La première extraordinaire du parlement de la CEDEAO s’est ouverte hier à Lagos en présence du Gouverneur de l’Etat de Lagos (Nigéria) et des personnalités de haut rang. C’était sous la présidence de Mme Mémounatou Ibrahima.
Se réjouissant de la session à Lagos, ville dont le nom évoque des souvenirs emblématiques et un sentiment de fierté., symbole de la diversité africaine où tradition et modernité s’entremêlent, la présidente du Parlement de la CEDEAO a affirmé que « la présente session s’ouvre à un moment crucial de la vie de notre organisation régionale ».
En effet, la CEDEAO dont le traité fondateur a été signé dans cette même ville de Lagos le 28 mai 1975 célèbre son jubilé d’or cette année alors même que le Parlement communautaire, institué par le Traité révisé de 1993 et inauguré en novembre 2000, célébrera son jubilé d’argent.

« Depuis sa création, la CEDEAO a joué un rôle central dans le développement économique, la paix et la sécurité de notre région » a déclaré Mme Mémounatou Ibrahima dans son discours d’ouverture.
Pour elle, il sied de faire le bilan de l’organisation et d’interroger la gouvernance et le fonctionnement. « Après cinquante ans, il nous semble que le moment est venu de marquer une pause et de faire le bilan, d’interroger nos choix, nos objectifs, notre gouvernance et notre fonctionnement. La CEDEAO est indubitablement l’une des meilleures Communauté Économique Régionale de l’Afrique, au regard de ses multiples réalisations dans plusieurs domaines, notamment le maintien de la paix et de la sécurité, l’intégration économique et en matière d’infrastructure » a-t-elle précisé.
Dans le domaine du maintien de la paix et la sécurité, il faut retenir que des progrès ont été réalisés notamment en matière de la stabilité de la région avec la mise en œuvre des mécanismes institutionnels appropriés. Toutefois, beaucoup d’efforts doivent davantage être déployés pour garantir à la communauté une paix véritable.

Sur le plan de l’intégration économique, la CEDEAO a mis en place plusieurs initiatives pour stimuler la croissance économique et faciliter les échanges intrarégionaux et la circulation des biens et des services. Le projet de création de la monnaie commune, l’Eco, qui devrait remplacer les différentes monnaies nationales, est une étape majeure vers une intégration encore plus profonde.
De la question du départ des pays de l’AES de la Cedeao
Abordant le sujet du départ effectif des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la CEDEAO, la présidente du Parlement a reconnu que c’est une une question d’une importance capitale pour la région et son avenir.
« En dépit du fait que ce retrait pourrait ralentir le processus d’intégration communautaire, il est important que nous comprenions les causes profondes de cette décision » a-t-elle introduit la question.
Précisons que le contexte politique et sécuritaire dans ces pays a radicalement évolué ces dernières années, avec des défis sécuritaires et des tensions internes qui ont conduit à un repositionnement stratégique de leurs gouvernements. L’instabilité et les enjeux liés à la lutte contre le terrorisme, la bonne gouvernance et la gestion des ressources nationales sont des facteurs essentiels dans cette dynamique.
« Nous devons également prendre en compte le fait que le retrait de ces trois États ne signifie pas un rejet des valeurs communes que nous partageons en tant qu’Afrique de l’Ouest. Ce retrait doit plutôt être l’occasion de renforcer notre capacité à dialoguer et à nous entendre, sans renoncer aux principes de solidarité et de coopération qui nous unissent » a poursuivi Mémounatou Ibrahima.

Les Parlementaires de la CEDEAO auront la responsabilité d’exécuter à Lagos une activité statutaire recommandée par l’article 27/2 de l’Acte additionnel relatif au renforcement des prérogatives du Parlement de la CEDEAO, qui autorise le Parlement à organiser ses sessions extraordinaires hors de son siège.
La présente session extraordinaire sera principalement consacrée à l’examen et à l’adoption du rapport de la session de Lomé, des propositions d’amendements de notre règlement intérieur de la 6e Législature et du programme d’activités du Parlement pour l’année 2025 qui comprend une soixantaine d’activités regroupées en quatre programmes.
En prélude à la session extraordinaire se tiendra le 1er séminaire parlementaire de l’année dont le thème est : 50 ans de la CEDEAO ; 25 ans du Parlement de la CEDEAO : Réflexions du Parlement communautaire en vue de la réalisation de l’intégration régionale ».
Cette thématique permettra de mener des réflexions profondes sur les succès réalisés et les défis auxquels est confronté la CEDEAO et ensuite de formuler des recommandations pour des réformes opérationnelles profondes afin d’élever l’intégration régionale à la hauteur des attentes des populations.
Crédo TETTEH