Aussi loin que nos souvenirs peuvent nous porter, la question de l’union de l’opposition ou de la candidature unique de l’opposition pour les échéances électorales au Togo n’ont été que de vœux pieux. Le peuple en demande, les partis politiques n’en veulent pas. Et pourtant, ces formations politiques disent parler au nom du peuple. Et c’est comme ça depuis bientôt 25 ans...
A écouter les acteurs politiques de l’opposition ces dernières semaines, la question de l’union de l’opposition ou celle de la candidature unique de l’opposition demeure un sujet important qu’il faille se pencher sérieusement là-dessus avant 2015 année de l’élection présidentielle.
On dirait que c’est dans les rangs de la coalition Arc en ciel que le sujet est le plus évoqué. Une figure de proue de l’opposition et candidate à l’élection présidentielle de 2010. Mme Kafui Adjamagbo-Johnson affirmait avec force et conviction sur une radio de la place, qu’il n’y a pas de voie de salut pour l’alternance au Togo en dehors de la mise en commun des efforts de tous les partis politiques de l’opposition. Il faut trouver pour l’opposition, le candidat qu’il faut pour gagner l’élection présidentielle de 2015 soutient Me Dodji APEVON du CAR. Les propos de ces deux leaders semblent être l’écho de la plupart des togolais qui aspirent au changement dans le pays.
Le candidat unique de l’opposition, un vœu de la population
Depuis 1990, le peuple ne cesse de demander aux partis de l’opposition d’aller à l’union. Que ce soit en 1993, 1998, 2003, 2005 ou encore 2010, les togolais ne demandaient qu’une chose : Candidat unique de l’opposition ou rien. Tout comme ces années d’espoir perdu, le peuple en demande encore pour l’échéance de 2015. Mais, il craint que cette aspiration du peuple n’échoue de nouveau.
Les égos de ceux qui pensent qu’à eux seuls, ils peuvent venir à bout de Faure Gnassingbé et de son parti UNIR ne s’inscrivent nullement dans cet ordre d’idée. Les membres de l’ANC, se targuant de chef de file de l’opposition n’ont pas l’intention d’inviter qui que ce soit, encore moins de s’allier à un quelconque parti politique pour une union.” En matière de politique, l’union est un combat” relevait Isabelle Améganvi,2è vice-présidente de l’ANC qui se dit gênée quand on ramène le problème de l’alternance à l’union de l’opposition avant de s’écrier que ce n’est pas la panacée.
Au moins Isabelle Améganvi, elle, a le mérite d’être claire dans ses propos et de situer l’opinion sur la position de son parti.”L’union de l’opposition n’est pas le problème, ce n’est non plus la panacée” disait -elle sur la radio Victoire.Pour l’ANC, l’union est un objectif à atteindre. Si ce n’est pas le cas (et Dieu seul sait qu’ils feront tout pour que cela n’arrive jamais), ce sera tant pis pour le peuple. Le peuple n’a pas toujours raison, semble dire Jean-Pierre Fabre et les autres de son parti. Les désirs profonds du peuple peuvent être mis sous éteignoir pourvu que les idéologies et la vision de l’ANC triomphent.
De toute façon, les faits sont têtus et l’histoire apprend aux hommes que les mêmes faits produisent les mêmes effets. Et ce n’est pas dans ce couloir de pays appelé Togo que cela va changer. Tout comme en 2010 où ils sont allés en rangs dispersés, 2015 ne sera alors que la copie conforme de ce qui s’est passé il y a cinq ans. L’on se demande alors pourquoi certains se tuent à vouloir vaille que vaille que les partis de l’opposition se mettent ensemble pour se positionner comme une alternative à l’alternance.
Il faut que les membres de la ”coalition arc en ciel” se rendent à l’évidence. L’union de l’opposition est impossible. La recherche de la candidature unique de l’opposition est une chimère. Ceux avec qui ils veulent la faire ne sont pas disposés à collaborer.
