Dans quelques jours, les opérations de révision des listes électorales vont débuter, en vu de l’élection présidentielle. Petit à petit, le processus devant aboutir à la désignation du prochain Président de la République suit son cours. Et les partis politiques responsables, conscients de l’enjeu que représente ce scrutin pour l’avenir de ce pays, investissent le terroir à la conquête des futurs électeurs pour la victoire de leur candidat. Pendant ce temps, certaines des formations politiques et notamment celles de l’opposition devisent encore sur le sexe des anges et nagent en eaux troubles quitte à éructer d’éternels propos de défaitistes après le scrutin. Il faut le dire tout haut, l’attitude de ces messieurs de l’opposition, surtout de l’ANC, ne grandit pas la démocratie au Togo et fait obstacle au développement du pays.
Faure Gnassingbé, l’épouvantail de l’ANC
Les derniers développements de l’actualité sur les réformes à faire ont permis à beaucoup de togolais, et non des moindres, de saisir d’où viennent les blocages et qui en sont les auteurs. Des positions affichées par les uns et les autres, on comprend clairement que l’ANC ne veut pas des réformes comme l’a bien souligné l’honorable Christophe Tchao, président du groupe parlementaire UNIR. ” pour UNIR, il est clair que la responsabilité du blocage actuel des discussions sur les réformes incombe à l’ANC, qui depuis le début, a multiplié les obstacles procéduraux, les manœuvres dilatoires, la mauvaise foi, d’abord pour différer l’étude de la proposition de loi, ensuite pour bloquer la recherche du consensus”, a laissé entendre Christophe Tchao. Même point de vue de Fulbert ATTISSO, même si celui-ci, par manque de courage politique et intellectuel, fait porter le chapeau à UNIR.
On ne peut pas vouloir une chose et son contraire à la fois. Toute la classe politique se dit être d’accord pour les réformes constitutionnelles surtout, puisque ce sont elles qui apporteront la limitation des mandats à 2 et le scrutin deux tours. Mais alors, d’où vient cette exigence de l’ANC de ne pas voir Faure Gnassingbé se présenter en 2015 si les réformes sont faites avant le scrutin ?
A la lecture de la position de Jean-Pierre Fabre et de ses amis, on comprend vite que c’est Faure Gnassingbé qui est le problème de ce parti. On comprend que l’ANC a peur d’affronter Faure Gnassingbé dans les urnes, surtout pour cette élection de 2015, étant donné qu’elle avait promis monts et merveilles à ses militants et sympathisants. Devant la réalité politique du Togo depuis 2010, l’ANC a compris qu’elle n’a aucune chance devant Faure Gnassingbé si elle s’engage honnêtement dans cette course présidentielle. Alors, il faut qu’elle multiplie les subterfuges pour que le statu quo persiste.
L’ANC a toujours clamé haut et fort que face à Faure, même une fourmi ou un n’importe quel Togolais gagnerait haut-les-mains. Le moment est donc venu pour que l’ANC présente sa fourmi ou le togolais lambda pour réaliser ses rêves. Que les réformes se fassent ou pas, l’ANC devrait battre Faure Gnassingbé dans les urnes. Si cette situation n’est plus envisageable par les radicaux de l’opposition, alors qu’ils s’effacent et laissent la place à ceux qui ont l’amour de ce pays et veulent son évolution.
De la limitation des mandats et du mode du scrutin.
En l’état actuel de la marche du Togo vers son développement, le parti présidentiel UNIR a le vent en poupe et à la constitution est de son côté. Si les réformes ne se font pas avant l’élection présidentielle, personne au monde ne viendra blâmer qui ce soit. La constitution actuelle ne prévoit pas limitation de mandat et donc, Faure Gnassingbé sera légitime de se présenter si l’envie lui prend. Alors, que l’ANC cesse de troubler le sommeil et la tranquillité des Togolais qui ont d’autres chats à fouetter.
