SITUATIONS POLITIQUES – DROITS DE L’HOMME : LE RÉSEAU PANAFRICAIN DÉNONCE  L’UTILISATION DE FAKES NEWS COMME INSTRUMENT DE DÉFENSE DES DROITS DE L’HOMME

 « Nous ne pouvons rester silencieuses face à une dénonciation unilatérale qui, tout en prétendant agir pour l’intérêt général, omet délibérément des faits essentiels tels que les appels à la violence, les injures publiques, les tentatives de subversion et l’usage manifeste des réseaux sociaux pour inciter à la haine ou à la destruction des symboles républicains ». C’est l’une des déclarations phare du Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme sur la situation politique actuelle togolaise.

Pour rappel, les 6, 26, 27 et 28 Juin 2025, des manifestations violentes se sont déroulées dans certains quartiers de la capitale Lomé à l’appel des bloggeurs et  influenceurs dont la plupart sont à l’étranger. Ils ont appelé au soulèvement populaire et au renversement de l’ordre établi dans le pays. Certaines organisations de la société leur ont apporté du soutien sous des prétextes fallacieux. Les autorités, pour leur part, ont pris leur responsabilité pour contenir ces velléités contestataires. Le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme, de son côté, a réagi en toute responsabilité.  C’était lors d’une conférence de presse hier  lundi à Lomé.

« Au moment où des individus mal intentionnés tentent par des messages sensationnalistes et des manœuvres émotionnelles de semer la division, la méfiance et d’attiser les tensions dans le pays, Il est du devoir les citoyens épris de paix de préserver le pays des pièges de la haine, de l’ingérence et de construire ensemble un avenir serein. Tout en reconnaissant qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, et que nul dirigeant n’est exempt de critiques, qu’il n’existe aucun système qui n’échappe aux défis, c’est dans le dialogue, dans l’écoute mutuelle et dans la confrontation respectueuse des idées que se construisent les nations solides. « Le TOGO a toujours su tirer sa force de sa capacité à préserver l’unité face aux turbulences, et nous croyons fermement qu’il est encore possible de faire entendre toutes les voix dans un cadre apaisé, sans céder aux chants dangereux de la radicalisation et de la violence », martèle le Réseau.

Le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme, après analyse de la situation sociopolitique dans notre pays depuis le 5 juin, a tenu au cours de sa sortie médiatique à dénoncer particulièrement l’utilisation des fakes news comme instrument de défense des droits de l’homme. Mais également s’est insurgé sur l’unilatéralisme de certaines autres  organisations  de défense des droits humains.

Me Bertin Amégah-Atsyon, Coordinateur général du Réseau Panafricain

Face  donc au communiqué rendu public le 30 Juin 2025 par un ensemble d’organisations se réclamant de la société civile togolaise et qui dédouanait pratiquement ceux qui ont appelé à des manifestations violentes et à l’insurrection au Togo, le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme a jugé utile et nécessaire de proposer une autre lecture, plus équilibrée, plus lucide et respectueuse des principes fondamentaux qui régissent la vie démocratique. « Il ne s’agit pas ici de défendre un pouvoir, ni de minimiser les attentes légitimes des citoyens, mais de rappeler que toute société civile doit conjuguer liberté et responsabilité, engagement et discernement », précise-t-il, rappelant que les valeurs que le réseau défend à savoir la justice, la dignité, la paix et la cohésion sociale ne peuvent être défendues efficacement en faisant preuve de silence sélectif ou de complaisance face à des actes qui, objectivement, mettent en péril l’ordre public et la stabilité du pays. « Une société civile crédible se doit d’être responsable et cohérente dans ses dénonciations sans faire le relai aveugle des campagnes de désinformation », fait-il savoir.

Pour le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme, c’est dans ces moments critiques que traverse le pays que la société civile doit faire preuve de hauteur. « Etre du côté des droits, ce n’est pas se montrer indulgent envers les dérives, c’est savoir nommer les torts où ils se trouvent. Une société civile authentique ne se laisse pas instrumentaliser. Elle élève le débat, agit avec responsabilité et veille à préserver l’équilibre entre les exigences de liberté et les impératifs de paix sociale », affirme le Réseau.  Il lance un appel à la société civile, qui ne saurait être uniforme ni capturée par une pensée unique, de rester ancrée dans le réel, soucieuse d’objectivité, de vérité et de paix. « Nous appelons donc toutes les voix citoyennes sincères à se mobiliser non pour attiser les braises des tensions, mais pour raviver les flammes du dialogue, de la justice équilibrée et de la construction nationale », déclare le Réseau.

Le Togo a déjà payé un lourd tribut en 2017

Le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme rappelle que le TOGO a déjà payé un lourd tribut à l’escalade de la violence. Les événements de Sokodé en 2017 qui, ont conduit à des actes d’une extrême barbarie, dont l’égorgement de représentants des Forces de l’Ordre, doivent servir de rappel solennel. La violence ne construit rien, elle détruit tout. Il est de la responsabilité collective de tous de veiller à ne jamais retomber dans de telles dérives. Selon le Réseau, « Le TOGO mérite une société civile qui n’alimente pas les tensions, mais les désamorce et qui ne ferme pas les yeux sur les dérapages, mais les condamne. « Nous appelons dès lors, toutes les voix citoyennes sincères à ne pas céder à la tentation de l’unanimisme ou de l’indignation automatique, mais à œuvrer pour une société apaisée, ouverte aux débats et soucieuse du bien commun », lit-on dans une déclaration rendue publique par le Réseau.

En rappel, 114 personnes avaient été interpellées dans le cadre de ces manifestations des 6, 26,27,28 Juin 2025 selon le procureur de la République. À l’issue des premières auditions, 87 d’entre elles ont été immédiatement relaxées, tandis que 27 ont été placées en détention. Sur ces 27 personnes détenues, 18 ont été condamnées à l’audience du 04 Juillet 2025 après enquêtes. Les 09 restants font l’objet d’une information judiciaire c’est-à-dire que des investigations ou des enquêtes complémentaires doivent être faites dans leurs dossiers pour plus d’amples informations. Aussi, une enquête judiciaire est ouverte contre X et elle est en cours et a pour objectif d’élucider les circonstances et les causes exactes des morts retrouvés dans les lacs et lagunes, survenues avant la période des manifestations.

Le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme rappelle que s’il est facile d’invoquer le droit à la manifestation ou à la liberté d’expression, ces droits ne sauraient justifier des comportements qui mettent en péril l’ordre public, la sécurité des personnes, des biens et la paix civile. La liberté sans cadre n’est pas une avancée démocratique, c’est une dérive potentiellement tragique. Ces droits sont garantis, mais ils ne sont, en aucun cas, absolus. Ils trouvent leur limite dans le respect des lois et des autres citoyens. Il ne saurait être question de confondre liberté et abus, démocratie et anarchie, légitime revendication et manipulation idéologique.

LA REDACTION

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