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27 juillet 2024
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CEDEAO/CRISE AU SAHEL : Les retombées de la médiation de Faure Gnassingbé

On ne se faisait pas de doute sur les issues de la dernière conférence des chefs d’Etats de la CEDEAO.  La visite de Faure Gnassingbé à Abidjan, peu avant ce sommet, laissait déjà entrevoir le changement qu’on vient d’observer dans la posture des dirigeants des Chefs d’Etats du bloc Ouest-africain.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les solutions de sagesse, que préconisait Faure Gnassingbé depuis le début des crises institutionnelles dans les Etats du sahel, ont été adoptées.

 

Tort d’avoir eu raison trop tôt ?

A Abuja, la Conférence des chefs d’Etats a donc décidé de la levée, avec effet immédiat, des sanctions suivantes qui avaient été imposées à la République du Niger : la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger; l’institution d’une zone d’exclusion aérienne de la CEDEAO sur tous les vols commerciaux à destination et en provenance du Niger; la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres de la CEDEAO et le Niger ; le gel de toutes les transactions de services, y compris les services publics et l’électricité vers la République du Niger ; le gel des avoirs de la République du Niger auprès des banques centrales de la CEDEAO; le gel des avoirs de l’État nigérien, ainsi que des entreprises publiques et parapubliques du pays auprès des banques commerciales; la suspension du Niger de toute assistance financière et de toute transaction avec toutes les institutions financières, notamment la BIDC et la BOAD; l’interdiction de voyager pour les représentants du gouvernement et les membres de leur famille.

La Conférence a décidé aussi de lever les restrictions imposées au recrutement de citoyens de la République du Mali à des postes professionnels au sein des institutions de la CEDEAO. Il est de même pour la Guinée.

Le Togolais a le triomphe modeste. Mais il peut être fier d’avoir eu raison trop tôt.  Les va-t’en guerre auraient dû se rallier à sa position dès le départ. Plus d’un semestre après, concernant le Niger, ils se rebiffent et lèvent pratiquement toutes les sanctions (inhumaines comme l’ont vécu les Nigériens). Mais trop tard, les conséquences sur la vie des populations du Niger sont énormes.

L’économie du pays en a souffert. Ici encore, et comme toujours, le Togo a été une bouée de sauvetage.  Le Général Abdourahamane Tiani, le Président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), Président de la transition du Niger, en parlait à juste titre en début décembre 2023.

« L’approche de Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé a permis d’éviter le chaos et la catastrophe humanitaire dans notre pays. C’est cette position que Son Excellence a apportée auprès des pairs africains pour leur montrer la nécessité de revenir à l’esprit fondateur de la CEDEAO. Nous avons un devoir de faire le déplacement de Lomé pour lui exprimer notre reconnaissance », avait-il dit.  La menace du retrait de la CEDEAO du Burkina Faso, du Mali et du Niger sera désormais, peut-être, la bataille de Faure Gnassingbé.

 

Poursuivre le dialogue

En effet, le bloc ouest-africain est préoccupé par les conséquences socio-économiques, politiques, sécuritaires et humanitaires de cette décision de retrait, notamment pour les citoyens des trois États membres et pour le processus d’intégration régionale, et invite instamment les trois États membres à recourir au dialogue, à la négociation et à la médiation pour répondre à leurs préoccupations. « … Instruit la Commission de la CEDEAO de poursuivre le rapprochement et les propositions de la Communauté à l’égard des trois États membres et de rester saisie de la situation ; charge la Commission de la CEDEAO d’échanger avec l’Union africaine, l’UEMOA, l’ONU et d’autres organisations internationales ainsi qu’avec les partenaires bilatéraux sur la question, en vue de convaincre les trois États membres de rester dans la Communauté », lit-on dans un communiqué.

Les chefs d’Etats de la CEDEAO ont donc invité la Commission de l’institution à renforcer les contacts de la Communauté avec les trois États membres, en mettant à contribution les chefs traditionnels et religieux, les éminentes personnalités, la société civile et les femmes leaders pour l’unité et la sécurité de la région. Ils demandent à la Commission de la CEDEAO d’accélérer l’opérationnalisation de la Force en attente, sous son mode cinétique, pour lutter contre le terrorisme dans la région, notamment les éléments de la Force Multinationale Conjointe (MNJTF) et l’Initiative d’Accra, conformément aux instructions de la Conférence. Une réunion des Ministres des Finances et de la Défense devraient bientôt être organisée afin de proposer des modalités de financement et d’équipement de la force de lutte contre le terrorisme.

Il est rappelé qu’au niveau institutionnel, le retrait des trois États membres nécessitera, non seulement la fermeture de quatre agences régionales au Burkina Faso, de deux organismes régionaux au Mali et d’un bureau régional au Niger, mais qu’il affectera également la sécurité de l’emploi de quelque 130 membres du personnel de la CEDEAO, qui sont des citoyens des trois pays : 77 du Burkina Faso, 23 du Mali et 32 du Niger. Faure Gnassingbé, fidèle à sa ligne directrice, devrait encore s’investir davantage pour que les velléités séparatistes des pays de l’Alliance des Etats du sahel (AES) ne se traduise pas dans la réalité. Il est vivement encouragé à réussir.

Il faut dire que les chefs d’Etats de la CEDEAO ont attiré l’attention des trois États membres sur les dispositions de l’Article 91 du Traité révisé de la CEDEAO de 1993, relatif aux procédures à suivre en cas de retrait, tout en les exhortant à reconsidérer leur décision, au regard des avantages que l’appartenance à la Communauté procure à tous les États membres de la CEDEAO et à leurs citoyens.

Ali SAMBA

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