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28 mars 2024

La corruption en question !

Une situation de corruption.
Une situation de corruption.

Qu’est-ce que la corruption ?

Étymologie : du verbe corrompre, venant du latin ” corrumpere “, briser complètement, détériorer, physiquement ou moralement, la corruption est l’utilisation abusive d’un pouvoir reçu par délégation à des fins privées comme l’enrichissement personnel ou d’un tiers (famille, ami…). Elle consiste, pour un agent public, un élu, un médecin, un arbitre sportif, un salarié d’entreprise privée…, de s’abstenir de faire, de faciliter quelque chose, du fait de sa fonction, en échange d’une promesse, d’un cadeau, d’une somme d’argent, d’avantages divers, etc.
Selon Transparency International, ” la corruption consiste en l’abus d’un pouvoir reçu en délégation à des fins privées “.
Cette définition permet d’isoler trois éléments constitutifs de la corruption :
– l’abus de pouvoir : usage mauvais, excessif ou injuste
– à des fins privées (donc ne profitant pas nécessairement à la personne abusant du pouvoir, mais incluant aussi bien les membres de sa proche famille ou ses amis) ;
– un pouvoir que l’on a reçu en délégation (qui peut donc émaner du secteur privé comme du secteur public) d’un pouvoir que vous donne un poste.
Tranparency utilise également cette définition : ” abus de pouvoir à finalité d’enrichissement personnel “. L’est ainsi que l’économiste Robert Klitgaard  a posé l’équation schématique suivante en ce qui concerne la corruption : Corruption = Monopole + Pouvoir – Transparence

Qui est concerné par ce fléau ?
Tout le monde, tous les secteurs de l’économie, le public, le privé même la société civile.
La corruption ne concerne pas que les élites politiques, administratives et économiques. Aujourd’hui la plupart des fonctionnaires qui s’adonnent à cette pratique sont de rang modeste.
C’est le gardien de prison qui facilite les contacts des détenus avec l’extérieur, le fonctionnaire de la préfecture ou de la mairie, l’agent de police. Il s’agit alors de petites sommes qui évoluent avec le niveau de vie de ses personnes, sans commune mesure avec celles que mettent en jeu les détournements d’attribution de marchés publics.
Le fonctionnaire corrompu considère sa fonction comme un patrimoine dont il use à sa guise, les règles publiques comme des instruments de chantage. Il est plus difficile de prouver la corruption dès lors qu’il n’y a pas d’échanges monétaires directs, ce qui est le cas dans les affaires de corruption de haut vol.

Quels sont les domaines les plus touchés par ce fléau au Togo ?
Au premier plan les services administratifs qui mettent en jeu la délivrance des documents administratifs, qui font rentrer des fonds dans les caisses d’Etat comme le recouvrement des taxes et impôts afin de mobiliser des ressources pour financer les services publics. La raison c’est que c’est pour nous tous et donc pour personne.
Ensuite les institutions privées ou publiques chargées d’octroyer des marchés publics au secteur privé pour la réalisation des ouvrages publics ou collectifs
Il y a aussi les services qui sont appelés à sanctionner les actes commis par les citoyens.

Peut-on avoir une idée de la situation de la corruption au Togo?
Au Togo, la ligue des indépendants pour la transparence avait noté déjà en 2005 dans un rapport que la corruption au Togo relève qu’avec le niveau de vie très bas de la population, chacun développe à son niveau des stratégies de survie qui débouche souvent à des dessous de table. (Selon Kauffman. D., A Kraay, et M. Matruzzi dans Governance matters IV- Governance indicators for 1996-2004) Entre 1998 et 2004, sur une échelle de -2.5 à +2.5 l’indicateur de gouvernance indiquait pour le Togo une valeur de – 0.92 en ce qui concerne le contrôle de la corruption ; ce qui dénote d’une faiblesse des mécanismes de contrôle de la corruption. Mais la tendance jusqu’alors n’est pas rose.
Sur le plan culturel, la tendance au Togo est à la banalisation du phénomène à tous les niveaux de la société même au niveau de nos enfants à l’école avec la tricherie. C’est ce qui est dangereux. On utilise souvent le proverbe ” qui travaille à l’hôtel vit de l’hôtel ” pour justifier ce fait. Mais la bonne compréhension qu’on devait donner à ce proverbe c’est qu’on doit vivre de notre travail que ce soit à l’hôtel ou au champ.
Il existe des institutions de contrôle et de lutte contre le phénomène au niveau de l’Etat, la société civile mais les pratiques continuent. D’aucuns disent que les gros morceaux ne sont pas inquiétés. Des efforts restent à faire pour véritablement enclencher une lutte efficace.
Bien qu’il existe actuellement des formules de calcul d’incidence monétaire de la corruption, on ne peut pas évaluer ici à juste titre ce que ce phénomène coûte.
Source : Le Navigateur, n°10 du 10 décembre 2014.

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