GOUVERNANCE : LA COMMUNICATION POLITIQUE, UN ART

Conscient que la communication n’est pas l’ennemie de la démocratie, il est important de savoir qu’à tous les niveaux, la politique a besoin de communication pour se réaliser pleinement. En considérant les aspects anthropologique (mise en scène des détenteurs du pouvoir, associée à un travail de légitimation de l’autorité), gouvernemental (liée à la propagande qui contrôle les représentations sociales et mobilise les gouvernés), électoral (s’apparente à un travail dissuasif pour s’attirer les suffrages) et axiologique (la communication associée au principe kantien de Publicité, rendre public et transparent).

La communication politique, considérée comme un art, implique la transmission de messages et d’idées dans le but d’influencer l’opinion publique et de façonner le débat politique. Très souvent également, en rétablissant les faits et en communicant vrai et de façon limpide. L’essentiel étant d’apporter de la lumière sur des zones sombres ou assombries à dessein. La communication politique emploie divers canaux, des discours et débats aux médias traditionnels et numériques, en passant par les campagnes publicitaires.

Ce qui suppose donc, qu’il n’y a pas d’improvisation en communication politique, ni d’amateurisme. Ce n’est pas une affaire de Maternelle où toutes les erreurs sont permises et excusées. Tout se paie, au contraire, cash and carry. Selon la réussite ou l’échec.  Il y a du coup, nécessité de posséder les outils nécessaires avant de s’y lancer, au risque de faire des dégâts énormes et d’envenimer les situations. Comme quoi, quand on n’a rien à dire, on se tait de préférence ou on laisse carrément, et en toute humilité, les connaisseurs exercer. Cela ne saurait être malheureusement une affaire de muscle ou de mine renfrognée devant les caméras. Pas du tout.

Être stratège et créatif, la communication politique en a besoin

En communication politique, nous ne parlons pas de l’action déblatérée devant un micro ouvert, il faut, avant tout, une planification stratégique avant toute action et une créativité pour adapter le message à l’audience cible et à l’environnement politique.  Bien choisir les mots et mieux les utiliser devra être un atout de celui, qui désire s’exprimer dans une situation politique donnée où les esprits semblent aux aguets. Il ne s’agit pas non plus d’obtenir des plateaux d’expression médiatique sans pour autant posséder les outils nécessaires pour une belle prestation qui doit viser une adhésion générale et une attention particulière.

Le but recherché devra être de calmer les esprits surchauffés au prime abord, d’amener les cœurs réticents à accepter d’autres réalités et de surtout, convaincre les opinions pour induire en eux des comportements désormais positifs, acquis à la cause poursuivie.

La maîtrise du langage et de l’image, l’adaptation et l’innovation en communication politique

La communication politique, sous une prise d’art, exige absolument une maîtrise du langage. A ce niveau, il faudra être exigeant sur le discours et surtout sur la rhétorique. Ne pas fournir des efforts en ce sens ou végéter dans l’improvisation, en se croyant dans une salle de maternelle où apparemment toutes les bêtises humaines sont tolérées et exceptionnellement, c’est faire montre de médiocrité à tous les égards.

En démontrant une maitrise du langage, il est impérieux également de faire attention à l’image (visuels, gestuel, mise en scène) afin de créer un impact émotionnel et mémorable.  Dans un monde où l’évolution des médias et des technologies impose une adaptation constante et une recherche de nouvelles formes de communication pour toucher un public toujours plus large et diversifié.

L’art de la communication politique, entre influence et persuasion

Influencer les opinions demeure l’objectif principal de la communication politique. Ceci passe nécessairement par convaincre et mobiliser le public, que ce soit pour gagner des élections, faire passer une loi, susciter un débat ou rétablir une certaine vérité. Nous comprenons donc, qu’il est difficile d’être artiste et l’improvisation ou l’amateurisme n’ont malheureusement pas leurs places dans cet exercice combien noble, en tenant compte également des aspects éthiques, en évitant la manipulation et en respectant les principes de transparence et de responsabilité.

Les trois discours de la communication politique et leur déséquilibre 

La communication politique est un équilibre fragile entre les trois discours (journalistes, acteurs, opinion publique) dont l’enjeu est la maitrise, momentanée, de l’interprétation de la réalité dans une perspective liée à la prise de pouvoir, ou à son exercice, nous apprend Dominique Wolton, Sociologue français et expert en communication politique.

En exerçant le pouvoir ou plutôt en faisant partie, ou défendant les acteurs du pouvoir, il est requis une certaine dose d’humilité, de savoir-faire et de connaissance. La communication politique combine ainsi des compétences techniques, une compréhension des enjeux politiques et une capacité à influencer. Ce qui en fait un domaine qui requiert autant de connaissances que de créativité, un peu à la manière d’un art. C’est dire qu’on ne se lève pas un matin pour investir allègrement les médias et débiter des choses. Tout devrait être réfléchi, planifié, outillé au risque de se faire harakiri.

Dans un autre registre, ‘’la poursuite du lièvre’’ ne devrait pas être un exercice aveugle. Il faut absolument s’y préparer et se donner les moyens. Nous ne parlons pas de moyens financiers, dans le cas d’espèces, mais plutôt d’outils nécessaires devant traduire l’excellence des idées véhiculées, sans oublier les notions de contenu et de contenant. Il ne suffit pas d’être acteur politique, gouvernant ou militant opportuniste de premier choix pour s’extasier comme communicateur politique.  Le rôle est plus compliqué qu’on ne le croit ou pense et requiert une certaine maîtrise de soi et du langage, une stratégie et une créativité.

Notons que la communication est un art complexe. Il ne s’agit plus seulement de transmettre un message, mais de bâtir une réelle compréhension où chaque mot, chaque silence, et chaque émotion ont un rôle fondamental.

En somme, la communication politique étant l’art de séduire pour convaincre, elle demeure ainsi un outil puissant qui, lorsqu’elle est utilisée de manière responsable et transparente, peut contribuer à une meilleure gouvernance, à une plus grande participation citoyenne et à un renforcement de la démocratie. Ce n’est pas une affaire de muscles et de gestuels en désordre.

Crédo TETTEH

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