Les choses se précisent dans les Etats-majors des partis politiques, à 09 mois de l’élection présidentielle de 2015. La coalition Arc-en-Ciel vient de dégager son potentiel candidat à ce scrutin. Jean- Pierre Fabre, avait déjà annoncé les couleurs en prétextant qu’il serait le candidat naturel de l’opposition à cette élection, ce qui de facto laisse présager qu’il sera investi par son parti pour cette joute électorale. Kofi Yamgnane de Sursaut-Togo se met dans les starting blocks sans oublier Alberto Olympio du Parti des Togolais. Ça fourmille et d’autres candidatures sont attendues notamment celle du parti UNIR. A cette étape de la marche vers le pouvoir, les deux blocs de l’opposition se concertent pour une éventuelle candidature unique.
Les discussions durent depuis déjà quelques jours sans que l’on sache exactement les points sur lesquels les parties en présence défendent. Mais une chose est sure, c’est le choix ou non du candidat unique de l’opposition pour l’échéance présidentielle de 2015. Si dans les Etats- majors des partis politiques se revendiquant de l’opposition, tout le monde aspire à cette idée de candidature unique de l’opposition, il reste à résoudre l’épineuse question de celui qui portera le flambeau.
La quadrature du cercle
Il n’est de secret pour personne que la majorité des leaders de l’opposition aspire à remplacer Faure Gnassingbé dans le fauteuil présidentiel en 2015. Ambition légitime pour des hommes qui se sont investis depuis un quart de siècle à combattre le régime en place sans grands résultats. Mais comme l’espoir fait vivre et que la politique est comme ce virus qui ne vous lâche pas avant d’avoir assouvir vos désirs (en arrivant au pouvoir par les urnes ou que la nature même ait raison de vous), Jean-Pierre Fabre, Dodzi Apevon, Kafui Adjamagbo et les nouveaux loups aux dents bien longues et acérées poursuivent leur rêve de diriger ce pays.
Sauf qu’en face d’eux, se dresse une montagne, Faure Gnassingbé et son parti UNIR, qui pour le moment semble infranchissable pour les leaders de l’opposition. A l’ère moderne de la marche du Togo pour une vraie assise de la démocratie, deux élections présidentielles ont été organisées avec les résultats que l’on connait.
Pour ces leaders des deux grands blocs de l’opposition, le temps semblent jouer en leur défaveur. Un nouvel échec les catapultera dans le monde des ” has been” politiques. Conscients, ils se battent avec leurs moyens pour trouver une porte de sortie en leur faveur. Quand bien même la plupart d’entre eux savent que le pari est perdu d’avance, ils s’arcboutent à des options, du genre ” candidature unique de l’opposition” qui ne sont en réalité que chimères.
D’abord, il est quasi impossible et difficile de concevoir que l’ANC laissera la candidature à leur collègue de l’Arc en ciel d’autant que Jean-Pierre se considère déjà comme le candidat naturel de l’opposition parce qu’étant le chef de file de l’opposition, parce qu’étant le parti de l’opposition ayant le plus de députés à l’Assemblée Nationale, parce qu’étant le dépositaire légitime de l’Ablodé. A côté d’un regroupement Arc-en-ciel qui veut exister, faire exister ses idées et qui a envie de prendre ses responsabilités politiques, on est bien loin du candidat unique de l’opposition.
Ensuite, même si par miracle, on en arrive là, ce sera un consensus à défaut à et minima qui ne sera pas celui du cœur et de la raison. Les uns et les autres ne vont soutenir cette idée que du bout des lèvres. Les mémoires sont encore fraiches de ces coalitions en 2003 et en 2005 ou l’unité de façade de l’opposition ne lui a pas permis de rafler la mise. Toute discussion sur ces candidatures uniques de l’opposition n’avait pour but que d’imposer le candidat d’un seul parti (l’UFC à l’époque), même si celui-ci était grabataire et mourant. La fin de ces histoires est connue de tous et l’histoire risque de bégayer en 2015.
Enfin, à l’étape actuelle de la marche du Togo vers son développement, il n’y a de candidat de l’opposition qui puisse venir à bout de l’Himalaya Faure Gnassingbé. Depuis une décennie qu’il est au pouvoir, ses actions en faveur des Togolais parlent pour lui. Aucun Togolais, de bonne foi, ne peut dire que le pays ressemblait à ce qu’il était en 2005 quand Faure Gnassingbé arrivait au pouvoir. Même si tout n’est pas parfait comme le gouvernement le reconnait humblement d’ailleurs, on note tout de même que beaucoup a été fait en l’endroit des fonctionnaires, des femmes, des agriculteurs, des jeunes, des opérateurs économiques… au vu de tout cela, Il sera donc difficile, voire impossible à n’importe quel candidat unique de l’opposition, fut-il Jean-Pierre Fabre, de prétendre à une quelconque victoire en 2015. Les miracles existent, on attend de les voir.
2015 et la clarification du jeu politique au Togo
La configuration actuelle de la scène politique, surtout dans l’opposition demeure floue et ambigüe. Si une petite clarification s’est faite pendant l’élection législative de 2013, 2015 devrait permettre le renforcement ou au contraire, l’effritement de certaine position politique des partis. Car, si l’ANC revendique plus de députés à l’Assemblée Nationale, il n’est pas dit que tous ceux qui ont voté pour ces députés l’aient fait parce qu’appartenant à l’ANC. On sait combien de fois le vote ethnique et tribal pèse lors de ce scrutin.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les candidats ne se présentent que dans leur région, préfecture ou canton d’origine pour aiguiser la fibre fraternelle et ethnique. Il est donc facile qu’un Jean Pierre Fabre soit élu à Lomé, Patrick Lawson dans les Lacs, Dodzi Apevon dans le Yoto, Jean Kissi dans le Vo. Tous ceux qui ont essayé de se présenter dans les régions où ils ne sont pas connus ou d’où ils ne sont pas originaires en ont fait les frais. Les Gerry Tamaa, Kafui Adjamagbo-Johnson et les autres vous en diront plus.
Il va falloir que les parties se mesurent entre eux lors de l’élection présidentielle de 2015 puisque ce sont les projets de société des partis qui seront en jeu. On verra alors si le projet de l’ANC l’emporterait devant celui du CAR, de la CDPA, de l’ADDI, etc. Ainsi fait, l’opinion nationale et internationale aura une idée claire du vrai parti de l’opposition. Car, lors de cette élection présidentielle de 2015, il n’est pas dit que les gens voteront pour Jean Pierre Fabre puisqu’en 2010, il était candidat par défaut, candidat de substitution. Son Mentor d’alors, Gilchrist Olympio étant indisposé. Jean Pierre Fabre a donc pu disposer largement de la sympathie du vieux briscard lors de cette élection de 2010. Qu’en sera-t-il pour 2015 ou cette fois ci, il arpentera monts et vallées en son nom propre ?
Dans les autres partis, le renouvellement s’est fait notamment au CAR où Me Agboyibo a cédé la place à son dauphin Dodzi Apevon. Des jeunes, avec des idées novatrices, ont fait leur apparition sur la scène politique. D’autres partis aspirent à se mesurer à Faure Gnassingbé notamment le Parti des Togolais qui promet monts et merveilles aux Togolais. L’élection présidentielle devrait être ce moment de vérité pour tous les partis de l’opposition pour savoir qui est vraiment qui.
Ali SAMBA