L’univers politique est souvent peuplé de fantasmeurs. Vous y rencontrez des individus qui prétendent organiser des rassemblements de milliers de personnes quand ils en réunissent une centaine. Vous y voyez des candidats aux élections qui se voient élus à une confortable majorité alors qu’ils sont écrasés lamentablement. C’est pourquoi dans une démocratie, il faut un baromètre et le meilleur que l’on ait trouvé jusqu’à présent c’est la consultation populaire, les élections.
Le Togo comme de nombreux pays africains a fait de réels progrès dans l’organisation et la sincérité des élections. Celles-ci obéissent aux standards internationaux de reconnaissance. Cela devrait suffire à tous et à chacun pour se lancer avec ardeur et détermination dans la conquête des électeurs et l’attente de leur verdict. Mais ceux qui n’ont jamais affronté l’opération électorale craignent le thermomètre. Ils cherchent à l’avance à expliquer leur possible échec en déployant une panoplie de techniques. La première c’est la demande du report des élections. Il leur manque toujours une semaine pour être fins prêts comme un mauvais élève qui prétend que quelques jours de révisions supplémentaires lui permettrait d’emporter le succès. La seconde c’est le chantage à la non participation si on ne se soumet pas à leurs desideratas comme un écolier qui exige d’être interrogé sur un programme qu’il définit lui-même. La troisième consiste à invoquer à l’avance des fraudes imaginaires pour se prémunir contre les échecs éventuels. La quatrième c’est l’effort pour changer d’électeurs. Au lieu de s’en remettre au corps électoral national, les adeptes de cette technique cherchent à ameuter les puissances et les groupes de pression étrangers pour qu’ils épousent leurs causes. Ils changent de miroirs pour voir une autre image que la réalité togolaise. Un exemple parmi tant d’autres. L’opposition togolaise extraparlementaire cherche désespérément des signes de ralliement de la France à ses revendications. Elle croyait en avoir trouvé une preuve irréfutable dans la non participation du Togo à la remise du prix Houphouët-Boigny à François Hollande. Pour elle, c’était évident Faure Gnassingbé n’avait pas été invité et François Hollande le boudait. Hélas pour elle ce n’était qu’une fausse nouvelle. Les invitations étaient adressées par la directrice générale de l’UNESCO et non par François Hollande et le Chef d’état togolais avait bien reçu la sienne. Pris comme d’autres présidents africains par un déplacement en Asie, il s’était excusé de son absence en temps et en heure et avait même adressé à son homologue français une chaleureuse lettre de félicitations. Il faut espérer que la compétition électorale qui est à présent engagée permette à chacun de redescendre sur le terrain togolais avec la même volonté de vaincre que celle manifestée le dimanche 9 juin par les Eperviers.
Koffi Souza