Si tant est que Faure Gnassingbé veuille se représenter à l’élection présidentielle de 2015(rien ne s’oppose à ce qu’il le fasse en l’état actuel des choses, du moins constitutionnellement), il l’emportera hauts les mains, tellement les signaux sont au vert pour lui. Et ce n’est pas les tergiversations et les contradictions qu’on observe ces jours-ci dans l’opposition qui freineront cette marche certaine vers un 3è mandat de Faure Gnassingbé.
A un an de cette importante échéance qui aiguise les appétits les plus gloutons de part et d’autres, Faure Gnassingbé semble serein et multiplie d’ailleurs les clins d’œil intéressés à l’endroit de l’électorat surtout celle des villes et campagnes de l’intérieur du pays. Ce qu’on appelle à UNIR ” la politique des grands travaux et de réduction de la pauvreté” tourne en plein régime.
La dernière trouvaille, le FNFI(le Fonds National pour la Finance Inclusive) que certains qualifient de poudre aux yeux mais qui suscite de l’espoir chez les populations les plus pauvres du Togo parce que pouvant leur permettre d’avoir accès au crédit, ne peut que hausser le niveau d’estime qu’elles portent au Président de la République et par ricochet les intentions de vote à son égard.
Une amélioration des conditions de vie sous Faure Gnassingbé
”Quoiqu’on dise, depuis qu’il (Faure Gnassingbé) est là, nous constatons une amélioration de nos conditions de vie, quand bien même nous voudrions que ça se fasse plus vite” estime un agriculteur rencontré lors du lancement de FNFI. Il ajoute qu’avec la politique d’achat des produits agricoles mise en place par le ministère de l’agriculture à travers l’ANSAT, les paysans arrivent à tirer un meilleur profit de leur activité.
Dans d’autres secteurs comme le petit commerce, la construction des marchés modernes dans la plupart des grands centres commerciaux du Togo a satisfait les nombreuses revendeuses et commerçantes qui visitent ces hauts lieux d’échanges commerciaux. Les travaux de réhabilitation ou de construction de routes un peu partout dans le pays dont la plupart s’achèveront juste au début de la campagne présidentielle en 2015 constitueront un bon terreau pour Faure Gnassingbé et son parti UNIR pour convaincre les togolais dans leur plus grande majorité d’accorder encore un mandat au fils Gnassingbé.
A mettre également dans l’escarcelle de Faure Gnassingbé et de son parti politique UNIR, l’accalmie sur le front social. Les différentes négociations avec les syndicats et surtout quelques accords à minima avec la Synergie des travailleurs du Togo sont aussi un bon point à faire valoir.
La mise en place de l’Office Togolais des Recettes (O.T.R.) et les courageuses nominations des commissaires et la mise à l’écart de la sulfureuse directrice des impôts Ingrid AWADE au placard va être brandi comme un trophée par UNIR pour saluer le courage de Faure Gnassingbé et sa vision pour un Togo meilleur. Les mesures prises en faveur des jeunes (PROVONAT) et d’autres mise en œuvre par le ministère du développement à la base(PDC), connues de tous n’ont plus besoin d’être évoqué. D’autres actes vont être posés dans les semaines et mois à venir. Les constructions des grands marchés de Lomé et de Kara sont déjà programmées pour débuter sous peu.
QUID DE L’OPPOSITION
Au moment où le pouvoir et son fer de lance vont gloser sur leur bilan, l’opposition dans son ensemble et l’ANC en particulier continueront à ressasser les vieilles chansons entonnées depuis les années 90 : Faure Gnassingbé doit quitter le pouvoir. Rien que ça et rien d’autres.
D’ailleurs Jean-Pierre FABRE, le président de l’ANC annonçait déjà les couleurs en prédisant l’apocalypse au Togo s’il arrivait que Faure Gnassingbé ne parte pas en 2015. Pas de projet de société, pas d’explication scientifique sur la gestion du pays. Aucune annonce sur leur vision du pays à l’horizon 2020, 2030,2040 ou encore 2050.
On entend dire depuis 2007 que le pays a besoin de l’alternance. Soit ! Mais là où le bât blesse est que l’ANC ne nous dit jamais comment fera-t-elle pour que cette alternance ait lieu. Jean Pierre Fabre et les siens ont dû sentir que le slogan” Faure doit partir” ne suffit plus à mobiliser les foules.
