Jean-Pierre Fabre doit être bien triste en ce moment. La démonstration magistrale faite par le ministre Christian Trimua, en lien avec les adressages de rues dans les communes du Grand Lomé, a montré les limites des velléités du maire de la commune Golfe 4.
Nous n’irons pas jusqu’à parler d’incompétence en la matière de la part de tout le Conseil municipal de la commune, qui a soutenu Jean-Pierre Fabre dans sa folle envie de réécrire l’histoire de sa commune.
On se demande bien : qu’est-ce qu’il y a d’urgent pour les habitants de sa commune à voir changer des noms de rues, d’avenues et de boulevards, alors que ces derniers sont assaillis par de nombreux problèmes que Jean Pierre Fabre et son Conseil municipal peinent à résoudre !
Visitez le quartier de Nyékonakpoé, Kodjoviakopé, Amoutiévé, etc., en ces temps de pluies et vous verrez dans quelles galères se retrouvent les habitants. Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, le confrère L’ALTERNATIVE avait eu maille à partir avec le Golfe 4, parce que les habitants l’ont sollicité sur un sujet d’intérêt public. On a vu l’acharnement avec lequel ils se sont rués sur le confrère, le traitant de tous les noms d’oiseaux. Il y a donc de sérieux problèmes à résoudre dans cette commune, que de s’arcbouter sur le changement de noms de rues, qui n’ajoute en rien au confort ou au bien-être de la population de la commune. D’ailleurs, beaucoup ont compris que Fabre s’en sert juste pour enfumer ses administrés et masquer l’incapacité à diriger une si petite commune. Car en réalité, c’est de cela qu’il s’agit, et cet épisode sur l’adressage des rues le prouve si bien.
Le gouvernement a bien fait de repréciser les choses, d’autant que le crédit qu’il accordait à Jean-Pierre Fabre, et à ses amis de l’ANC, quant à la gestion administrative de la chose publique, faisait défaut et pourrait induire des conséquences incalculables à l’avenir. « L’adressage des voies et places est une compétence partagée entre l’Etat et les collectivités territoriales, conformément aux dispositions de la loi n° 2007-011 du 13 mars 2007, relative à la décentralisation et aux libertés locales », relève un décret pris en Conseil des ministres.
Au Gouvernement, on fait savoir que le décret a été élaboré en vue de définir la procédure à suivre pour l’exécution de cette compétence partagée, tout en définissant les voies et places susceptibles de faire l’objet d’adressage et en précisant les modalités techniques d’un adressage harmonieux.
Christian Trimua apporte des précisions : « Quand on dit adressage de rue, il ne s’agit pas seulement de mettre une plaque au coin d’une rue avec un nom. C’est tout un processus. Je vous donne un exemple. Si vous changez le nom d’une rue, vous changez la situation géographique et la localisation de tous les titres fonciers qui y sont inscrits sur cette rue. Tous les propriétaires, qui ont des terrains, qui ont des maisons se voient impacter. Les collectivités locales n’ont pas aujourd’hui la maîtrise du cadastre.
C’est l’Etat qui a le cadastre. Si une collectivité locale veut adresser une rue, elle est nécessairement obligée d’associer, à sa démarche, au minimum, le cadastre, de sorte à voir l’impact que le nouveau nom va avoir sur les titres fonciers qui existent déjà. Ensuite il y a tous les autres services. (…) il est donc nécessaire qu’un comité soit mis en place et qu’il puisse regarder l’opportunité de changer de nom ou de donner un nouveau nom à une rue. Qu’il puisse voir les implications sur les propriétés existantes, les services qui sont en place. Et c’est à la suite du processus où chaque acteur définit le rôle qu’il va jouer pour pouvoir arriver aux changements de nom, que finalement, on va arriver à poser la plaque au coin de la rue ».
Le ministre Trimua fait savoir également que toutes les rues, dans une commune n’appartiennent pas à la commune. Il y en a qui relèvent du Conseil municipal, de la région, par exemple, et de l’Etat. Un boulevard important dans une capitale relève de l’Etat. Une rue qui passe par plusieurs collectivités locales ne concerne pas une seule. Elle ne peut pas décider toute seule de pouvoir changer le nom. Voilà qui est clair. On pensait que Jean-Pierre Fabre et son Conseil municipal possédaient tout ce savoir. Apparemment, il leur manquait quelques repères que le Gouvernement vient de leur rappeler.
Cependant, il apparaît curieux que sur le sujet, les grands juristes et autres cadres de l’ANC ne soient au courant de tout ce qui vient d’être dit par le ministre. Nous sommes tous des Togolais et nous ne nous connaissons que trop bien. A travers ces galimatias sur l’adressage des rues et le changement de noms de rues, l’ANC croit pouvoir s’attirer la sympathie des populations de la commune et se redonner une certaine popularité, qu’elle peine à retrouver après la débâcle présidentielle de 2022. Heureusement que ces subterfuges ne trompent personne. Le gouvernement a pris ses responsabilités.
Il en est de même pour la gestion des marchés confiée à l’EPAM. Avec la révision de la loi sur le district autonome de Lomé, le gouvernement a eu l’occasion de régler la question de coordination de certaines activités, exécutées dans le cadre des compétences, exercées par les 13 communes en vue de s’assurer de la même qualité d’exécution des tâches, en particulier, celle relative à la salubrité dans l’ensemble de la capitale. Cette coordination devra permettre au DAGL, de soumettre des propositions pour l’observation de même rigueur dans l’exécution desdites tâches et pour la rationalisation des investissements publics, exécutés par des collectivités territoriales dans le Grand Lomé.
Enfin, les compétences du district autonome du grand Lomé, sont également étendues à plusieurs domaines nouveaux, notamment au soutien aux politiques d’égalité et d’harmonisation du développement de l’ensemble du territoire du district autonome.
Avec ces clarifications du gouvernement, on espère avoir la paix, mais vraiment la paix de penser au développement du pays, en ces temps de crises où le Togo cherche à s’affirmer dans bien de domaines pour son émergence. Les gamineries du genre ” je débaptise et rebaptise des rues” peuvent attendre. Le peuple togolais a d’autres chats bien plus importants à fouetter.
Ali SAMBA