” Tourisme et développement communautaire ” est le thème choisi par l’OMT pour la célébration de la JMT 2014 en vue de souligner les diverses possibilités qu’offrent l’exploitation et la pratique du tourisme aux communautés du monde entier ainsi que le rôle que ces communautés doivent continuer de jouer pour le développement durable du tourisme.
La diversité des attraits touristiques du Togo amène les touristes à choisir notre pays pour découvrir ses sites et ses paysages, rencontrer la population et connaître ses us et coutumes. En 2012, le pays a accueilli 298 000 touristes dans les hôtels pour des recettes évaluées à 27,5 milliards de francs CFA. En 2013, 345.043 touristes ont visité le Togo et ont généré des recettes d’environ 34 milliards de francs CFA ; le sous-secteur hôtelier a créé environ 4500 emplois.
Pour 2014, les acteurs du secteur attendent 400.000 visiteurs. Quand on sait qu’un touriste dépense en moyenne 100.000 FCFA par jour, on imagine déjà ce qu’un tel secteur peut apporter à l’économie nationale si les autorités se décident à lui accorder un peu d’intérêt. Selon des propositions de tarif de séjour des Agences de Voyages de la place, le tarif moyen est de 1400 euros pour un séjour de 8 jours.
Le secteur a connu ses années de gloire dans les décennies 1970 et 1980. La crise sociopolitique de 1990 a marqué un coup d’arrêt à l’évolution du secteur. Il a repris sa croissance dans les années 2000 avec des arrivées chiffrées à 190.000 visiteurs et des recettes estimées à 18 milliards de francs CFA.
Au-delà des chiffres…
La portée économique et socioculturelle du tourisme devrait également être évaluée à travers les activités génératrices d’emplois et de revenus au niveau des communautés, notamment sur les sites touristiques.
En effet, la pratique du tourisme crée des opportunités d’activités dans l’hébergement chez l’habitant, la restauration à la cuisine locale, la fourniture des denrées agro-pastorales, l’artisanat, le transport, les postes et télécommunications, le guidage et l’animation culturelle et folklorique, etc.
Il est indéniable que les chantiers à réhabiliter sont nombreux et énormes pour le gouvernement. Mais il faut se pencher sur le secteur du tourisme qui est un pourvoyeur de devises pour le Togo qui dispose plus de sites touristiques que certains pays de la sous régions dont les destinations sont prisées. Le tourisme doit cesser d’être le parent pauvre des préoccupations des dirigeants de ce pays.
Les chiffres de la Direction du Tourisme indiquent qu’entre 2003 et 2012, la part des investissements publics consacrés au tourisme n’a pas dépassé 0,5% du total des investissements de l’Etat, alors que le budget du Ministère du Tourisme a représenté seulement 0,05% du Budget général de l’Etat pendant la même période. Une goutte d’eau dans la mer. Les estimations de l’UEMOA relève que le tourisme contribue à 2% du PIB dans l’économie du Togo.
” Notre pays a décidé de se détourner de cette activité. La preuve, nous n’avons pas de ministère du tourisme. J’ai décidé d’investir depuis deux ans dans cette activité. Même si les retombées sont faibles pour le moment, je reste persuadé que c’est l’un des secteurs clés d’une vraie reprise économique, par la capacité que dispose le tourisme de fournir des emplois” a dit Gerry Taama, le Président du NET qui s’investit dans le tourisme.
Un tourisme citoyen et de développement
Il est tout à fait normal que les populations d’accueil tirent profit de l’activité touristique qui offre elle-même beaucoup d’opportunités de création de micro et petites entreprises dans les communautés locales. Il s’agit de la production et de la vente d’objets souvenirs, de l’amélioration et de la promotion de la cuisine locale, de la fourniture aux restaurants des produits maraîchers, de produits de la pêche et de l’élevage et de l’animation culturelle…
Ces prestations sont très valorisantes pour les populations d’accueil et l’impression qu’elles laissent dans le subconscient du touriste est l’image d’une destination à revisiter à cause de la qualité de l’accueil ou de la gentillesse de la population.