D’ailleurs, le nombre des traditionnels marcheurs de Samedi qui battent les pavés de Lomé depuis les lendemains de l’élection de 2010 s’est étiolé au fil des manifestations, signe que beaucoup ne croient plus aux cris de sirènes de cette frange de l’opposition.
Cette sécheresse de stratégie pour la conquête du pouvoir au Togo fait que certains envisagent sérieusement de quitter la barque, encore que ces derniers aient le courage de le faire car au Togo, si tu n’es pas avec l’ANC, alors tu n’es pas de l’opposition. Agbéyomé Kodjo l’apprend à ses dépens aujourd’hui. Sa dernière sortie médiatique en dit long sur ses intentions.
C’est aussi cette idée de diaboliser ceux qui ne suivent pas ” bêtement” l’ANC et ses affidés qui constituent le second goulot d’étranglement pour la conquête du pouvoir par l’opposition. Au temps où les parties de l’opposition avaient le vent en poupe au début de la lutte pour l’avènement de la démocratie au Togo dans les années 90, la population avait vainement réclamé l’union de l’opposition susceptible d’apporter l’alternance.
Certains partis, et non des moindres l’ont essayé en se mettant derrière l’UFC de l’époque. Par deux fois, 1998, 2003 et dans une moindre mesure 2005, cette formation politique n’a pas su capitaliser la confiance et les espoirs placés en lui.
Apparemment, les responsables de l’ANC ne tirent pas les leçons du passé et continuent de se comporter exactement comme il y a 20 ans. Mais ils ont oublié qu’en 20 ans, beaucoup d’eau ont coulé sous le pont de la scène politique togolaise et les uns et les autres ne sont plus aptes à accepter leur coup de boutoirs et désidérata. Les récentes prises de positions de la coalition ”Arc en ciel” pendant les législatives de Juillet 2013 confirment que le rêve du peuple togolais de voir son candidat unique de l’opposition pour 2015 est pour le moment un vœu pieu. Peut- être qu’un sursaut d’orgueil de dernière minute les ramènerait à la raison.
FAURE GNASSINGBE PEUT MIEUX FAIRE.
Nous l’avions souligné plus haut, quelque chose a bougé au Togo depuis l’avènement du fils GNASSINGBE. Il faut être atteint d’une myopie intellectuelle pour ne pas le reconnaître. Cependant, d’importants chantiers et non des moindres restent terminer ou à ouvrir. Nous n’en prenons que deux.
Le premier et le plus urgent, c’est celui de l’impunité. L’un des reproches que l’on fait à Faure Gnassingbé c’est de ne pas sanctionner ses proches et les fonctionnaires indélicats. Ce qui est difficile à avaler pour les honnêtes citoyens, c’est son incapacité à sanctionner ces indélicatesses surtout avec ceux qui jouent au loto avec l’argent du contribuable togolais. Lui-même l’avait souligné qu’une poignée d’individu s’accapare des richesses du pays. Alors qu’attend-il pour y remédier, se demande le togolais lambda de sud, nord est et ouest du pays ? Le Président de la République doit cesser de servir de caution aux ministres, aux Directeurs Généraux et aux vautours de la pire espèce qui planent dans son sillage et qui se réclament de lui.
En la matière, il faut que le Chef de l’Etat soit courageux. C’est le peuple qui lui a donné le pouvoir et il devrait s’en prévaloir pour agir fermement contre ces togolais entièrement à part. Avant 2015, un nettoyage des écuries s’impose. Ceux qui se sont rendus coupable d’actes indélicats envers la république devraient être démasqués et traduits devant les tribunaux. Ce serait un signal fort que Faure Gnassingbé lancerait à l’endroit de ses futurs électeurs et de la population togolaise toute entière.
Le deuxième chantier à parfaire, c’est celui du respect des droits humains. Le dernier rapport du Haut-commissariat au Droit de l’homme (H.C.D.H.) est encore vivace dans les mémoires. ”En dépit de diverses avancées et des réformes engagées par les autorités, il est nécessaire de renforcer le respect des droits de l’homme dans l’administration de la justice au Togo et d’améliorer son fonctionnement”, a indiqué le rapport. Certes, les dénonciations de tortures et des actes inhumains infligés aux citoyens dans les locaux des commissariats, des Gendarmerie et de la tristement célèbre Agence Nationale du Renseignement(ANR) ont baissé depuis quelques mois. Mais il n’en demeure pas moins que ce chantier doit être pris à bras le corps par le chef de l’Etat pour gommer cette image de pourfendeur des droits de l’homme qui lui colle à la peau depuis belle lurette.
Ali SAMBA