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21 novembre 2024
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OBUTS A L’EPREUVE DU POUVOIR : L’étonnant silence d’Agbéyomé Kodjo à quelques mois de l’élection présidentielle de 2015

Président du parti politique "OBUTS" et inculpé dans l'affaire des incendies
Agbéyomé Kodjo, Président du parti politique “OBUTS”

La politique a ceci de spécial qu’elle est un terrain de jeux d’intérêt et d’alliance pour l’accession au pouvoir, mais aussi un exercice dangereux où les plus naïfs ou les plus rêveurs laissent des plumes dans cette bataille ou la morale et le bon sens sont souvent les derniers des soucis des hommes politiques. Sans exagérer, on peut classer Agbéyomé Kodjo et son parti politique OBUTS dans cette catégorie qui peine à se remettre du coup de poignard que lui ont planté le CST et l’ANC dans le dos après les législatives de 2013. Depuis, l’homme qui ne laissait aucune occasion de se faire remarquer, est devenu une carpe, rongeant sa déception au quotidien.
Elle n’est pas aisée, la situation dans laquelle se trouve Agbéyomé Kodjo à quelques mois de la présidentielle de 2015. D’ailleurs, le mutisme dans lequel il s’est muré depuis quelques mois ne permet pas de deviner les démarches du président de OBUTS dans un futur proche. Peut- être que c’est d’ailleurs la bonne attitude car qui l’écouterait, lui qui n’a pas  su qu’il s’amusait avec le feu au point d’en être brûlé.

Le cul entre deux chaises
Le silence est d’or en ceci qu’il peut être le signe de l’homme qui n’ouvre sa bouche que pour dire des choses sensées. Mais aussi, il peut être le reflet d’un homme dont la déception se vit intensément et profondément. Ce dernier cas s’applique exactement à celui qui pensait pouvoir faire route avec l’opposition togolaise dans  une frange la plus radicale.
Une question primordiale taraude l’esprit des observateurs de la scène politique togolaise. Que vaut Agbéyomé Kodjo aujourd’hui sur l’échiquier national ? La réponse semble évidente, cinglante : RIEN. On comprend mieux alors son silence. Car, il ne peut en être autrement. La débauche d’énergie mis au profit de l’ANC et son bras armé le CST ne lui a rien rapporté. Il a misé sur le mauvais cheval et il a lamentablement échoué. Echec d’autant plus cuisant qu’il ne sait où, ni avec qui se mettre aujourd’hui.
Avec l’ANC et le CST, le divorce est totalement consommé. Il est vieux, le temps où on le voyait écumer les rues de Lomé aux côtés de Jean Pierre Fabre lors des traditionnels marches de samedi. Il est loin, le temps où, de sa verve et de sa superbe, Agbéyomé Kodjo haranguait la foule des militants et sympathisants de l’ANC à la plage avec son fameux ” VICTAGOOOOOOO” repris en cœur par l’assistance du moment.
L’ancien Premier Ministre de Gnassingbé Eyadéma doit se remémorer ces  instants de gloire éphémère et se dire ” quel con j’ai été”. Dans de pareille situation, le sentiment de honte et d’amertume est très difficile à supporter d’autant que des esprits avisés lui aurait conseillé de ne pas mener cette aventure avec l’ANC. Il l’a payé cash.
Le plus difficile aujourd’hui est le positionnement de son parti. Le centre n’existe pas au Togo. Il n’y a que deux camps. Le pouvoir et l’opposition.Se réclamera- t- il encore de l’opposition, quand on sait qu’au Togo, certains font croire que l’opposition c’est l’ANC et rien d’autre ? Ou fera-t-il le come-back vers ses anciens camarades du RPT dont la majorité est aujourd’hui membre de UNIR, parti au pouvoir? Ou encore, apportera-t-il juste son soutien au Président de la République pendant le scrutin de 2015 ? A y regarder de près, l’équation semble corsée pour Agbéyomé Kodjo. Même son silence risque d’être interprété dans un sens comme dans l’autre.

La voie royale
Au vu de ce qui lui arrive aujourd’hui, Agbéyomé Kodjo doit revoir ses ambitions à la baisse, mieux, jeter l’éponge car, il n’y aurait plus de place pour lui sur l’échiquier politique. Si le  Togo n’est pas un pays si particulier, lui Agbéyomé Kodjo n’aurait jamais à s’acoquiner avec des gens qui ne pensent à eux et qu’à eux seuls.
Il n’est pas dit qu’il est inscrit dans son ADN qu’il devienne forcément Président de la République. Il a connu les délices du pouvoir avec ses corollaires, arrogance, mépris, piétinement. Beaucoup de togolais gardent encore une dent contre lui. Mais il a connu aussi  le revers de la médaille, l’exil, la prison, la détention, les persécutions. Ces dernières  tracasseries peuvent induire l’homme à détester, à haïr et à faire des alliances contre nature.
Aujourd’hui que le Président de la République consent à honorer les anciens Premiers Ministres et Présidents de l’Assemblée Nationale en leur accordant le statut qui est les leur, un combat d’ailleurs mené en son temps par Agbéyomé Kodjo pour la reconnaissance de ces droits à ceux qui ont eu à exercer ces hautes fonctions dans notre pays, il devrait alors se contenter de cela. Etre une personnalité respectable et respecté de ce pays avec tous les honneurs qui lui sont dus. Un sage auprès de qui gouvernants et gouvernés viendront s’abreuver de conseils pour la bonne marche de ce pays, un observateur avisé qui apportera son grain de sel à des moments importants de la longue marche du Togo vers son développement.
Toute autre tentative de sa part ne sera qu’un suicide politique auquel il ne se remettra jamais. Le petit exemple que vient de lui servir ses ” amis ” d’hier devrait lui ouvrir les yeux, si ce n’est déjà fait, car, il est bien clair qu’ils ne lui concèderont aucune marge de manœuvre et feront tout pour l’enfoncer davantage aux yeux de l’opinion nationale.
Les propos tenus ce weekend par certains responsables du CST à son endroit illustre bien la démarche choisie par l’ANC et le CST pour lui régler son compte. En homme intelligent, et il l’est, Agbéyomé Kodjo doit comprendre qu’à l’impossible, nul n’est tenu et qu’il peut bien jouer sa partition ailleurs et sur d’autres fronts que celui dont il a excellé jusqu’à présent. Les Togolais ne lui seront que très reconnaissants.
Ali SAMABA

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