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8 septembre 2024
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TOGO-BENIN-JUSTICE-KIDNAPPING : Trois Mousquetaires Béninois recherchés par la Justice Togolaise

Le kidnapping de l’activiste politique et chroniqueur, Steve Amoussou  soupçonné d’être ” Frère Hounvi “, dans la nuit du lundi 12 aout 2024 à Adidogomé, continue de soulever la poussière, même dans une rivière. Que ce soit au Togo comme au Bénin, moult voix se sont élevées pour condamner cette arrestation à l’allure d’un véritable kidnapping par des ” éléments incontrôlés ” à priori et à bord d’un véhicule d’immatriculation béninoise. Ramené à Cotonou, Steve Amoussou fait l’objet actuellement de procédures judiciaires et est placé sous mandat de dépôt à la Prison civile de Missérété, après avoir passé des heures à la Brigade économique et financière (BEF).

Si la pilule du kidnapping fut amère pour la classe politique et la société civile béninoises, il faut avouer qu’elle l’est également au Togo. Dans la foulée de l’arrestation du sieur Steve Amoussou, l’opinion togolaise s’en était indignée. Des organisations de la société civile togolaise avaient même réagi à travers une déclaration demandant, non seulement la relaxe pour l’activiste béninois, mais surtout la lumière sur ce kidnapping qui interroge assez de consciences.

La seule question sur toutes les lèvres était de savoir comment des ” éléments incontrôlés ” ont pu aisément procéder à cet enlèvement des temps de la préhistoire à Lomé, sans éveiller l’attention des services policiers et de renseignements togolais ? Serait-ce avec leurs collaborations que les éléments béninois avaient kidnappé ? Autant de questions qui aujourd’hui semblent trouver des réponses par la sortie médiatique du Procureur de la République du Togo, monsieur Mawama Talaka, à travers un communiqué lu à la Télévision nationale.

Dans ce riche communiqué en informations, d’emblée toute âme bien forgée peut assimiler aisément que le Togo ou ses services de renseignements n’ont pas participé à ce kidnapping du sieur Steve Amoussou. L’on ne saurait donc parler d’intelligence entre les services béninois et togolais. Il s’est agi plutôt d’œuvre ” d’éléments incontrôlés “, sûrement missionnés par des mains invisibles, et en complicité avec d’autres personnes à Lomé, pour neutraliser à jamais l’activiste politique, devenu une épine dans les chaussures du régime de monsieur Patrice Talon.

Trois mousquetaires identifiés et recherchés par la justice togolaise

Selon le communiqué du Procureur de la République, retraçant le film de l’enlèvement du sieur Steve Amoussou à Lomé, alors qu’il était sorti pour une course, par ” quatre individus ” dans un véhicule d’immatriculation béninoise, ” les autorités policières togolaises ayant été avisées, ont aussitôt lancé des recherches qui n’ont pas permis de retrouver les ravisseurs et leur victime “.  Et afin de comprendre les circonstances exactes de cet acte, ” une enquête judicaire conduite, par le Service Central de Recherche et d’Investigation criminelle (SCRIC) a été ouverte “.

Des premiers éléments issus de cette enquête ” il est apparu que l’acte dont il s’agit a été l’œuvre de quatre personnes de nationalité béninoise, aidées par deux personnes, dont l’une de nationalité béninoise et l’autre de nationalité togolaise “.

Selon toujours le Communiqué du Procureur de la République, aujourd’hui, sur les quatre acteurs principaux de nationalité béninoise, trois ont été identifiés ainsi comme suit : Gandawo Djimi, athlète des arts martiaux, Ouanilo Medegan, directeur général de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information et athlète de MMA, Gbaguidi Todedokpo Juan Géraud alias Jojo, membre actif du staff et manager de l’artiste béninois Vano Beby.

Ainsi donc les trois mousquetaires identifiés sont activement recherchés par la justice togolaise à travers les services d’Interpol. Tandis que leurs complices au Togo ont été vite appréhendés, interrogés et incarcérés pour les besoins de l’enquête. Il s’agit de la dame Klebo Temitokpoe Priscilla, de nationalité béninoise, esthéticienne établie à Lomé et de Télé Seption, étudiant de nationalité togolaise travaillant occasionnellement comme conducteur de moto-taxi à Lomé.

Il faut tout de même préciser que dame Klebo Temitokpoe Priscilla, selon le communiqué du Procureur de la République, a été ” chargée d’œuvrer à l’identification de l’appartement qu’occupait la victime (Steve Amoussou) et de l’attirer vers les ravisseurs “. Pour ce qui concerne Télé Seption, l’étudiant et zedman togolais, son rôle consistait à ” assurer, en toute connaissance de cause, le service de transport de l’un des acteurs de l’enlèvement le dimanche 11 et le lundi 12 aout 2024 “. Les deux complices arrêtés, interpellés dès les premières heures de l’enquête, ont été donc présentés à justice qui, après procédures, les a placés sous mandat de dépôt.

Pour rappel, l’arrestation quelques jours après le rapt du sieur Télé Seption, et la perquisition de son lieu d’habitation “, a conduit à la découverte d’une paire de menottes qu’il dit appartenir aux ravisseurs “.

Des faits commis sur le territoire togolais

Nous référant toujours au Communiqué du Procureur de la République, lu à la Télévision nationale, ces faits commis sur le territoire togolais, en violation flagrante du droit international et des règles en matière de coopération pénale internationale “, s’analysent en l’incrimination, dont les membres aux séquestrations au sens des articles 283 et 284 du nouveau code pénal “. Et c’est cela donc qui a justifié et commandé l’enquête judiciaire à l’issue de laquelle dame Klebo Temitokpe Priscilla et Télé Seption ont été présentés au Parquet de Grande Instance de Lomé le 23 aout 2024.

