Le 11 septembre 2023, le ministère des affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur a fait sa rentrée diplomatique de l’année 2023-2024.
A l’occasion, Robert Dussey, le chef de la diplomatie togolaise a rappelé les orientations stratégiques de son département, définies par le Président de la République, Faure Essozimna GNASSINGBÉ, et les principaux événements qui seront à l’agenda diplomatique du Togo, au cours de l’année diplomatique 2023-2024.
Robert DUSSEY a insisté sur l’engagement du Togo au service d’une communauté ouest-africaine pacifique, d’une Afrique moins vulnérable aux chocs, stable, forte et audible sur la scène internationale, et pour un monde plus juste et équitable. Pour lui, le Togo ne peut abandonner les pays frères qui sont en crise, en guerre et en transition politique, qui constituent des moments d’incertitudes majeures. « Les efforts de médiation et de facilitation à l’échelle de la région et du continent seront renforcés tout au long de l’année », affirme le ministre des affaires étrangères.
Il explique que la diplomatie togolaise valorise l’expertise africaine dans la recherche de solutions aux problèmes africains, et c’est la meilleure façon pour l’Afrique de limiter les ingérences extérieures qui ont contribué ces dernières années à attiser les foyers de tensions et à mettre le continent en difficulté. « Le retour de l’Afrique sur la scène internationale ne sera, à l’avantage du continent, que si l’Afrique est maître de ses propres agendas », a-t-il dit.
La cérémonie de rentrée diplomatique a été l’occasion d’une conférence inaugurale de cette rentrée diplomatique sur le thème « Les transitions démocratiques en Afrique entre rêves et réalités », développé par Kokou Koffigoh, ancien Premier ministre de transition au Togo (1991-1994). Après avoir placé le décor de la situation politique de 1960, année d’indépendance jusqu’à 1990, année des bouleversements politiques, ayant abouti à des crises dans bon nombre de pays en Afrique de l’Ouest et centrale, il a rappelé l’instauration des transitions politiques démocratiques pour succéder à ces régimes autoritaires de parti unique qui prévalaient. Faisant le bilan de ces transitions démocratiques, Kokou Koffigoh estime qu’il faut mettre à leur actif : l’ouverture à la démocratie de la plupart des pays ; la proclamation des libertés publiques ; l’existence d’une société civile ; des organes et instruments de contrôle du fonctionnement des pouvoirs en place.
Le revers de la médaille, selon Koffigoh, c’est que les transitions démocratiques n’ont pas apporté le calme et l’apaisement dans tous les pays ; la mauvaise compréhension de la démocratie, qui a entrainé des incompréhensions , des conflits inter-tribaux et des violences et des pertes en vies humaines, les partis politiques n’ont pas n’ont pas réussi à surmonter les clivages ethniques, de sorte que beaucoup de militants font le choix d’un leader , non pas en fonction de son programme, mais de sa proximité ethnique et régionale.
Se fondant sur des expériences passées, Joseph Kokou Koffigoh a relevé que, de nos jours, la conduite et l’accompagnement des transitions politiques demandent plus de réalisme, de pragmatisme et d’approches contextualisées et adaptées à la situation pratique de chaque processus de transition politique. Les nouvelles transitions doivent avoir pour objectif, de restaurer un ordre constitutionnel acceptable par tous.
La transition doit être courte et restaurer l’ordre constitutionnel par l’organisation d’élections libres et transparentes, la transition doit inclure, autant que se faire se peut, toutes les composantes de significatives de la nation au plan politique, géopolitique, professionnel, etc. Il a invité les organisations régionales, l’Union africaine et la communauté internationale à sortir des sentiers battus et des positions purement normatives, afin de se mettre en capacité de mieux accompagner les transitions politiques en cours sur le continent, notamment en Afrique de l’Ouest. Ces institutions et la communauté internationale doivent privilégier les voies et les mécanismes diplomatiques dans leurs relations avec les régimes de transition, au détriment des approches belligérantes.
Ali Samba