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21 novembre 2024
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POLITIQUE/ DEUIL : Agbéyomé Kodjo, passé à l’Orient éternel

 

Souffrant depuis un moment, selon des indiscrétions, l’homme politique et malheureux perdant de la Présidentielle de 2020 est passé ce dimanche à l’Orient éternel, après moult soins de santé sans succès. Un décès qui interroge après celui de Mgr Philippe Fanoko KPODZRO, il y a environ deux mois.

L’homme, son parcours et jalonnements politiques

Né à Tokpli le 12 Octobre 1954, Agbéyomé Kodjo, ancien étudiant à l’Université de Poitiers,  fut directeur commercial de la SONACOM de 1985 à 1988 dès son retour au Togo. Le 19 décembre 1988, il entra au gouvernement de Feu Général Gnassingbé Eyadéma et occupa le poste de ministre  de la Jeunesse, des Sports et de la Culture jusqu’en septembre 1991.

Plus tard, il devint ministre de l’administration territoriale et de la sécurité en septembre 1992 et     malheureusement très vite limogé par l’ancien Premier ministre Koffigoh, qui ne réussit pas à lui faire quitter le Gouvernement. En effet, Agbéyomé  Kodjo avait le soutien de Feu Président Gnassingbé Eyadéma et ne quitta pas son poste au bon vouloir de Joseph Kokou Koffigoh. Il y resta jusqu’en février 1993, date à laquelle  il est nommé directeur général du Port Autonome de Lomé (PAL).

 

Agbéyomé Kodjo, l’ambition politique à la coloration RPT

Elu député lors des Législatives de Mars 1999, comme candidat du RPT (Rassemblement du Peuple Togolais), dans la troisième circonscription de la Préfecture de Yoto, Agbéyomé Kodjo était le seul candidat et avait obtenu 100% des suffrages. En Juin 1999, il devint Président de l’Assemblée nationale avant sa nomination le 29 Aout 2000 comme Premier ministre, en remplacement de Eugène Koffi Adoboli à l’issue d’un vote de censure.

 

Fan à l’extrême de Feu Eyadema

Le 30 août 2001, Agbéyomé Kodjo déclara que la Constitution devrait être modifiée pour permettre à Eyadéma de briguer un troisième mandat en 2003.

Revirement de situation ou poussé par des ambitions démesurées, Agbéyomé  entra en conflit ouvert avec Feu Président Eyadéma qui le démit de ses fonctions  de Premier ministre le 27 Juin 2002. Tout juste au lendemain de son limogeage, le natif de Tokpli publia un brulot très critique et acerbe le 28 Juin dans le journal LE SCORPION contre Eyadéma. Il quitta rapidement le Togo car déclaré recherché par la Justice pour avoir prétendument déshonoré le président et porté atteinte à l’ordre public.

Dans la foulée, le 6 août 2002, le Comité central du RPT d’alors a voté à l’unanimité l’expulsion de Kodjo Agbéyomé du parti pour haute trahison.

 

Kodjo et le premier exil

Exilé en France, Agbéyomé Kodjo très remonté contre le pouvoir de feu Gnassingbé Eyadéma, poursuivit ses critiques très acidulées contre Eyadéma.

Ce qui obligea le gouvernement togolais à émettre contre lui un mandat d’arrêt international  à la mi-septembre 2002, avec comme chefs d’accusation de corruption et  de fuite du Togo pour s’échapper à la justice.

 

Agbéyomé et l’après décès de Eyadéma

Rentré au Togo le 8 avril 2005, après le décès de Feu Eyadema (le 5 février 2005), Agbéyomé Kodjo fut cueilli à la frontière de Hillah Condji et emprisonné pour un détournement de fonds présumé alors qu’il était directeur général du port autonome de Lomé. En septembre 2005, il a formé un nouveau parti, l’Alliance démocratique pour la patrie (connue simplement sous le nom d’Alliance), avec Dahuku Péré.

Il s’est, par la suite, déclaré candidat aux élections au poste de président de la Fédération togolaise de football, mais lors de son congrès extraordinaire du 9 janvier 2007, il s’est classé deuxième derrière Avlessi Adaglo Tata, obtenant 14 voix des délégués contre 24 pour Tata. Il a devancé le Colonel Rock Gnassingbé, également candidat et  président sortant de la Fédération.

 

L’épopée DMK

Démesurément ambitieux, Agbéyomé Kodjo manœuvra et fut désigné le 6  janvier 2020 candidat à la présidentielle de février 2020, au titre du regroupement de formations politiques et d’organisations de la société civile, sous l’appellation Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK). Il est arrivé avec l’aura de feu Mgr Kpodzro en deuxième position au scrutin (18,37 %) derrière le président sortant Faure Gnassingbé (72,36 %). Il devança  largement, et avec surprise, le candidat  Jean Pierre Fabre de l’ANC (Alliance nationale pour le changement) qui recueillit  un très maigre et honteux score de 4%.

Malgré sa défaite à la Présidentielle de Février 2020, Agbéyomé Kodjo, en bon mélangeur, mixeur à la crème et jongleur, s’est autoproclamé le 21 Avril 2020 ” président élu ” du Togo. Il multiplia des actes inciviques et de trouble à l’ordre public depuis sa résidence, avec à ses côtés feu Mgr Philippe Fanoko KPODZRO, son bouclier d’alors.

