Les 27 et 28 mars 2014, se tenaient à Lomé les premières assises nationales sur la mobilisation des compétences de la diaspora pour le renforcement des capacités au Togo. L’initiative du gouvernement à l’endroit des togolais qui vivent à l’étranger visaient à identifier les opportunités d’emploi et d’investissement au Togo à prendre la mesure des efforts incitatifs initiés par le Gouvernement et à proposer des solutions aux difficultés qui les empêchent encore de s’engager et de s’impliquer dans la vision participative de développement du pays.
Conscient des conséquences néfastes de la fuite des cerveaux sur les secteurs public et privé entrainant une perte en capital humain et engendrant de graves problèmes de renforcement de capacités, le gouvernement togolais a exprimé, à de nombreuses reprises, son intérêt pour la participation de tous, y compris la diaspora, au développement du pays. Dans cette perspective, il lui est apparu nécessaire d’asseoir une politique de partenariat fructueux en vue d’une meilleure implication des Togolais de l’extérieur à l’effort de développement national, de maximiser les potentiels effets positifs de la migration sur le développement. Il s’agit aussi pour Faure Gnassingbé, de mobiliser la diaspora togolaise par le transfert de compétences et de savoir-faire, et les ressources financières de celle-ci en rapport avec les priorités de la stratégie de croissance accélérée et de la promotion de l’emploi (SCAPE).
Pour ce faire des missions exploratoires envers ces togolais qui vivent hors du pays ont été effectuées au dernier trimestre de l’année 2013 en Europe et en Amérique pour faire part de la volonté du gouvernement togolais de les associer désormais au développement du pays et aussi de recueillir leur avis. L’aventure semblait périlleuse quand on sait que bon nombre de ces togolais ont quitté le pays aux lendemains des situations socio politiques difficiles que le pays a connu au début du processus démocratique. Ce n’était pas une mince affaire.
Les inquiétudes de la diaspora
Selon le rapport de la mission, la diaspora togolaise, qui s’intéresse à l’actualité politique du pays et la suit assidument, a posé plusieurs questions relatives aux problèmes liés à l’alternance politique au Togo, aux élections passées et aux futures échéances, au recensement et au vote des togolais de l’extérieur ainsi qu’aux problèmes de corruption et d’insécurité foncière.
Tout en félicitant le gouvernement pour les différentes initiatives prises, la diaspora est en attente d’autres signaux forts susceptibles de les convaincre de l’efficacité de son action.Il s’agit, entre autres, des mesures qui auront une incidence positive sur un certain nombre de préoccupations de la diaspora :
– De l’absence de cadre institutionnel de gestion des questions spécifiques de la diaspora :
La diaspora a suggéré la création d’un cadre novateur, à l’instar de certains pays de la sous-région, pour s’occuper de ces questions. Ce cadre aurait le mérite d’évacuer les réticences nées de la méfiance et du manque de confiance, et servirait d’interface entre le gouvernement et les togolais de l’extérieur.
– De la question du visa et de la double nationalité :
Les togolais de l’extérieur pensent qu’étant d’origine togolaise, le gouvernement devrait trouver une solution aux tracasseries liées à la délivrance des visas et à la question de la double nationalité.
– De l’accueil réservé à la diaspora aux frontières et à l’aéroport :
Beaucoup de Togolais se sont plaints de l’accueil dont ils font l’objet quand ils reviennent au pays et ont souhaité une amélioration des conditions d’accueil.
– De la question du partenariat public-privé :
Il s’agit d’une question cruciale pour l’économie du pays à laquelle la diaspora est disposée à participer si les conditions propices à sa mise en œuvre sont réunies.
– De la mission des ambassades vis-à-vis de sa diaspora :
La diaspora n’est pas satisfaite des services offerts par les ambassades et recommande des améliorations.
-De la sécurisation des projets d’investissement de la diaspora au Togo :
Beaucoup se sont plaints de ne pas être aidés à réaliser leurs projets. Lorsqu’ils repartent découragés, ils apprennent que leur projet a été réalisé par d’autres du public ou du privé sans droit d’auteur.
