordant le volet État de mise en œuvre CEDEAO (Ratification et Alignement Juridique), le conférencier a souligné qu’à ce jour, 13 des 15 États membres de la CEDEAO ont ratifié l’accord de la ZLECAf, ce qui témoigne d’un engagement fort de la région envers l’intégration continentale.
« Des initiatives comme le “ZLECAf Intelligent” et la mise en place de tarifs électroniques facilitent également les échanges au sein de la CEDEAO. Des réformes législatives sont en cours pour aligner les législations nationales avec les exigences de la CEDEAO » a-t-il précisé.
Relatant les initiatives de mise en œuvre CEDEAO, l’Ambassadeur OKE a rappelé l’adoption de la stratégie Régionale 2023-2027. Une stratégie ambitieuse qui vise à maximiser les opportunités de l’accord tout en minimisant les défis structurels et logistiques.
Avec des objectifs principaux notamment renforcer la compétitivité des entreprises ouest- africaines, soutenir les infrastructures nécessaires, et harmoniser les politiques commerciales.
Aussi des projets d’intégration, coopération douanière et mise en place d’accords interrégionaux pour faciliter les échanges intra-CEDEAO ont été réalisés.
Des Réalisations de la CEDEAO
En termes de réalisation à l’actif de la CEDEAO, il faut énumérer la libre circulation des personnes et des biens, incluant des accords pour faciliter la mobilité et les échanges transfrontaliers, l’existence d’un schéma de libéralisation des affaires avec la simplification des échanges commerciaux et promotion de l’investissement étranger.
Le volet Infrastructures n’a pas été négligé. On parle aujourd’hui du développement des infrastructures de transport (corridor Abidjan-Lagos) et de l’énergie. Sans oublier l’aspect capital humain posant des initiatives pour renforcer les compétences des jeunes et des femmes, et inclusion financière pour soutenir l’entrepreneuriat.
Des difficultés de mise en œuvre existent
A ce niveau, l’Ambassadeur Francis Gabriel OKE a relevé l’insuffisance des infrastructures, les problèmes liés au transport et à la logistique, les réseaux de transport non optimisés pour le commerce inter-régional.
L’insuffisance des infrastructures d’approvisionnement en énergie, limite également la production industrielle et l’accès à des sources d’énergie fiables.
Des Défis économiques et structurels se posent donc et sont de deux ordres : la diversité des structures économiques où les économies de la CEDEAO varient largement, rendant difficile l’harmonisation des politiques commerciales et la capacité industrielle limitée exposant une faible capacité de production locale et industrialisation insuffisante dans plusieurs pays.
Outre les défis Difficultés de mise en œuvre , il existe des barrières institutionnelles et réglementaires. A ce niveau, il faut parler des barrières non tarifaires avec la complexité des procédures douanières, régulations divergentes entre les États membres, la faiblesse des cadres institutionnels avec à la clé le manque de coordination entre les institutions nationales pour mettre en œuvre les réformes de la ZLECAf.
Abordant le sujet Enjeux politiques et sécuritaires, le conférencier a souligné l’instabilité politique dans certaines régions, retardant la mise en œuvre des réformes commerciales et la sécurité transfrontalière fragile avec des conflits et insécurité limitant la circulation des marchandises entre certains pays membres.
Des défis d’intégration économiques et sociaux
En termes de défis d’intégration économique, il faut citer les différences monétaires où la pluralité des devises et des régimes monétaires rend difficile l’intégration économique complète.
Le manque de diversification économique est à relever aussi. En ce sens que plusieurs économies restent dépendantes des matières premières, ce qui réduit leur résilience aux chocs externes.
Pour ce qui concerne le développement des compétences et harmonisation des politiques, le Capital humain est limité. Il existe un manque de compétences techniques et professionnelles pour soutenir la croissance industrielle.
L’ harmonisation des politiques commerciales trahit la difficulté à aligner les politiques entre les pays membres.
L’Accès inégal aux marchés régionaux n’est pas du reste. Certains pays bénéficient plus que d’autres de l’intégration. Et le protectionnisme existant, certains pays continuent d’appliquer des mesures protectionnistes qui freinent la libéralisation complète des échanges.
« Les préoccupations sociales et environnementales doivent être prises en compte pour garantir une croissance inclusive et durable »a insisté l’Ambassadeur OKE.
Concluant sa présentation, l’Ambassadeur Francis Gabriel OKE a précisé que la ZLECAf représente une opportunité historique pour transformer l’économie de l’Afrique de l’Ouest.
« L’importance de la coopération régionale et des investissements dans les infrastructures ne peut être sous-estimée. Les défis sont nombreux, mais avec une volonté politique et une action concertée, ils peuvent être surmontés » a-t-il conclu.
Crédo TETTEH