Qu’on se le dise tout de suite, l’évènement est passé inaperçu au Togo. Les principaux intéressés auxquels s’adresse cette journée ne sont pas mobilisés pour en faire un large écho à part les manifestations festives. Quand il s’est agi de réfléchir sur l’exercice de la profession et les problèmes qui assaillent aujourd’hui le monde des media, personne ne s’est manifesté. C’est bien dommage mais cette situation n’étonne personne vu la crise qui secoue le milieu des journalistes ces derniers mois.
Ce qui est très surprenant, c’était le message de la ministre de la communication, des arts et de la culture à l’endroit des journalistes en cette occasion qui ne s’est penché sur aucun de ces maux…
Autopsie d’un discours sans relief…
Dans son adresse à la communauté des journalistes du Togo à l’occasion de cette journée du 03 mai, la ministre de la communication, Germaine Kouméalo Anaté n’a pas trouvé mieux que d’appeler les journalistes au “respect scrupuleux” des règles régissant leur profession, afin d’éviter , dit-elle ” de tomber dans le libertinage et l’anarchie qui sont contre-productifs pour l’avènement d’un Togo stable et émergent”.
Qu’elle en soit remerciée du fond du cœur ! Mais la question qu’elle a occultée est celle relative aux moyens à mettre en place pour un respect scrupuleux des textes en la matière. Car, elle n’en doute pas, le journaliste togolais n’est pas comme ceux des autres pays. Cependant, il nous plait d’aller un peu plus en profondeur dans ce message qu’elle a adressé aux journalistes.
Généralité, généralité, encore des généralités
En d’autres temps et en d’autres lieux, la ministre doit virer celui ou celle qui lui a préparé ce message insipide à l’occasion de cette célébration du 03 Mai. Rien, mais alors rien de sérieux à prendre dans ce speech. De tous les problèmes de la presse togolaise connus de tous, la ministre n’a fait allusion à aucun. Pas même les préparatifs des états généraux de la presse que son département pilote.
”La liberté d’expression, et son corollaire la Liberté de la presse, liberté garantie par la constitution togolaise, constitue l’un des principes clés de l’établissement et du développement d’un Etat économiquement et socialement stables”dit la ministre. On le sait déjà.
”L’Etat togolais attache du prix à ce principe, et c’est pour cela que la Liberté d’expression et la liberté de la presse sont garanties à la fois par la loi fondamentale de notre pays, par les différentes conventions auxquelles le gouvernement togolais alibrement souscrit, mais aussi par le code de la presse” poursuit-elle. Ça aussi, on le sait.
Pour mémoire, ajoute Mme Geramine Anaté Kouméalo, ”je voudrais rappeler que c’est le 03 Mai 1991 que la journée mondiale de la presse a été proclamée par les Nations Unies. Depuis lors, chaque année, nous célébrons les principes fondamentaux de la liberté de la presse. Cette liberté cardinale pour le développement des autres formes de libertés inhérentes à la nature humaine”. On est tenté de se demander à qui ce rappel est-il destiné ? Espérons que ce n’est pas à un Kuessan Yovodevi, un Rémi Assih, une Assiba Akakpo, Willybronde Télou ou la kyrielle des professionnels qui sont sous ses ordres dans les medias publics. C’est tout simplement une injure à l’intelligence de la majorité des journalistes togolais.
Voilà ce qui semble être connu de tous et qui ne devrait pas, vraisemblablement, figurer dans ce message à l’endroit des journalistes.
Dans le message de circonstance, Madame la ministre dit des choses sans argumenter. Laissons passer ” le gouvernement fait sa part en déployant beaucoup d’efforts dans tous les secteurs…” et intéressons-nous au ” le thème de la célébration de la journée mondiale de la presse de cette année a été choisi pour rappeler aux acteurs du paysage médiatique togolais qu’ils ont aussi une importante partition à jouer dans l’accomplissement de cette vision partagée par tous”.Chère madame, quelle est cette importante partition que les journalistes devraient jouer ? Un seul exemple nous édifierait et nous mettrait sur le bon chemin.
Madame la ministre avance que ”le Togo offre l’un des meilleurs environnements juridiques en Afrique pour encadrer et assurer l’émergence d’une presse libre, indépendante et plurielle. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que le maintien de cet environnement, mieux, son amélioration passe irrémédiablement par le respect scrupuleux des règles régissant l’exercice du métier de la presse, le respect de l’éthique dans le traitement de l’information, le professionnalisme des acteurs de la presse et la pleine responsabilité du journaliste dans l’exercice de sa profession. Sans ces dispositions, le risque est grand de tomber dans le libertinage et l’anarchie qui sont contre productifs pour l’avènement d’un Togo stable et émergent”. Voudrait-elle préciser un peu car, le petit esprit du petit journaliste ne saisit pas très bien cette série de phrase. Elle mériterait d’être un peu plus claire, n’est-ce pas?
Son Excellence, Madame la ministre, conclut en ces termes : ”La mission du ministère de la communication, de la culture, des arts et de la formation civique est de vous accompagner du mieux possible dans cette belle et noble aventure du métier de journalisme”. A l’unisson, les journalistes du Togo disent ”AMEN” qu’il en soit ainsi, tout en sachant que rien ne se fera.
Rendez-vous est pris pour l’année prochaine pour écouter les mêmes litanies. Pauvres de nous, journaliste togolais.
Ali SAMBA