Souvent négligées par rapport aux maladies infectieuses, les maladies non transmissibles (MNT) prennent une place centrale dans les politiques de santé publique du Togo. Hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires, cancers, maladies respiratoires chroniques, elles sont nombreuses, si silencieuses, mais représentant un défi majeur en raison de leur impact sur la population et le système de santé.
Au Togo, pour y faire face, le gouvernement déploie des stratégies de prise en charge améliorée. La progression de ces maladies s’explique par plusieurs facteurs. Ce sont entre autres l’évolution des modes de vie, avec une alimentation déséquilibrée, la sédentarité et la consommation excessive de sel, de sucre et de graisses ; l’urbanisation croissante, qui favorise la pollution et le stress ; l’usage du tabac et de l’alcool, dont les effets néfastes sont bien documentés, etc.
Le secteur de la santé, en pleine transformation, s’appesantit également sur les maladies non transmissibles. La lutte est marquée par des efforts en matière d’accès aux soins, de construction des centres de traitement et de suivi psychologique, de disponibilité du personnel prêt à tout pour faire bien se sentir les malades, de l’existence d’un plan pragmatique, etc.
Les maladies non transmissibles sont bien présentes dans le paysage sanitaire togolais. Les résultats de l’enquête STEPS de 2021 montrent que la prévalence de l’hypertension artérielle est montée de 19,6 % en 2010 à 27,4 % en 2021. La même prévalence, au niveau du diabète, est de 4,9 %, soit pratiquement le double si on la compare à celle de 2010. Par ailleurs, les cancers s’érigent en véritable problème en Afrique de l’Ouest. En 2020, plus précisément, les pays de cette zone ont enregistré 5 208 nouveaux cas, dont 3 468 décès. D’entre eux tous, le cancer du sein est le plus fréquent, représentant 16,3 % des cas.
Au Togo, des mécanismes sont actifs pour se protéger vigoureusement contre ces maladies. L’un de ces projets est la construction d’un Centre international de cancérologie de Lomé (CICL) qui se trouve à Amadahomé, dans la commune du Golfe 5. Il est l’un des plus équipés dans la sous-région. Sa mise en place répond au besoin de contrer tous les types de cancer. Le centre est alors spécialisé dans des domaines comme le dépistage et la prévention, l’imagerie, la radiothérapie, la chimiothérapie, les soins de supports…
Le cancer du col de l’utérus est l’une des maladies qui dérangent la gent féminine. Vent debout contre ce cancer, le Togo a choisi de prévenir à travers la sensibilisation et la vaccination. Le virus du papillome humain (VPH) est responsable de ce cancer.
La vaccination contre ce virus est ancrée dans la stratégie de prévention. Justement, une campagne de vaccination de masse s’est produite sur le sol en novembre 2023. Elle a ciblé 654 402 filles de 9 à 14 ans.
La lutte contre les maladies endémiques en relief
Est maladie endémique une maladie constamment présente dans une région ou une population donnée. Très souvent, la prévalence reste stable et la propagation de la maladie est assez prévisible dans le temps, surtout si rien n’est fait. Les offensives sont fréquentes au Togo, que ce soit contre le paludisme qui est la première cause de morbidité au Togo, ou qu’il s’agisse des autres pathologies. La réussite de la lutte contre ces maladies repose sur le renforcement du système de santé.
L’une des premières armes de lutte contre la maladie est sa détection. Le Togo passe beaucoup par le dépistage, un moyen sûr de préserver la santé de sa population. C’est cela qui lui permet de se rendre compte que, dans sa lutte contre les maladies endémiques, il existe plusieurs défis à relever. Par exemple, les autorités sanitaires peuvent assurer que le paludisme est la première cause d’hospitalisation chez les enfants de moins de 5 ans, représentant 8,9 % des cas en 2021.
Un autre mal férocement combattu sur l’étendue du territoire est le Virus de l’immunodéficience humaine. S’agissant du VIH/Sida, sa prévalence a baissé. Elle est précisément passée de 2,5 % en 2014 à 1,7 % en 2022, soit une réduction de 0,8 point.
Les tests fréquemment effectués par les professionnels de santé pour mieux contrer la maladie dénotent que les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes et la prévalence varie de 0,3 % dans les Savanes à 3,4 % dans le Grand Lomé.
Finies plusieurs MTN
La tuberculose, par exemple, est l’une des maladies infectieuses et contagieuses les plus chroniques. Pouvant atteindre tous les organes et caractérisée par la présence du bacille de Koch, elle fait face à une multitude de moyens de lutte au Togo. Problème de santé publique, avec 2 418 cas notifiés en 2021, son incidence a diminué grâce à la détermination des agents de santé et des programmes mis en œuvre qui comprennent la sensibilisation, le dépistage, le traitement, l’offre de médicaments, etc. Cette incidence est donc passée de 41 à 33 cas pour 100 000 habitants entre 2017 et 2021.
Par ailleurs, des succès éclatants sont à signaler au niveau des maladies tropicales négligées (MTN). En 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) distingue le Togo comme étant le premier pays au monde à parvenir à l’élimination de 4 maladies tropicales négligées. Il s’agit de la filariose lymphatique, de la trypanosomiase humaine africaine (THA), de la dracunculose et du trachome. Maintenant, le gouvernement jette son dévolu sur une mission : éliminer 4 autres maladies d’ici 2030 : l’onchocercose, encore appelée la cécité des rivières, la lèpre, le pian et la schistosomiase.
Ali Samba