Les travailleurs de Wacem et les populations de la ville de Tabligbo et de toute la préfecture de Yoto n’ont pas attendu très longtemps pour crier leur ras- le -bol par rapport au drame qui s’est produit il y a une semaine dans l’usine de fabrication de ciment de la localité.
C’est à travers une marche silencieuse dans les rues de la ville minière et qui s’est achevée par une célébration religieuse dans le stade de la localité qu’ils ont exprimé leur douleur et leur ressentiment face à ce drame qui les a frappés.
Plus jamais ça !
“Trop, c’est trop. Plus Jamais ça !” étaient les phrases qui revenaient le plus dans la bouche des milliers de personnes qui ont pris part à cette manifestation et qui dénonçaient ainsi les conditions dans lesquelles l’explosion s’est produite dans l’après midi du mardi 30 Juin.
En effet, ce jour là, aux environs de 14 heures, une explosion d’une cuve contenant du fuel lourd a tué 5 personnes. On dénombre aussi un blessé grave admis au CHU Sylvanus Olympio de Lomé.
L’émotion était grande le samedi dernier quand les familles éplorées, habillées en rouge et en noir brandissaient les photos de leurs chers disparus. Une grande pancarte présentant les photos des personnes qui ont péri dans l’explosion ouvrait le cortège.
” Nous sommes sortis pour honorer la mémoire de nos camarades qui sont morts sur les lieux de leur travail” a dit Kodjovi Messan Sedonou du Syndicats démocratique des mines (Sydémines) qui n’a pas passé sous silence les conditions de vie et de travail dans l’usine.
” L’explosion de mardi dernier, ne devrait pas arriver, si les mesures de sécurité avaient été prises. Les accidents suivis de mort d’hommes sont de plus en plus fréquents dans l’usine et nous ne pouvons plus accepter cela. C’est pourquoi tous les travailleurs de Wacem, leurs familles et les populations de la ville de Tabligob sont sortis pour observer ce deuil et dire que trop c’est trop” a-t-il dit.
La douleur du petit peuple de Tabligbo a été partagée par certains de ses fils, députés à l’Assemblée nationale, hauts cadres dans l’administration publique ou dans le privé de même que des responsables politiques. On notait la présence du Président de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP, opposition) Francis Ekon, le président du parti OBUTS/Opposition Agbéyomé Kodjo, et des membres du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR).
Pour Kodjovi Messan Sedonou du Syndicats démocratique des mines (Sydémines), cette manifestation est aussi une occasion des travailleurs de Wacem d’attirer l’attention du gouvernement sur les difficultés qu’endurent certains togolais travaillant dans cette usine.
Des conditions de vie et de travail à Wacem
Selon le ministre de la sécurité et de la protection civile, Yark Damehane, le drame est survenu, suite à l’explosion d’un tank (grande citerne à fuel), au-dessus duquel travaillaient six ouvriers de la société. Sous l’effet de la chaleur, une violente explosion s’est produite, projetant le couvercle de cette citerne et les ouvriers. Deux ouvriers ont été projetés hors de la citerne et trois se sont retrouvés à l’intérieur. Le dernier était porté disparu”. Ce dernier, de nationalité indienne, a été retrouvé le lendemain matin.
Ce drame vient ouvrir les yeux de tout le monde sur les conditions de travail des employés de cette usine de fabrication de ciment.
Le gouvernement a d’ailleurs pris la mesure des choses et à exhorter tous les chefs d’installation industrielle et manufacturière à offrir un cadre de sécurité optimale pour le bon déroulement de leurs activités.
Il faut souligner que ce n’est pas la première fois que de tels drames se produisent au sein de cette usine. Peut être que cette fois ci, le retentissement de l’explosion est parvenu à l’oreille de beaucoup de personnes, notamment les gouvernants. Combien de fois les employés de cette usine ne sont allés en grève pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail ?
Au premier semestre de cette année 2015, il y a déjà eu deux débrayages des employés. Nous passons sous silence les traitements inhumains et dégradants que les responsables de Wacem infligent aux Togolais qui n’aspirent qu’à travailler. Le renvoi des employés qui ne respectent aucune législation nationale et internationale, des mutilations de bras ou de jambes qui handicapent à vie certains, des pertes en vies humaines comme celles de la semaine dernière sont le lot de ceux qui se considèrent comme les damnées de la Terre.
Et pourtant, il existe des lois et des conventions pour protéger ces togolais qui mettent leur vie en péril tous les jours pour la bonne marche d’une entreprise qui n’a que du mépris à leur égard.
Notons qu’à l’annonce du drame, des partis politiques et certaines organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé les mauvaises conditions dans lesquelles travaillent les agents de Wacem.
Un communiqué du gouvernement a d’ailleurs annoncé l’ouverture d’une “enquête”, afin de déterminer les “circonstances et les causes exactes” de l’explosion.
“Le Parquet d’instance, auprès du Tribunal de Tabligbo a aussitôt ouvert une enquête pour déterminer les circonstances et les causes exactes de cet accident”, souligne le gouvernement dans un communiqué.
Koudjoukabalo