– La diaspora a déploré l’absence de cadre formel leur permettant d’effectuer des actions bénévoles d’utilité publique au Togo.
– Enfin, elle a déploré l’insuffisance de communication et le manque de retour de la part des autorités en ce qui concerne les demandes d’information.
C’est donc toutes ces préoccupations qui ont fait l’objet des discussions pendant les assises de la diaspora à Lomé.
Volonté et écoute du gouvernement
A l’ouverture des assises de Lomé, le Premier Ministre M. Arthème AHOOMEY-ZUNU a tout de suite planté le décor et exprimé l’attention que le Président de la République accorde à l’initiative. Il a ensuite évoqué l’importance de la contribution de la diaspora à la croissance économique du pays et salué l’adhésion des Togolais de l’extérieur à la vision participative du gouvernement. Les premières discussions qui ont porté sur les opportunités d’emploi, d’investissement et de marché du Togo, le climat des affaires et opportunités d’investissement au Togo ont vite fait de démontrer aux délégations des togolais vivant à l’étranger, l’intérêt que le gouvernement togolais accordent à ces thèmes.
Les systèmes de financement des investissements au Togo : cas de l’Agence Nationale de Promotion et de Garantie de Financement des PME/PMI a fini par convaincre les derniers sceptiques sur la volonté de Arthème Ahoomey-Zunu et de son gouvernement d’accorder une attention particulière aux togolais qui voudront investir dans le pays.
Les débats ont été riches d’enseignements et de précisions pour tous les participants. De façon générale, ce sont les points sur le financement des projets des Togolais de l’extérieur, sur la sécurisation des investissements de la diaspora au Togo, sur les incitations à l’investissement au Togo, qui ont été les plus discutés.
L’atelier sur les mesures incitatives a aussi suscité beaucoup d’intérêt de la part des par de ceux qui étaient présents.surles instruments susceptibles d’aider à la gestion des togolais de l’extérieur. Il a été proposé la création d’une faitière des associations de la diaspora comme un organe d’utilité publique, un interlocuteur auprès des autorités togolaises et un partenaire privilégié de développement du Togo.
D’autres préoccupations d’ordre général ont été aussi abordées, notamment le recensement et le droit de vote des personnes de la diaspora, la confiance aux autorités togolaises et les facilités douanières.
Des paroles et… surtout des actes ?
Si les travaux de ces assises se sont déroulés dans une ambiance empreinte de convivialité et de fraternité, il faut souligner que la diaspora attend beaucoupdu gouvernement togolais. Si les propositions du gouvernement ont plu aux compatriotes, ils demandent à ce qu’elles soient traduites dans les actes dans les plus brefs délais. Et c’est à ce niveau que le gouvernement doit prouver qu’il ne s’agit pas que des mots et des paroles.
Le Président de la République et son Premier Ministre doivent maintenir la flamme qui anime ces togolais qui ont envie de revenir au pays pour apporter leur pierre à l’édification de la nation. Beaucoup ont exprimé leur désir dans ce sens. Il faut alors mettre les bouchées doubles pour les convaincre. Il est dit que d’autres togolais ont déjà fait le saut et que ça leur réussit bien. Le gouvernement doit les considérer comme des VRP car ils sont les seuls, à même de témoigner de leur expérience et des facilités que le gouvernement leur fait pour faire prospérer leurs investissements ou leurs entreprises. Maintenant que l’idée est acceptée et fait son petit bonhomme de chemin, Arthème Ahoomey-Zunu doit mener des actions offensives à l’endroit de nos compatriotes pour les rassurer davantage d’œuvrer pour le développement du pays.
Il est indéniable que pour la plupart de ces togolais de l’extérieur, la situation politique importe beaucoup. Ils l’ont d’ailleurs exprimé à la mission exploratoire pour la tenue de ces assises. Les inquiétudes doivent être dissipées et les assurances formelles données pour que la majorité des frères togolais rejoignent le bercail ou daigne investir dans le pays.
Ali SAMBA