Homme politique de renom et Député à l’Assemblée nationale togolaise, Abass Essokoyo KABOUA n’est plus à présenter sur la scène politique de notre pays.
Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’Honorable Abass E. KABOUA, reconnaissable par son franc-parler, décortique un certain nombre de sujets qui semblent échapper à certains de ses collègues de l’opposition, surtout extraparlementaire. Pour Monsieur KABOUA, ceux qui crient aujourd’hui ne sont pas plus intelligents que Feux Edem KODJO et Djovi GALLY, ces personnalités. Vous comprenez que l’Honorable Abass Essokoyo KABOUA aborde avec nous le sujet du nouveau régime politique, adopté le lundi 25 Mars dernier au Parlement. Le régime parlementaire. LECTURE!
LE MEDIUM : Mr le Député, le 25 mars dernier l’assemblée nationale a adopté une nouvelle constitution. Dans quelle ambiance aviez-vous travaillé ?
M. KABOUA : Merci à vous. Tout s’est déroulé dans la sérénité et avec responsabilité. C’était une vraie journée marathon.
Le Togo passe désormais d’un régime semi présidentiel à un régime parlementaire. Quelles sont selon vous les motivations?
Effectivement, notre pays revient à un régime parlementaire. Vous savez qu’avec tous les soubresauts que connaît l’Afrique ces derniers temps, et en particulier la sous-région, avec ce système, nos institutions sont désormais très bien sécurisées. Ainsi, elles restent stables. Le pouvoir d’Etat ne sera plus concentré dans les mains d’une seule personne, comme cela se faisait sous le régime présidentiel.
Quels avantages pour le Togo avec un régime parlementaire ?
Le premier avantage je l’ai dit tantôt, une seule personne n’aura plus la main-mise sur tous les pouvoirs. L’arbre à palabre sera désormais l’Assemblée nationale, et le Président de la République, qui sera élu par le Parlement et le Sénat réunis en congrès, jouera le rôle de l’arbitre. Les pouvoirs dévolus au président sont essentiellement honorifiques. Nos institutions sont sécurisées et sont stables. Tout reposera sur le Président du Conseil d’Etat, chef du gouvernement, qui sera lui aussi élu par l’Assemblée nationale. C’est un système qui n’est pas inventé au Togo. Il existe aux usa où c’est les grands électeurs qui élisent le président de la République. L’Inde, qui reste la plus grande démocratie, c’est le parlement qui élit le président. En Israël, en Afrique du Sud, en Ethiopie etc., ce sont des pays très démocratiques. Alors, que les gens arrêtent de nous divertir !
Une classe de l’opposition conteste le travail fait par l’Assemblée nationale, en remettant en cause sa légitimité, avec une virulence hors pair. Que leur répondez-vous, Honorable Député?
Je suis surpris que jusqu’à ce jour l’opposition togolaise n’arrive pas à faire son introspection pour corriger ses tares. Aucun alinéa à l’article 52 de la Constitution togolaise ne dit qu’une fois le mandat des députés en exercice arrivé à son terme, ils perdent une partie de leurs prérogatives.
On a vu par 2 fois ceux qui crient aujourd’hui, déborder de leur mandat de 7 mois et de 9 mois. Pourtant, ils ont continué de légiférer sans gêne, ni être inquiété. Donc trève de balivernes. C’est aussi pour nous opposition de tirer toutes les leçons du boycott de 2018. Tout a une conséquence.
Le Chef de l’Etat a demandé à l’Assemblée nationale de procéder à une deuxième lecture de la loi adoptée. En quoi cela consistera-t-il?
Évidemment, le chef de l’État montre ici sa hauteur d’esprit politique. Une relecture ne veut pas dire une nouvelle modification. Mais si d’aventure certains articles sont touchés, seule l’Assemblée nationale appréciera. Nous sommes entre nous Togolais et tout ce qui concourt au bien du Peuple, moi je n’hésiterai pas.
Quelles appréciations faites-vous des sorties de vos collègues de l’opposition extraparlementaire et de certains acteurs de la société civile, suite à l’adoption de la nouvelle Constitution le lundi dernier par le Parlement ?
C’est le même refrain. Seul Dieu pourra nous situer, qui aime le Togo et qui ne l’aime pas. A plus de 126 partis politiques, seuls 20 prennent part aux élections du 20 avril. Ils sont dans leur rôle. Nous n’avons pas la même culture et la même idéologie. Il faut que chacun se ressaisisse.
Un message à l’endroit de la toute la classe politique togolaise et à la société civile?
Le Togo a déjà connu le régime parlementaire, avec l’assemblée constituante de 1946, dont mon grand-père était député.
Ensuite, c’est le même régime parlementaire qui nous a régenté en 1958 jusqu’à l’indépendance en 1960. Après la conférence nationale, en 1991, c’est encore ce système qui était choisi. Des illustres personnalités avaient vanté les avantages de ce système ^politique, tels que feux Edem Kodjo, Djovi Gally, etc. Ceux qui crient aujourd’hui ne sont pas plus intelligents quand même que ces personnalités. Donc, il faut se ressaisir et, avec responsabilité, analyser les choses.
Merci.
Interview réalisée par Crédo TETTE