Longtemps considéré comme une fatalité dans les régions tropicales, le paludisme perd progressivement du terrain au Togo. Grâce à une combinaison d’actions ciblées, d’innovations et de mesures sociales, le pays est parvenu à faire reculer nettement la maladie en 2024.
L’incidence du paludisme est passée de 286 cas pour 1 000 habitants en 2023 à 258 cas pour 1 000 habitants en 2024. À la faveur d’une politique de santé publique rigoureuse, le Togo parvient non seulement à réduire les cas de paludisme, mais également à abaisser la mortalité hospitalière associée à cette maladie. En effet, en 2024, le taux de décès pour 100 000 habitants est descendu à 11,7 %, contre 15 % l’année précédente.
Une tendance de fond amorcée depuis plusieurs années
Entre 2015 et 2021, selon le Rapport mondial sur le paludisme publié en 2022, le Togo a réussi à réduire l’incidence de près de 40 % et la mortalité de près de 50 %. Une trajectoire encourageante, que les performances de 2024 viennent prolonger.
Au cœur de la stratégie togolaise, la protection des enfants de moins de 5 ans figure comme une priorité absolue. Ces derniers bénéficient d’une prise en charge gratuite du paludisme grave, ce qui a permis de réduire considérablement la létalité dans cette tranche d’âge particulièrement exposée. En 2017, la létalité chez les moins de cinq ans s’élevait à 4,08 %. En 2021, elle était tombée à 2,5 %.
Une prévention de masse qui porte ses fruits
Outre la gratuité des soins pour les plus jeunes, la prévention reste un pilier central de la lutte. Et sur ce terrain, l’exécutif a déployé les grands moyens. L’arme principale : les moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action (MILDA), distribuées gratuitement à travers tout le pays lors de vastes campagnes nationales.
En effet, face à un fléau sanitaire qui menace des vies et freine le développement, le Togo poursuit sa lutte déterminée contre le paludisme, en multipliant les campagnes de prévention et de protection des populations. ” Il est question d’un geste à fort impact social. Chaque moustiquaire remise à une famille est bien plus qu’un simple tissu imprégné ” admet le gouvernement. En empêchant les moustiques vecteurs du parasite de sévir au sein des habitations, ces moustiquaires contribuent directement à la baisse du nombre de cas et de décès liés au paludisme.
Un déploiement à l’échelle nationale
Depuis plusieurs années, les autorités sanitaires, en partenariat avec des organisations internationales, entreprennent des campagnes de distribution à grande échelle. Les opérations sont méticuleusement planifiées, afin d’atteindre chaque foyer, du Grand Lomé aux villages les plus enclavés des Savanes, en passant par les régions de la Kara, des Plateaux, de la Centrale et de la Maritime. Les autorités sanitaires indiquent que le nombre de moustiquaires imprégnées d’insecticide distribuées en 2024 a couvert beaucoup de foyers, les sauvant ainsi du pire.
Dans le Grand Lomé, par exemple, 119 259 moustiquaires ont été données par les agents choisis pour mener à bien l’opération. Dans la région maritime, le nombre est de 84 712. En tout, dans la région des Plateaux, ce sont 117 770 moustiquaires qui ont été remises aux populations pour se protéger des moustiques et donc de la maladie. Dans la région centrale, 61 437 moustiquaires ont été livrées aux ménages.
Les régions de la Kara et des Savanes s’en sortent respectivement avec 78 450 et 86 676 moustiquaires. Le nombre total de moustiquaires distribuées dans toutes les régions est alors de 548 304, un chiffre qui illustre bien l’engagement des pouvoirs publics à barrer la voie au paludisme, considéré comme l’une des maladies les plus mortelles au monde.
Grâce à ces efforts soutenus, le Togo enregistre une diminution progressive de l’incidence du paludisme, traduisant l’efficacité de cette politique préventive. Les indicateurs de mortalité, eux aussi, amorcent une baisse significative, en particulier chez les enfants et les femmes enceintes, cibles prioritaires de ces actions. En 2023, plus de 6,6 millions de ces moustiquaires ont été distribuées, une prouesse logistique et humaine qui a permis de renforcer considérablement la protection des ménages.
Innovation
Mais 2024 restera aussi comme l’année d’une avancée médicale majeure dans la lutte contre le paludisme au Togo. Le 28 novembre, le pays a introduit la chimioprévention chez les nourrissons, une stratégie préventive qui consiste à administrer un traitement antipaludique à faible dose en plusieurs phases.
Désormais, lors des rendez-vous de vaccination, les bébés recevront un traitement préventif en quatre doses, leur garantissant une protection continue contre le paludisme pendant les périodes de forte transmission. Cette innovation s’appuie sur une stratégie intégrée des soins de santé primaires et s’inscrit dans le Plan stratégique national 2023-2026. Aligné sur la Feuille de route gouvernementale 2025 et le Plan national de développement sanitaire, ce document de pilotage repose sur une démarche inclusive et participative. Son objectif est de réduire significativement le fardeau du paludisme d’ici à 2026 et d’améliorer durablement l’état de santé de la population. Le coût global du plan s’élève à plus de 153 milliards de francs CFA.
La Rédaction