MINISTÈRE DES AFFAIRES ETRANGERES : Rentrée diplomatique sur fond d’affirmation d’une autonomie stratégique de l’Afrique

Aujourd’hui, le contexte mondial est marqué par de profondes recompositions. Les rivalités géopolitiques se ravivent, et l’Afrique, loin d’être à la marge, se trouve au centre de ces bouleversements. Mais ce qui est nouveau, ce qui change la donne, c’est que l’Afrique elle-même s’est transformée.

Elle n’est plus l’Afrique passive et silencieuse d’hier. Elle est portée par une jeunesse exigeante, consciente de ses droits, connectée aux dynamiques du monde. Une jeunesse qui dit avec force : ” Nous ne voulons pas seulement hériter d’un drapeau, nous voulons hériter d’une puissance. “, a dit Abderaman Koulamallah, ancien ministre des Affaires étrangères du Tchad, invité principal de la rentrée diplomatique du ministère des affaires étrangères du Togo, placée sous le thème “Nouvelles rivalités géopolitiques et autonomie stratégique de l’Afrique”.

Pour lui, “si les Africains veulent véritablement parler d’autonomie stratégique, il leur faut d’abord provoquer une révolution dans leur mentalité et dans leur manière d’aborder le développement. Car il ne s’agit pas seulement de proclamer sa souveraineté, mais de trouver les voies stratégiques qui permettent d’en tirer parti concrètement”.

Le Tchadien propose alors que les pays africains investissent massivement dans leur avenir. Cela suppose de consacrer au moins 5 % de notre PIB à l’éducation et 1 % à la recherche et à l’innovation, afin de donner à nos jeunes les outils pour être les acteurs de la révolution numérique et technologique.

Cela suppose aussi de développer une infrastructure panafricaine de calcul et des applications d’intelligence artificielle adaptées à nos réalités : santé, agriculture de précision, gestion climatique, langues africaines. ” Notre continent ne doit pas seulement être fier de ses richesses et de sa jeunesse. Il doit aussi être exigeant envers lui-même. Nous devons parler d’une seule voix, agir ensemble, tirer profit des rivalités mondiales, mais surtout, nous devons nous transformer de l’intérieur. C’est à ce prix que l’Afrique ne sera plus seulement l’objet des rivalités internationales, mais une puissance souveraine, moderne et incontournable “, a martelé Abderaman Koulamallah.

Dans la même veine, Robert Dussey, le ministre des affaires étrangères du Togo, a révélé que, conscient de cet enjeu et travaillant pour la matérialisation de cette Afrique debout, la diplomatie togolaise a inscrit au rang de ces priorités, la question de l’autonomie stratégique de l’Afrique.

Il a indiqué que l’Afrique doit se positionner en actrice qui compte pour elle-même et suivant ses propres intérêts. Le monde aujourd’hui caractérisé par des bouleversements profonds et une résurgence de rivalités géopolitique oblige l’Afrique à se mettre en capacité d’interagir de façon autonome avec les différents acteurs, en défendant les intérêts des peuples du continent “, a-t-il dit.

Il faut donc que les pays africains commencent à poser les bases d’une diplomatie continentale capable d’influer sur les grandes décisions mondiales. ” Travaillons au service d’une Afrique debout définissant elle-même les termes de ce rapport avec le reste du monde “, a ajouté Robert Dussey.

A en croire le chef de la diplomatie togolaise, le Togo va contribuer à une Afrique qui choisit ses partenaires, qui parle d’une seule voix et qui construit ses alliances en fonction de ses besoins, et non en fonction de pressions extérieures. ” Nous voulons dire que l’Afrique, qui continue d’être au cœur des convoitises et des rivalités internationales doit, elle aussi, s’affirmer et s’autoproclamer comme un continent de l’avenir. Chaque dossier, chaque négociation, chaque relation bilatérale ou multilatérale doit être portée avec le souci constant de défendre les intérêts du Togo et, plus largement, ceux de l’Afrique “, a déclaré Robert Dussey.

@LEMEDIUM

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