L’enquête préliminaire et l’interrogatoire des deux suspects au Parquet ont mis en évidence des éléments à charges quant à leur concours à la commission des faits susvisés. La résultante fut donc l’ouverture d’une information judiciaire à leur encontre pour fait d’enlèvement et complicité d’enlèvement, suivie de leurs inculpations de complicité de cette infraction par un Juge d’instruction et mis sous mandat de dépôt.

Steve Amoussou

De graves chefs d’accusation contre Steve Amoussou

De nos informations, les accusations portées contre le cyberactiviste sont d’une extrême gravité.  Présenté à la Cour de Répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) le mardi 20 août dernier, il est reproché principalement à Steve Amoussou le harcèlement par voie électronique, l’incitation à la publication de fausses nouvelles et la provocation directe à la rébellion.

Ces accusations ont conduit le procureur spécial de la CRIET à le placer sous mandat de dépôt à la Prison civile de Missérété, une décision qui n’a pas surpris son avocat, Me Victorien Fadé.

“Avec le battage médiatique et toutes les mesures policières prises autour de la CRIET, je ne doutais pas un seul instant que M. Amoussou serait placé sous mandat de dépôt. L’audience est prévue pour le 7 octobre 2024”, a déclaré Me Victorien Fadé.

L’opposition béninoise se mobilise

Dès l’annonce de l’enlèvement du chroniqueur et activiste politique béninois Steve Amoussou, ce dernier a reçu le soutien de certains partis et mouvements de l’opposition, notamment les partis ” Les Démocrates ” (Ld), le Mouvement populaire de libération (Mpl), la Nouvelle force nationale (Nfn) et Daniel Edah du ” Mouvement Nous le ferons “.

Ce soutien lui a été exprimé lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée le dimanche 18 août 2024 à Cotonou.

Au siège du parti ”Les Démocrates”, ces formations politiques de l’opposition ont exprimé leur soutien à Steve Amoussou. Ils ont invité le peuple à se mobiliser à la Criet, lundi 19 août 2024 pour le soutenir lors de sa comparution.

” Que le peuple béninois, comme un seul homme, se mobilise pour condamner son kidnapping, exiger sa libération immédiate, sans condition et le respect de ses droits humains “, recommandent ces partis. Certains de nos compatriotes, qui considèrent les opposants comme leurs ennemis irréductibles, s’offusquent de l’émoi suscité au sein de la population par le kidnapping. L’indignation généralisée provoquée par ce rapt indigne n’a surpris et contrarié que ceux dont les intérêts sont en opposition avec ceux de notre vaillant peuple”, a expliqué Guy Mitokpè, porte-parole des partis politiques de l’opposition.

Un kidnapping qui pose un sérieux problème entre le Bénin et le Togo

Aujourd’hui, toute conscience bien forgée, et à la lumière du communiqué du Procureur de la République Togolaise et des actes diligentés, doit reconnaitre sans sourciller que le Togo n’est pas mêlé à cet enlèvement de grandeur nature. Le Togo est également une victime dans cette affaire. Le commun des mortels peut également insinuer que le Bénin a abusé du Togo, en violant allègrement les procédures en vigueur selon le droit international et des règles en matière de coopération pénale internationale.

Le bon sens aurait voulu que les services de renseignements béninois s’adressent à leurs homologues du Togo dans les règles de l’art en vue d’une possible interpellation du sieur Steve Amoussou et son éventuelle extradition par les soins des services d’Interpol vers le Bénin si les faits sont établis et jugés comme tels.

Pour preuve, nous évoquerons l’arrestation dans un quartier de Lomé le lundi 31 mai 2018 de l’homme d’affaires béninois Kikissagbé Godonou Bernard, alias KGB, et extradé le 16 juillet de la même année au Bénin, dans les règles de l’art, pour répondre des faits qui lui sont reprochés. Pourquoi donc les services de police béninois n’ont plus procédé ainsi? Et là où le bât blesse encore, c’est la nature même de cet enlèvement opéré par quatre individus ou éléments incontrôlés, dont aujourd’hui trois mousquetaires sont clairement identifiés et recherchés par la justice togolaise. Pour rappel, il s’agit bien sûr des sieurs Gandawo Djimi, Gbaguidi Todedokpo Juan Géraud alias Jojo et surtout Ouanilo Medegan, directeur général de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, un service qui serait rattaché à la Présidence béninoise, selon nos informations.

Quelle mouche aurait piqué ces trois mousquetaires pour exécuter une telle mission tels des bandits de grands chemins, surtout que les informations renseignent qu’une fois sur le territoire béninois, un agent de l’ex-OCRC (Office Central de répression contre la Cybercriminalité) aurait rejoint l’équipe des ravisseurs menottant l’activiste politique Steve Amoussou qui s’est retrouvé, par magie, dans les locaux de la Brigade économique et financière (BEF) à Cotonou. Trois interrogations méritent d’être à ce stade posées : les kidnappeurs auraient-ils agi sur les ordres de la BEF ou des services de polices béninois ? Les Ravisseurs seraient-ils des commandos d’exécution de la BEF ou d’une quelconque entité au Bénin ? Avec l’implication de Wanilo Medegan le directeur général de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, rattachée à la Présidence béninoise, est-ce à établir les implications et les responsabilités des plus hautes autorités béninoises de l’heure dans cet enlèvement ?

En imaginant ou en cherchant des réponses à ces questionnements, l’horizon apparaitrait assez clair pour ceux et celles qui savent bien lire entre les lignes. Sinon comment croire exclusivement à un acte isolé de ravisseurs ou d’éléments incontrôlés si on sait d’après nos informations que le chroniqueur béninois fut conduit dans les locaux de la BEF à Cotonou ?

Crédo TETTEH

 

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