Projeté à 6,6% par le Gouvernement en début d’année, le taux de croissance économique de 2023 est finalement révisé à 6,4%. Cette situation est due à l’évolution contrastée, la consolidation plus soutenue de l’activité dans le secteur tertiaire et la contraction de l’activité du secteur primaire pénalisée par des conditions climatiques défavorables pour certaines zones de production vivrière. C’est ce qui ressort de la dernière réunion du Comité national de Crédit.
Taux d’inflation à 5,7%
” Après neuf mois d’activité, les indicateurs de conjoncture économique, malgré les incertitudes qui pèsent sur la situation économique mondiale et sous-régionale, certaines branches du secteur tertiaire, notamment celles dédiées au trafic portuaire de marchandises et du fret aérien, affichent une plus forte résilience “, fait-on savoir au ministère de l’économie et des finances.
Les contributions des secteurs primaire et tertiaire à la croissance économique sont désormais respectivement attendues à 0,9% et 4,1%, contre 1,2% et 4,0%, initialement prévues. S’agissant de la contribution du secteur secondaire, elle demeure inchangée à 1,4%.
Cette évolution de l’activité économique s’inscrit dans un contexte de décélération du niveau général des prix à la consommation, ainsi que d’un endettement public soutenable.
En effet, le taux d’inflation s’est établi en moyenne sur les neuf premiers mois de l’année à 5,7%, contre 7,5% un an plus tôt. La baisse du taux d’inflation fait suite principalement à une amélioration de l’offre locale de produits alimentaires, en raison d’une campagne agricole satisfaisante. Quant au taux d’endettement public, il est ressorti à 66,4% à fin septembre 2023, contre 65,5% à fin décembre 2022, en dessous de la norme communautaire plafond de 70%. C’est dans cet environnement macroéconomique globalement favorable que le secteur financier évolue.
Situation du secteur financier et au financement de l’économie.
Sur ce plan, il a été noté des évolutions encourageantes, notamment un accroissement de l’offre de services de proximité émanant des banques et des systèmes financiers décentralisés.
A cet égard, en glissement annuel à fin septembre 2023, le nombre d’agences bancaires a augmenté de 5 unités, passant ainsi à 250. Le nombre de Distributeurs Automatiques de Billets et de Guichets Automatiques de Banque a aussi progressé respectivement de 7 unités à 332 et de 5 unités à 40. Concernant les institutions de microfinance, le nombre de points de services a augmenté de 28 unités. Il s’établit ainsi à 611 à fin septembre 2023.
Dans ce contexte marqué par l’élargissement du réseau des institutions financières, les concours bancaires à l’économie ont connu une progression vigoureuse. Les données disponibles indiquent que les créances intérieures, c’est-à-dire les concours accordés à l’Etat et au secteur privé, ont crû de 12% en un an, pour atteindre 1.872 milliards à fin septembre 2023. S’agissant particulièrement des financements au profit du secteur privé, ils ont représenté 93% des créances intérieures.
De ce fait, le taux de financement du secteur privé est ressorti à 31% à fin septembre 2023, contre 30% un an auparavant. Par ailleurs, l’examen des coûts de financement révèle une baisse des taux d’intérêt appliqués aux crédits octroyés aux micros entreprises. Ainsi, les taux d’intérêt servis sur les crédits accordés aux micros entreprises ont connu une régression de 30 points de base pour se situer à 8,9% au troisième trimestre 2023.
Cette évolution encourageante du financement de l’économie s’est accompagnée de la poursuite de l’assainissement du portefeuille de crédit des banques et des systèmes financiers décentralisés.
A cet égard, le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit des banques est passé de 8,8% au 30 septembre 2022 à 8,3% à fin septembre 2023. Le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit des institutions de microfinance s’est, quant à lui, établi à 5,6% à fin septembre 2023, contre 5,7% au 30 septembre 2022, pour une norme de 3,0%.
Les défis
Cependant, des défis sont à relever : Il s’agit de l’accroissement continu des financements destinés, en particulier aux micros, petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux secteurs de l’habitat et de l’agriculture ; l’amélioration continue de la qualité des services financiers, se traduisant par un fonctionnement normal des guichets et distributeurs automatiques de banque, ainsi que la prise en charge diligente des réclamations des clients ; la transparence et la célérité dans le traitement des opérations de transfert des opérateurs économiques ; et la poursuite de la digitalisation des services financiers, sans préjudice de la sécurité des systèmes d’information, particulièrement les dispositifs de cybersécurité.
Koudjoukabalo