Me Jean Yaovi DEGLI bonjour !
Salut à vous-même et à vos lecteurs.
Dans quel état vous trouvez-vous après que vous soyez blanchi après 10 ans de procédure dans l’affaire qui vous opposait au Tribunal Pénal d’Arusha ?
Je suis content et serein. Je remercie mon Dieu pour ses bienfaits et sa grâce.
Est-ce que cette affaire vous a porté préjudice dans le déroulement de votre carrière ?
Bien évidemment. J’ai eu plusieurs opportunités aux Nations Unies qui ont été bloquées par messieurs Amoussouga et Dieng qui se sont érigés en propriétaires de l’ONU de sorte qu’à chaque fois qu’il y a une opportunité dans cette institution et que ma candidature apparait, ils envoient des messages à tous les responsables pour leur communiquer toutes leurs inepties d’accusation pour que ma candidature ne soit pas prise en compte. Mais comme ce n’est pas eux qui font lever et fermer le jour sur ma vie, je continue de vivre et de gagner ma vie.
On a compris que ce sont vos compatriotes qui vous en voulaient. Comprenez-vous cette attitude alors que vous leur vouliez du bien ?
Moi je suis élevé dans le bienfait et pour faire du bien. Tous ceux qui ont connu ma grand-mère maternelle ici à Lomé, qui ont connu ma mère à Kpalimé ainsi que mon père pourront vous dire exactement qui ils ont été. Je fais donc toujours du bien et crois fondamentalement au bien.
Toutefois, il y a des gens qui ne sont pas capables de bien et comme le dit Matthieu 7, verset 6, il ne faut pas jeter des choses saintes aux pourceaux ni les perles aux chiens car quand ils finissent de les manger, ils se retournent et vous dévorent la main.
Que réclamez-vous aujourd’hui après que la justice ait reconnu votre innocence dans cette affaire ?
Ce que je réclame est entre les mains de Dieu. Il fera l’essentiel et le moment venu, tout le monde le verra tout comme tout le monde a enfin vu sa justice éclater.
Par ailleurs, il nous est conseillé dans la Bible et notamment dans Romains 12 d’être patient dans l’affliction, de persévérer dans la prière et de dominer le mal par le bien. Je voudrais me conformer toujours à la parole de Dieu.
Parlons un peu de politique, car vous êtes un homme politique togolais quand bien même on ne vous connait pas de parti politique. Vu le rôle que vous avez joué dans les années 90 pour l’avènement de la démocratie au Togo, pourquoi vous ne militez dans un parti politique ?
Je ne suis pas un homme politique même si j’interviens en politique. Je ne suis pas encore dans un parti politique parce que je pense que c’est ce qui pose le plus grand nombre de problèmes au Togo et aux Togolais.
J’ai lutté pour le Togo et me suis battu pour la démocratie dans un cadre associatif où nous n’avions pas d’ambition politique. Cela nous a permis de faire un travail dans l’intérêt du Peuple togolais. Mais dès que les partis politiques sont apparus avec tous les problèmes de divisions que cela a créés, la lutte a été bloquée et dévoyée.
Je me méfie donc un peu des partis politiques en l’étape actuelle de notre marche difficile vers la démocratie. Je préfère pour le moment travailler dans et avec la société civile même si elle aussi a été dévoyée pour une bonne partie.
Quelles appréciations faites-vous de l’animation de la vie politique du pays par les partis politiques ?
Je la trouve vraiment triste et dommageable pour le pays.
Que dites-vous des derniers développements sur les réformes concernant le mandat présidentiel et le mode de scrutin. On rappelle que la majorité à l’Assemblée Nationale a rejeté le projet du gouvernement arguant de l’intransigeance des députés de l’opposition sur l’application immédiate des réformes.
Dommage que nous Togolais n’ayons aucune notion de l’intérêt général et du Bien Etre de notre pays et que nous essayions toujours de tous ramener à nos egos étroits et à nos intérêts personnels et partisans.
Selon vous, les réformes doivent-être d’application immédiate ou non ?
Toutes les réformes peuvent être d’application immédiate mais pas d’application rétroactive. Il faut faire la différence. J’ai assez largement eu à me prononcer en ce sens sur le sujet de la limitation de mandats.
Apparemment il y a une volonté du parti au pouvoir de faire ces réformes, que proposez-vous qu’il fasse maintenant?
Je ne crois pas que cette affirmation soit vraie. Je crois qu’il y a beaucoup de manipulation et de jeux. Si le parti voulait faire les reformes on l’aurait vu dans son comportement lors du vote de la loi prétendument soumise dernièrement.
En effet, il n’y avait rien dans ce projet de loi qui puisse conduire à la faire appliquer rétroactivement. Il ne faut donc pas voir des problèmes là où il n’y en a pas. C’est donc clair que pour le moment, la volonté politique manque cruellement.
L’opposition doit-elle laisser l’exigence de l’application immédiate des réformes ?
Rectifions cette question en nous demandant si l’opposition doit abandonner l’exigence d’application rétroactive de la limitation de mandats.
A ce propos, l’opposition n’a pas le choix. Elle n’a aucun moyen d’obtenir une application rétroactive de cette disposition sur la limitation des mandats. Il lui faut donc être réaliste et faire la politique de ses moyens. La limitation des mandats obtenue aujourd’hui s’appliquera pour l’avenir.
La majorité des togolais pense que l’opposition tire trop sur la corde et qu’elle peut accepter ces deux réformes au moins et veiller à l’organisation d’un scrutin libre et transparent en 2015. Est-ce une simple vue d’esprit ?
Il faut faire la politique de ses moyens comme j’ai déjà dit. Si l’opposition ignore cette règle, elle risque de ne rien avoir du tout et donc d’aider le régime à mépriser les intérêts du peuple.
Lorsque vous avez soif et qu’on vous offre un verre à moitié plein d’eau alors que vous n’avez aucun moyen de vous en procurer vous-même.
Prenez ce verre à moitié plein ou à moitié vide et buvez-le. Puis demandez plus. Si vous refusez et exigez que le verre soit plein avant de le prendre, vous risquez de mourir de soif. C’est une simple règle de vie et de bon sens. Il faut faire la politique de ses moyens. L’opposition a laissé passer toutes les chances de faire ces réformes au moment opportun et en position de force. Elle doit aujourd’hui être réaliste et essayer d’obtenir l’essentiel.
Nous rappelons que vous présidez la branche togolaise du mouvement Bâtir le Togo depuis plus d’un semestre déjà. Qu’avez-vous fait et que ferez-vous dans cette période pré-électorale qui s’annonce ?
Nous avons déjà essayé d’attirer l’attention des acteurs politiques sur la nécessité de ne pas créer de blocage et de négocier ce qui est prenable. C’est dans un courrier que nous avons fait cela. Malheureusement la raison ne semble pas avoir prévalu lors des dernières discussions.
Pour la suite et notamment les prochaines élections, nous travaillerons essentiellement pour la transparence et l’éducation du peuple dans le sens du bon déroulement des élections et l’apaisement du climat pré et postélectorale.
Votre mot pour les togolais de tous bords.
Que chacun travaille dans l’intérêt général et le Bien Etre de notre Peuple. Que tous les acteurs politiques se rappellent que si l’on peut ruser avec ses adversaires politiques, on ne ruse et on ne doit jamais ruser avec son peuple. Que tous sachent que les générations futures attendent d’eux un Togo meilleur pour demain et qu’ils seront jugés sur leurs actes.
Me Jean Yaovi Dégli, Merci
C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par Crédo TETTEH