Ce qui étonne c’est qu’ils le savent et en sont convaincus. On ne comprend pas alors l’optimisme béat qu’ils affichent en la matière. Un mariage ne peut avoir lieu que par le consentement des deux époux. Du moment où l’une des parties ne semble pas vouloir donner son accord, on a beau gesticuler, la cérémonie n’aura pas lieu.
Il va falloir donc que les togolais qui rêvent de cet état de chose se fassent une raison : l’opposition togolaise ne peut leur offrir ce qu’ils désirent. Il est temps peut être qu’ils regardent ailleurs. En attendant, Unir et son candidat potentiel Faure Gnassingbé affûtent leur armes pour remporter hauts les mains l’échéance électorale de 2015. (Voire ci-dessous la réaction de Me Isabelle Améganvi de l’ANC)
Ali SAMBA
Me Isabelle Améganvi : “Le problème du Togo, ce n’est pas l’union de l’opposition”
Le problème réel du Togo “n’est pas l’union de l’opposition” tant prônée ces derniers mois par certains leaders de l’opposition, a affirmé hier lundi Me Isabelle Améganvi, 2e vice-présidente de l’Alliance Nationale pour le Changement.
Le plus grand débat ces derniers jours au sein de l’opposition, tourne autour de regroupement de toute la classe politique de l’opposition au sein d’un même creuset, avec un programme commun et un seul candidat pour la présidentielle de 2015.
Plusieurs responsables de l’opposition sont montés au créneau pour afficher leur ferme détermination à se battre pour la réalisation de cette union et la désignation de candidat unique. Mais, ils sont tous unanimes qu’il sera très apprécié d’obtenir un consensus autour de cet “oiseau rare”.
Abordant le sujet hier lundi sur une radio privée, Me Isabelle Améganvi a été ferme : “Le problème du Togo, ce n’est pas l’union de l’opposition”.
“Je suis un peu gênée lorsque l’on ramène les problèmes politiques togolais au problème de l’union de l’opposition. Le problème du Togo, c’est le refus de l’alternance, le problème du Togo, c’est des élections frauduleuses organisées pour que le parti au pouvoir se maintienne ad vitam aeternam au pouvoir, sans une note d’espoir d’alternance dans ce pays. C’est ça, le réel problème du Togo”, a-t-elle souligné.
“Je rappelle que cette ” Union “, nous l’avions eue sporadiquement dans le temps. Par exemple en 2005, nous avons eu la coalition qui a présenté un seul candidat (Emmanuel Bob Akitani). Bien vrai, lorsqu’on est uni, on est plus fort, mais ce n’est pas la panacée”, a-t-elle précisé, avant d’ajouter : “Nous avons eu cette union en 2005, mais cela n’a pas empêché des élections frauduleuses (…)”.
Me Isabelle Améganvi a également abordé le mémorandum rendu public récemment par l’Union des Forces de Changement (UFC de Gilchrist Olympio), accusant des responsables de l’ANC d’avoir bien participé aux discussions ayant abouti à la signature de l’accord signé en mai 2010 par l’UFC avec le parti au pouvoir.
“Nous n’avons jamais participé à aucune rencontre à l’effet de partager de postes ministériels. C’est ce qui doit être clair dans la tête de tout le monde”, a-t-elle affirmé.
“Je mets M. Gilchrist Olympio au défis d’apporter la preuve de ce que nous avons discuté avec le RPT (actuelle Union pour la République / UNIR au pouvoir) pour que ce parti nous donne des postes ministériels. Quand nous étions à l’UFC, tous les accords qui avaient eu lieu ainsi que les rencontres n’étaient pas cachés, la presse avait fait large écho et tout le peuple était au courant”, a indiqué la 2e vice-présidente de l’ANC.
C’est la première fois qu’un responsable de l’ANC aborde publiquement ce sujet, depuis la publication de ce mémorandum.