Convoqué sans succès à plusieurs reprises par le Service central de recherches et d’investigations criminelles dela gendarmerie (SCRIC), Agbéyomé Kodjo fut arrêté, suite après sa troisième convocation, et conduit dans les locaux du SCRIC pour y être interrogé. Il est par la suite poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, notamment ceux d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État, d’usage des insignes de l’État, de nominations illégales, de troubles aggravés à l’ordre public ainsi que de dénonciations calomnieuses.

Libéré le 24 avril 2020, Agbéyomé Kodjo est  placé sous contrôle judiciaire avec conditions, dont l’interdiction de quitter le Togo sans autorisation et devant s’abstenir de  faire de ” déclarations tendant à la remise en cause des résultats de la présidentielle du 22 février 2020 ” et de ” tous propos, déclarations, ou attitudes tendant à remettre en cause et à saper l’ordre constitutionnel et institutionnel “.

Ne supportant pas apparemment les conditions de sa liberté sous contrôle judiciaire, Agbéyomé Kodjo quitta clandestinement le Togo et se retrouva selon ses       propres dires dans un ” champ de maïs ” au milieu d’épis épineux  jusqu’à son décès à la suite d’un malaise, deux mois après son mentor, Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro. Agbéyomé Kodjo avait 70 ans. Il fut Premier ministre du 31 août 2000 au 29 juin 2002.

 

Les loups se mangeraient-ils entre eux ?

La question a tout son sens. Deux mois après le décès de Mgr Philippe Fanoko KPODZRO, le candidat malheureux de la Présidentielle de 2020 vient aussi de casser la pipe. Serait-ce une malédiction, une conséquence de combinaisons douteuses ou de simples passages derrière les rideaux ?

Dans un communiqué non daté et signé du sieur Ben Koffi DJAGBA (se prénommant premier ministre, chef de gouvernement  en exil du défunt Agbéyomé Kodjo), le natif de Tokpli serait décédé au Ghana. Sans plus de précisions sur les circonstances réelles du passage à l’Orient éternel de l’homme politique versatile que fut Agbéyomé.

Ce qui interroge aujourd’hui, c’est  justement les circonstances du décès de ce politique deux mois seulement  après le rappel à Dieu de son mentor Mgr Kpodzro. Ce dernier quelques semaines avant sa mort, rappelons-le, avait proféré une batterie de menaces et de malédictions contre ses anciens acolytes, dont Agbéyomé Kodjo.

Les informations en ces moments nous relataient les difficultés et les crises de confiance existant entre deux courants au sein désormais du reliquat de la DMK. Le camp Agbéyomé Kodjo et le camp Marc Mondji et, par ricochet, celui de Mgr Kpodzro. Ce furent très acerbes les flèches lancées par et entre  les deux courants et dans toutes les directions, avec un pic observé lors des deux dernières sorties sur les réseaux sociaux de feu Mgr Kpodzro, venant justement confirmer que le torchon brulait grave entre l’archevêque émérite de Lomé (la clique à Marc Mondji) et son poulain d’antan, Agbéyomé.

Aujourd’hui, à voir comment les choses se passent tristement au sein de la Dynamique Mgr Kpodzro (DMK), l’on pourrait, sans gros risque de se tromper, s’interroger si les loups ne se mangeraient-ils pas entre eux ?

Ou bien serions-nous en face d’une vague de malédiction qui frapperait la DMK en marche d’escaliers ? Qu’est-ce qui pourrait justifier cette série de malédictions et de mauvaises nouvelles récoltée par la DMK ? Cette dynamique avait-elle bien failli quelque part ?  Ce décès du politique Agbéyomé Kodjo, après celui il y a huit semaines de l’ancien Prélat, serait-il une conséquence de combinaisons douteuses ou de simples passages derrière les rideaux ?

L’autre question, les jeux étaient-ils clairs et bien définis au sein de cette dynamique ? N’y aurait-il pas eu des trahisons graves par moments ayant suscité des colères incontrôlées de part et d’autre débouchant sur des ruptures de ban ? Le parjure aurait-il élu domicile au sein de cette dynamique jusqu’à tenter de la définir ?

Pour l’heure, nous devons faire malheureusement avec le décès de Agbéyomé Kodjo. Comme le journaliste Max Carmel SAVI  l’a dit, Agbéyomé Kodjo est ” mort comme meurent les gens “. Avant de poursuivre : ” A force de te voir vivre si bruyamment, je t’ai cru parfois, immortel “.

Eh oui, Agbéyomé Kodjo est à conjuguer désormais au passé. Il est passé à l’Orient éternel. ” Comme  si dans le pacte inaudible et silencieux avec Mgr Kpodzro, tu devrais le suivre… ”  a écrit Max- Carmel SAVI.

Hier lundi vers 13h, trois enfants du défunt ont quitté Lomé pour Accra pour la reconnaissance du corps de leur Papa avant délivrance du certificat de décès. Une exigence des autorités ghanéennes, selon nos informations. Avec ce certificat de décès établi, la famille entamera les formalités pour le rapatriement de la dépouille au Togo.

Rappelons que depuis 2019, Feu Agbéyomé Kodjo avait une santé très fragile et faisait des crises à répétition. La dépouille serait actuellement à la morgue de Tema.

Par Crédo TETTEH

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