.Est-ce un volte-face ou un simple calcul politique ?
Comme il est de coutume, chaque début d’année, l’on présente ses vœux à ses proches. Cette tradition semble s’emparer du cœur de certains hommes politiques togolais. Après le parti UNIR qui a présenté ses vœux aux médias le 27 décembre dernier, c’est le tour de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS), parti de l’opposition, de convier, le 1er février dernier à son siège à Lomé, la famille des professionnels des médias à un petit déjeuner de presse. Occasion pour Agbéyomé Kodjo et son parti de présenter leurs…vœux et leur nouvelle approche politique à l’ensemble des Togolais. En proposant une refondation de la démarche de l’opposition, Kodjo Agbéyomé tourne ainsi le dos au Collectif Sauvons le Togo (CST) dont les méthodes sont bien connues et les principaux leaders ont le mot ‘’changement’’ sur leurs lèvres mais ne sont pas aptes à opérer le changement au sein de leurs partis respectifs.
« L’année 2013 fut tout autant éprouvante pour le peuple togolais, les leaders politiques que pour votre profession. Nous souhaitons que 2014 soit lumineuse à tous égards pour nous tous, et surtout pour nos populations dont l’horizon ne cesse de s’obstruer dans un quotidien structuré par l’angoisse et le déchirement face à la multitude de défis à relever pour survivre. » C’est par ces mots que le leader de l’OBUTS a débuté son allocution d’un ton rassurant, la mine serrée, les yeux rivés sur son auditoire.
Dressant le tableau de la situation politique avec beaucoup de regrets face aux nombreuses déceptions, Agbéyomé Kodjo confesse à la presse qu’il est temps, après 24 ans de lutte politique stérile, « de tirer les enseignements utiles » et de repenser la stratégie d’approche. Aux pouvoir, le leader de OBUTS lance un appel solennel afin « d’œuvrer dans le sens de l’apaisement social préalable indispensable pour la réconciliation nationale car sans elle, l’émergence d’une société de confiance, de justice sociale et de prospérité partagées par tous serait vaine », souligne Agbéyomé Kodjo.
A ses camarades de lutte, le leader de OBUTS demande de taire leurs rancœurs et d’accorder leurs violons afin de « réclamer ici et maintenant un dialogue franc et sincère qui devra déboucher sur un quadruple enjeu politique, notamment l’enjeu d’apaisement social, celui des reformes politiques et institutionnelles sans compter les enjeux électoraux ».
Pour ce faire, M. Kodjo, tout en demandant à ses pairs de l’opposition de lui emboîter le pas, inscrit son parti dans une « réorientation stratégique et tactique de son action politique ». Ceci afin d’oublier les nombreux échecs des 24 années de lutte et de déboucher alors sur « le changement démocratique au Togo ». Cette réorganisation stratégique et tactique, selon ORUTS, ne peut « prendre forme qu’à travers un format politique simple et cohérent accessible à toutes les filles et tous les fils du Togo tout entier ». « Cette nouvelle action politique proposée par le parti OBUTS, repose sur quatre axes principaux », à savoir : le cœur ouvert, la confiance, la solidarité partagée et la prospérité partagée par tous.
Agbéyomé Kodjo balaye du revers de la main les accusations d’Abass Kaboua
La dernière sortie sur une radio de la place de Kaboua Abass, leader du Mouvement Républicain Centriste (MRC), accusant Agbéyomé Kodjo d’être derrière les incendies des grands marchés de Lomé et de Kara, n’a pas laissé indifférent le leader de l’OBUTS.
A ces accusations, Agbéyomé Kodjo répond : « Abass Kaboua sait de quelle manière j’ai impacté positivement sa vie. Je ne sais pas quel problème ce monsieur a. Ce qui est certain, c’est qu’il en a un ; mais en ce qui me concerne sur ce dossier dont il dit en savoir beaucoup, moi je le laisse avec sa conscience et son Dieu. »
Mais la question que certains observateurs se posent est de savoir ce qui s’est entre temps passé pour que ceux qui ont élaboré, publié et défendu un rapport alléguant que ce sont des personnalités proches du pouvoir qui sont les auteurs des incendies, en viennent à se dénoncer dans le même dossier.
Dans cette atmosphère devenue insupportable au sein du CST, Agbéyomé Kodjo a jugé bon de prendre ses responsabilités et de se projeter sur son futur politique.
Après la débâcle de l’opposition, notamment du CST aux dernières élections législatives, surtout la déception de OBUTS de ne pas se voir attribuer au moins un des 19 sièges gagnés par ce regroupement politique, et au regard des tensions déjà existantes, Kodjo Agbéyomé s’était muré dans un silence lourd, pour donner la chance à leur union factice. Mais c’était trop lui demander après tant d’injustices dans le partage d’un butin gagné collégialement. Une erreur que Kodjo n’est pas prêt de voir se répéter en 2015.
A quelques mois du grand rendez-vous électoral de 2015, il est important pour les ‘’présidentiables’’ de commencer déjà par baliser le chemin. C’est justement à ce jeu que se prête Kodjo Agbéyomé en jetant un pavé dans le jardin du CST, soutenant publiquement l’Appel des Patriotes de Fulbert Attisso.
JPB