La limitation des mandats à 2 et le mode de scrutin à 2 tours ne garantissent aucune victoire à l’opposition, pas plus que l’actuelle disposition constitutionnelle en matière d’élection présidentielle. Une élection présidentielle, qu’elle soit à un tour ou deux, est une rude compétition, mieux, une compétition politique. Seuls, ceux qui connaissent son importance et qui s’y préparent en conséquence la remportent. Les exemples abondent dans la sous région ouest africaine et dans les pays du monde entier.
L’opposition doit prendre de la graine et s’organiser pour aller à ces élections, si tant est qu’elle veut vraiment y aller, car pour le moment, elle donne l’impression d’un bateau ayant perdu sa boussole et qui navigue à vue au gré des humeurs de ses leaders et de ses militants en attendant de s’échouer au large d’une côte déserte où personne ne viendra les secourir.
La position actuelle de l’ANC quant aux réformes est un frein à l’évolution paisible du Togo. Mais il faut que ce parti comprenne que sa radicalisation et son extrémisme ne sont de mise aujourd’hui dans un pays ou la majorité veut un consensus sur les sujets d’intérêts national. Que les alliés de l’ANC l’abandonnent aujourd’hui au point qu’elle soit seule à défendre une position devenue intenable doit quand même lui donner du grain à moudre. Il a été dit et répété que l’ANC se retrouve aujourd’hui seul au monde, tel un naufragé au milieu de l’océan.
Réformes et mises en œuvre des recommandations de la CVJR
De toute façon, les réformes se feront avec ou sans l’ANC. Le Chef de l’Etat vient de concrétiser ses idées émises lors de son discours à la nation le 31 Décembre en nommant Mme Awa Nana DABOYA à la tête de la commission de réflexion sur les réformes.
” Cette Commission aura pour principale mission de proposer dans les meilleurs délais un texte de réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles qui tient compte de notre histoire, reflète nos réalités et répond aux aspirations les plus profondes du peuple togolais. Elle contribuera à insuffler une nouvelle dynamique au processus de réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles” avait annoncé le chef l’Etat.
La commission sera composée d’historiens, de personnalités politiques, de juristes, de sociologues et de représentants de la société civile dont l’expérience, la compétence et la connaissance profonde du Togo, seront mises à contribution pour parachever les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles.
Haut magistrat, Médiateur de la République et ancienne présidente de la Cour de justice de la CEDEAO, Madame Amadou Abdou-Nana Awa-Daboya aura la responsabilité de diriger les travaux de cette commission dont la nature et la composition sont propices à une réflexion en profondeur sur le choix des mécanismes et des institutions qui sont aujourd’hui les mieux adaptés à notre pays, compte tenu de son parcours, de ses réalités et de ses aspirations.
Un communiqué du gouvernement a par ailleurs souligné, qu’en sa qualité de Présidente du Haut commissariat à la réconciliation nationale et au renforcement de l’unité nationale, Madame Amadou Abdou-Nana Awa-Daboya sera appelée conformément à ses attributions, à veiller à la mise en œuvre du Livre blanc de la CVJR et à assurer la conduite diligente des travaux de la commission de réflexion sur les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles.
A cet effet, il a été recommander d’insister sur la nécessité de promouvoir les valeurs de coexistence pacifique ainsi qu’une participation active de tous les citoyens à la vie collective, fondée sur l’acceptation des différences et l’instauration d’un climat social et politique apaisé, nécessaire à la réconciliation nationale.
Voilà qui est dit et bien dit. Les réformes se feront au Togo selon les désirs de la plus grande majorité des togolais et non aux bons vouloirs de Jean-Pierre et de son parti radical de l’ANC. Le pays que les Togolais veulent construire dès cette année 2015 est celui de la tolérance, de la concorde et de la paix sociale. Ils en sont conscients et c’est la raison pour laquelle ils ne veulent pas prendre l’ombre pour la proie. Les réformes oui et trois fois oui. Mais pas à la mesure des extrémistes qui veulent exclure leurs concitoyens.
Ali SAMBA