La semaine qui vient de s’achever n’a pas été de tout repos pour le personnel de la société indienne MM Mining opérant sur le site de l’extraction du fer de Bandjeli et Byakpabé dans la préfecture de Bassar, au nord-ouest Togo.
Les habitants de ces localités se sont insurgés contre les exploitants de la principale ressource minière de la région. Au menu de leurs revendications, le non-respect des engagements pris par la société indienne… quant à la fourniture de forages, la construction d’un hôpital et l’électrification des villages. Ces engagements figurent dans les termes du contrat que les dirigeants de MM Mining ont signé en 2010, année de l’obtention de la licence d’exploitation accordée par le gouvernement togolais.
Depuis lors, les pauvres habitants de Bandjéli n’ont rien vu.
”Notre patience a des limites. Trop c’est trop. Ils nous ont promis monts et merveilles mais la situation n’a pas changé depuis plus de cinq (5) ans. Ils exploitent nos ressources et ne veulent rien faire pour nous. Nous avons alors décidé de leur montrer de quel bois nous nous chauffons”, a déclaré un habitant de la localité joint au téléphone.
La tension était telle que même les autorités locales administratives et traditionnelles n’ont pu raisonner les populations de Bakpyabé et de Bandjéli. Les populations disent n’attendre que la venue du ministre des mines pour en savoir un peu plus sur la suite à donner aux évènements.
La démission des autorités !
La survenue de cette crise sur un site de mines vient relancer l’éternelle question de l’exploitation et des avantages à accorder aux populations riveraines.
Société indienne MM. Mining exploite le fer depuis 2010 après l’obtention de la licence en 2006. Les Réserves de minerais de fer ont été estimées à 500 millions de tonnes, avec une teneur moyenne de 45 % de fer, selon les chiffres donnés par le ministre des Mines, Noupokou Damipi.
Déjà en décembre 2011, le ministre de Mines reconnaissait chez nos confrères de republioftogo. Com, que s’agissant de la mine de fer de Bassar, il y a un problème de communication entre les habitants et l’exploitant MM Mining. Il avait rassuré à l’époque que ce différend devrait être bientôt aplani. Mais trois (3) ans plus tard, le problème persiste et veut prendre des proportions dramatiques si les autorités ne s’y penchent pas sérieusement. Ce qui étonne, c’est qu’on sent une certaine exaspération au ministère des mines et de l’énergie face à cette situation.
D’ailleurs le Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu avait même assuré les honorables députés de s’occuper de ce problème et même de le régler. ”La société n’a pas répondu à ses engagements. Et donc, il n’y a pas de raison qu’on continue “, a-t-il dit, parlant d’un désastre à Bandjéli. ” Nous avons observé qu’il y a beaucoup de difficultés dans l’application de ce contrat et que la société n’est pas toujours disposée à gérer les choses avec raison avec nous. Donc il faudra penser à autre chose “, avait laissé entendre Ahoomey-Zunu en Septembre 2013 répondant à une préoccupation d’un élu du peuple. Mais depuis, aucune décision n’a été prise.
MM Minning S.A., pourfendeur des droits humains et prédateur de l’environnement.
Tous les habitants de Bandjéli et tous ceux qui ont eu la chance de fouler le site d’extraction du fer déplorent les conditions dans lesquelles l’exploitation se fait.
La récente étude faite par l’ong SADD est révélatrice de graves manquements aux droits humains qui ont lieu en cet endroit. Yves Dossou, le directeur estime qu’ils ont sonné l’alarme depuis longtemps et que c’est de plein de droit que les populations ont pris conscience des violations de certains de leurs droits les plus élémentaires. Dans le rapport de SADD, on peut y lire que les droits économiques, socioculturels, les droits des travailleurs, sont soit ignorés soit sévèrement piétinés au sein de cette entreprise minière du Togo. Ce qui vient confirmer les dires du premier ministre Ahoomey-Zunu que nous avons cité plus haut.
Plus grave encore, c’est la pollution des environnements immédiats et lointains du site qui inquiète. Il semble que l’exploitation du minerais du fer se fait au détriment de la préservation de la biodiversité. Mieux, les rivières et courants d’eau seraient contaminés par la poussière et la boue inhérentes à la production du fer. C’est d’ailleurs pour cette raison que les populations locales voulaient qu’on leur fasse des forages afin de ne plus boire de l’eau souillée qui les expose à toutes sortes de maladie.
L’Etat doit prendre ses responsabilités
Une accalmie précaire prévaut actuellement dans la région. Des négociations menées le weekend dernier par certains cadres du milieu et le profil bas affiché par les dirigeants de MM Minning a sensiblement fait baisser la tension. Les travaux sur le site ont repris hier lundi matin selon des sources au ministère des mines dans l’attente d’une visite du ministre des mines pour arrondir les angles et colmater les brèches. Il faut que le gouvernement se penche sérieusement sur ce problème qui survient sur les sites d’exploitation des mines un peu partout au Togo. Il va falloir aussi que les élus du peuple se saisissent du problème. Sinon, ça craint !
Ali SAMBA