Beaucoup de touristes recherchent aujourd’hui l’originalité et l’authenticité dans leur voyage et séjours. Ils s’intéressent de plus en plus à des produits authentiques et à des prestations de qualité des populations d’accueil. Les occasions de ce genre doivent être saisies par les populations d’accueil pour valoriser leur patrimoine et leur savoir-faire traditionnel de façon à instaurer des relations plus dignes qui inspirent le respect et la considération de leur personnalité.
Une meilleure organisation du secteur
L’implication effective de la population dans l’exploitation touristique fait l’objet de réflexions. Sur nos sites, la présence des populations et surtout des jeunes est plus que visible. Ils sont souvent regroupés en association pour la protection de l’environnement et l’animation culturelle.
Certaines de ces associations organisent des camps chantiers de reboisement ou des travaux communautaires qu’ils animent dans nos villages et campagnes en collaboration avec des volontaires d’associations sœurs d’Europe principalement.
On constate de plus en plus que ces activités se généralisent surtout pendant les vacances scolaires au cours desquelles des associations mutent de façon informelle en ” des opérateurs touristiques occasionnels ” et offrent des prestations rémunératrices en hébergement, en restauration et en guidage. Ces activités lucratives que mènent les associations sont contraires à leurs statuts et comportent des déviances et des risques pour elles-mêmes et aussi pour les visiteurs.
Si les autorités chargées du tourisme apprécient à sa juste valeur les activités bénévoles des associations dans les domaines de la protection et de l’entretien du patrimoine touristique (sites et attraits culturels), elles désapprouvent cependant l’exercice des professions touristiques à but lucratif par certaines de ces associations qui plus est, n’ont pas la compétence nécessaire en la matière.
” Ces actes sont de nature à provoquer, voire encourager une concurrence déloyale envers les agences de voyages et de tourisme et envers les hôteliers qui sont pour leur part astreints au paiement d’impôts, d’assurance et de taxes de nature diverse” indique-t-on . Selon les professionnels du tourisme, ces actions provoquent également le harcèlement des visiteurs pour qu’ils payent des droits d’entrée sur les sites ou des prestations de guidage qu’on leur impose. Des séances de sensibilisation ont été faites contre ces pratiques qui déteignent sur l’image de notre pays et sur la qualité de l’accueil, mais la situation tarde à se corriger.
La mise en œuvre du plan directeur du tourisme
Cette problématique a été abordée dans le Plan Directeur d’Aménagement et de Développement du Tourisme que notre département a élaboré avec l’appui technique et financier de l’OMT et du PNUD. L’implication des communautés dans la gestion et l’exploitation des sites touristiques et des activités génératrices de revenus a été clairement traitée dans le document dont la mise en œuvre devra apporter des solutions appropriées à la gouvernance du secteur par tous les acteurs.
Cet objectif est bien réalisable car le secteur du tourisme essaie, dans la mesure du possible, de satisfaire au mieux les besoins des populations d’accueil. En effet, le tourisme est un secteur qui fournit un large éventail d’emplois dans plusieurs domaines d’activités génératrices de revenus tels que l’artisanat, l’agriculture, l’élevage, le commerce, les transports, l’hébergement chez l’habitant, la restauration, le guidage, etc. mais il intervient également dans l’aménagement de l’espace, dans la viabilisation des sites et dans la construction d’infrastructures de tous genres qui profitent à tous.
Ainsi, le thème ” Tourisme et développement communautaire ” choisi cette année pour la célébration de la Journée Mondiale du Tourisme nous interpelle tous et nous renvoie à mener des réflexions poussées sur la problématique de la contribution du tourisme au développement communautaire et à la promotion sociale et économique des populations.
Koudjoukabalo