Les récentes attaques terroristes dans la région des savanes a suscité l’indignation de tout le monde. Tout le peuple togolais s’est senti meurtri dans sa chair. Dans la lutte contre ces terroristes, le gouvernement a indiqué que ce ne sera pas l’affaire des seuls militaires. Elle devrait être accompagnée par les populations. Des campagnes de sensibilisation allant dans ce sens sont régulièrement observées dans les villes et villages dans les préfectures de la région des savanes. Sur le plan politique, le Gouvernement vient de présenter la situation aux partis politiques. C’est le Premier ministre, Victoire Tomégah-Dogbé qui s’est plié à la tâche. 26 partis politiques avaient répondu à l’invitation du Gouvernement.
La cheffe du gouvernement a indiqué à l’entame de la rencontre que le Gouvernement, sous le leadership de Chef de l’Etat, est convaincu que c’est une œuvre collective à mener en soutien aux forces de défense et de sécurité qui se mobilise pour la défense du territoire. Elle a appelé à un front uni et solidaire pour remporter la victoire sur les groupes armés terroristes.
Le communiqué du gouvernement, sanctionnant la rencontre, indique que l’exécutif a fait le point sur l’état de la sécurité dans la sous-région, l’origine du terrorisme dans l’espace communautaire, l’impact que cela a sur les populations et le territoire national, ainsi que toutes les dispositions prises, d’un point de vue sécuritaire, militaire, économique, social et les autres mesures d’accompagnement.
« Les échanges avec les partis politiques nous ont également permis d’avoir leurs regards sur le phénomène, leurs propositions pour compléter les actions que le gouvernement a déjà commencé à mettre en œuvre et partager les réflexions sur la nécessité pour tous les acteurs politiques d’être unis et de faire un front commun face à l’agression inacceptable dont notre pays est victime. Tous les partis politiques togolais sont d’accord aujourd’hui d’agir d’un commun accord pour repousser l’agresseur hors des frontières du Togo et de faire en sorte qu’ils ne rentrent pas sur notre territoire national et que nos populations soient véritablement protégées. », a dit le ministre Christian Trimua en charge de Droits de l’homme, porte-parole du gouvernement, à la sortie de la rencontre.
La plupart des partis conviés ont salué l’initiative et certains ont fait des propositions au gouvernement dans le sens des mesures à prendre pour une lutte efficace contre le terrorisme. Gerry Taama, a révélé aux journalistes avoir fait trois propositions : « Le premier élément, c’est que le gouvernement doit faire en sorte que la précarité ne soit pas le terreau du terrorisme. Nous savons que ces derniers temps on a eu par exemple des augmentations sur le prix des produits pétroliers et sur l’engrais, il faut faire en sorte que les mesures d’accompagnement qui ne jettent pas les jeunes dans les bras des terroristes. Le deuxième élément, c’est tout ce qui concerne, la cohésion entre les populations locales entre les forces de l’ordre et les forces de défense. Vous savez que nous sommes dans un pays où par le passé, il y a eu des difficultés de relation entre les populations et les forces de défense.
Aujourd’hui, nous demandons au gouvernement de renforcer ces relations-là, et la troisième mesure, c’est tout ce qui concerne le programme d’urgence dans la région des savanes. On parle de 259 milliards de FCFA. Nous souhaitons que cette somme soit mieux utilisée, car dans notre pays, on débloque des fonds et après, on n’a pas l’impression que les fonds soient réels, qu’on comprenne que cette nécessité fait que tout est urgent, mais ne pas commettre l’erreur de s’occuper de la région des savanes puisque l’ensemble du pays est sinistré. Certes, s’occuper de la région des savanes en urgence, mais continuer à lutter contre la pauvreté dans l’ensemble des régions du pays ».
Le parti au pouvoir, UNIR a appelé à un sursaut de patriotisme, parce que l’heure n’est pas à des considérations politiques. « Nous devons nous retrouver dans une sorte de pacte patriotique, afin de pouvoir mener ce combat et enrayer ce phénomène. À une guerre asymétrique, il faut des réponses asymétriques. Nous rendons hommage aux militaires pour le travail qui est fait sur le terrain. », a déclaré Atcholi Aklesso, Secrétaire exécutif du parti.
Dissonances
Au lendemain de la rencontre à laquelle des partis membres de la DMK avaient participé, cette dernière est revenue pourfendre le gouvernement. Elle y voit dans cette invitation du gouvernement, une fuite en avant et une instrumentalisation de plus, qui ne doivent pas divertir les togolais.
« Pour venir à bout d’agressions terroristes avérées, certes, la DMK est consciente qu’il faut que la nation togolaise devienne une réalité et reste soudée derrière les forces de défense et de sécurité. Mais, cette vérité tautologique ne peut s’imposer dans un Togo, au tissu social en lambeau, à cause des crises sociopolitiques récurrentes depuis plus de 30 ans.
Pour la DMK, on ne peut régler cette crise qu’à travers un consensus national », fait savoir la DMK. Et comme toujours, elle y va avec ses litanies de revendications qu’on entend depuis l’échec du candidat qu’elle soutenait à la présidentielle de 2020. « M. Faure Gnassingbé, doit prendre ses responsabilités pour créer les conditions pouvant induire une lutte collective et patriotique contre le terrorisme dans notre pays.
A cet effet, il doit : libérer immédiatement et sans conditions tous les prisonniers politiques et cesser toute poursuite ou harcèlement contre les acteurs politiques, les journalistes et les syndicalistes ; décréter une amnistie pour le retour des exilés politiques en toute sécurité, et mettre fin aux poursuites judiciaires en cours contre les responsables politiques et syndicaux.
Engager des discussions autour des points suivants : Les mesures efficaces pour enrayer la vie chère au Togo ; le contentieux électoral né de l’élection présidentielle du 22 février 2020 ; les droits de l’homme et les libertés publiques et de manifestations telles que consacrées par notre constitution.
La gouvernance économique et la lutte contre la corruption », annonce la DMK, qui en conclut qu’aussi longtemps qu’il n’y aura pas discussions sérieuses sur les sujets préoccupants énoncés, la DMK et les populations togolaises ne se sentiront pas concernées par l’alliance nationale contre le Terrorisme que tente de vendre le régime. Tout un programme !
Nicolas Lawson du PRR, lui, a décliné l’invitation du gouvernement. Il aurait souhaité que le gouvernement n’attende pas être en difficulté avant de convier les opposants à des rencontres sur des intérêts nationaux. « S’il n’y avait pas le djihadisme, est ce qu’ils allaient appeler leurs frères pour s’assoir ensemble et imaginer une politique qui permette de sortir ce pays de son instabilité, de la misère de crimes de toutes sortes ? Ils allaient faire ça, c’est là le drame. Parce qu’ils ont vu leur limite, leur incapacité à faire face. Maintenant ils nous appellent pour sire qu’on vienne s’asseoir pour réfléchir avec eux. Est-ce qu’ils l’ont fait avant ? Est-ce que les défis n’étaient pas là ? », s’est-il demandé.
Beaucoup de partis politiques de l’opposition ont souhaité d’ailleurs que de telle rencontre de haut niveau sur le sujet se poursuivent.