Ce qu’on craignait, risque de se produire. La rue n’appartient à personne ou mieux encore, appartient à tout le monde. Le CST et l’ANC, à force d’abuser de l’occupation de la rue, vient de trouver du répondant. La majorité silencieuse, un regroupement d’association proche du pouvoir annonce aussi l’occupation de la rue à la même date que le CST et l’ANC qui avaient prévu des manifestations pour les 26,27,28 juin prochains.
Le Togo s’apprête à vivre peut être, les remakes des manifestations et contre manifestations des années 90 où pouvoir et opposition s’affrontaient dans les rues à coup de manifestations. L’annonce hier sur Radio Victoire des manifestations de la Majorité Silencieuse aux mêmes dates que le CST suscite des souvenirs pas très réjouissants dans les esprits de nombreux togolais.
A qui la faute ?
Sans ambages, le tort est à imputé à l’ANC et son bras armé le CST qui depuis 2010, ont élu domicile dans les rues de Lomé pour un oui ou un non. On ne compte plus le nombre de manifestations de ces deux entités de l’opposition dans la ville de Lomé. Jean-Pierre Fabre n’arrive pas à dormir dans sa maison, on appelle à une marche dans la ville de Lomé. Zeus Ajavon est constipé, on convoque les militants et on marche dans la ville de Lomé.
Les habitants de la capitale et spécialement de Déckon ont en mémoire la manifestation des 12 et 13 Juin 2012, lançant les tours de Jéricho où ils devaient dormir à Dékon pendant trois jours. Nous passons sous silence les habituelles et traditionnelles marches de samedi de l’ANC pour revendiquer son fauteuil présidentiel.
L’accalmie qui semblait s’instaurer sur le front politique après leur plaisanterie de mauvais goût au dialogue Togo Télécom II n’étant pas de leur goût, Zeus Ajavon et les siens convoquait les membres de leur confrérie à se réunir aux lieus habituels, c’est-à-dire dans les rues de Lomé les 26, 27, 28 Juin. Sous prétexte que le dialogue Togo Télecom II a échoué par la faute des représentants au pouvoir, “Nous avons demandé à la population de se tenir prête.
Nous allons appeler le peuple à s’organiser pour les 26, 27 et 28 pour se tenir debout” devrait lancer Zeus Ajavon, il y a un peu plus d’une semaine lors d’une rencontre à l’intention de la Presse. ” “Dans la salle, on nous a dit que c’est nous qui avons besoin de dialogue. Et ils nous l’ont démontré. Nous avons eu un monologue dans la salle, puisqu’ils n’ont jamais dit leur point de vue. Dans ce contexte, nous avons pris le peuple togolais à témoin” a dit Zeus Ajavon. Prétexte fallacieux pour s’adonner à leur sport national favori, la Marche. Sauf que cette fois ci, ils ne seront pas seuls dans les rues.
La Majorité Silencieuse entre en Action
Si l’annonce de prise d’assaut des rues de Lomé par ce regroupement des associations proches du pouvoir a paru surprendre certains, pour d’autres, la surprise c’est que cette riposte ne vient qu’en ce moment. Dans les années 90, au temps fort des contestations du régime de Gnassingbé Eyadema, c’était coup pour coup^. Une association créée pour soutenir l’opposition avait immédiatement son pendant pour la mouvance présidentiel. Pour une manifestation de protestation contre le pouvoir, une contre- manifestation s’organisait dans les heures ou dans les jours. Parfois, des manifestations se croisent et les participants y laissent des plumes.
Mais depuis l’arrivée de Faure Gnassingbé au pouvoir, ces comportements des associations proches du pouvoir se sont immédiatement arrêtés. Les quelques rares têtus qui n’ont pas voulu suivre la cadence ont été tout simplement rappelé à l’ordre. On se souvient des affrontements dans le quartier de Doumasséssé, condamnés fermement par le gouvernement.
Mais, il semble que l’ANC et le CST croient que tout leur est permis et que quoiqu’ils fassent, ils ne trouveront pas du répondant en face. Grosse erreur. La majorité des togolais, quoique silencieuse, ne se laisse pas marcher sur les pieds quand le vase déborde. Le CST et l’ANC exagèrent et il faudrait que quelqu’un ou une organisation leur fasse la démonstration. Et nous y voilà !
Ces mouvements et associations proches du pouvoir, regroupés au sein de la “Majorité silencieuse” vont manifester eux pour exiger des réformes constitutionnelles et institutionnelles à l’Assemblée nationale.”Nous avons appelé les populations à des marches les 26, 27 et 28 juin à Lomé pour que les réformes politiques se fassent à l’Assemblée nationale.
L’Assemblée Nationale doit retrouver ses prérogatives pour devenir le cadre de référence des débats portant sur les réformes politiques”, a déclaré Hubert Atouyo, porte-parole de la “Majorité silencieuse”. Voilà qui risque de donner des sueurs froides au camp d’en face.
La morale de cette histoire : ” A force de tirer sur la corde, elle finit par se casser”. C’est ce qui arrive au CST et à l’ANC.