Année 1935. Un enfant venait de naitre à Pya, un village en pays Kabiyè au Nord du Togo. L’histoire de Gnassingbé Eyadema débuta ainsi. Symbolisé par des marches d’escaliers, le parcours sur Terre du meneur d’hommes Gnassingbé Eyadema fut un épisode complet. « Gnassingbé Eyadema a fait tout ce qu’un jeune garçon peut faire dans la vie : la culture, la garde des troupeaux, la lutte et les initiations » disait de lui, l’ancien ministre Yaya Malou, un témoin oculaire du parcours exceptionnel de l’homme qui était fier de ses origines paysannes.
« Brillant garçon qui était toujours champion pour la lutte traditionnelle et qui avait une intelligence très vive, qui réagissait très rapidement dans tout ce qu’il faisait ». C’est ainsi que se souvenait l’ancien ministre Yaya Malou de feu Général Gnassingbé Eyadema, retraçant la vie du jeune homme au meneur d’hommes qu’il fut par la suite, une histoire de destin bien exceptionnel marqué par des processus d’apprentissages et des responsabilités assumées.
Le parcours de Gnassingbé Eyadema n’a pas été un fleuve tranquille. Surtout aller à l’école française, même s’il avait fait montre d’un désir ardent de découvrir le savoir de l’homme blanc. Un désir malheureusement heurté à une opposition farouche de Maman Ndanidah « qui voyait en la petite école française de Farindè où devait se rendre le jeune Eyadema, un moyen de lui arracher son fils, de le séparer d’elle ».
Cette opposition de Maman Ndanidah fut pourtant diluée par Koromsa, le grand frère d’Eyadema qui l’autorisa contre vents et marrées à se rendre à l’école et de s’y intéresser. « Pendant ce temps, Koromsa et les autres frères s’occupaient des travaux à la maison familiale. Le parti-pris de Koromsa en faveur de son jeune frère n’a pas été déçu lorsqu’on le mesure à l’aune de ce que le jeune Eyadema a eu à récolter de sa formation à l’école française et au cours des étapes ultérieures de sa carrière ».
Sur son chemin atypique, Eyadema s’engagea dans l’armée française à 18 ans à titre volontaire et libéré en 1962 avec le grade de sergent-chef.
Tout au long de son exemplaire militaire exemplaire, l’homme s’est partout illustré par sa bravoure qui frise la témérité, par sa discipline et par son bel esprit de corps. Ce qui suscita estime et admiration de son Colonel Commandant le 22ème Régiment d’infanterie coloniale (RIC) en 1955 lorsqu’il combattait sur le champ de guerre au Viet Nam en ces termes : « Continue de donner entière satisfaction comme chef d’équipe de voltigeurs. Très robuste, bonne instruction générale et militaire, bon tireur, sait commander et instruire son équipe. Tenue, conduite, esprit excellent, fera un bon Caporal-Chef ».
Ce que confirme son compagnon d’armes, le Général Zoumaro Gnonfame également ancien ministre : « La première fois que j’ai rencontré Eyadema, que nous appelions couramment le chef Etienne, nous avons tout de suite été frappé par la vivacité de son esprit, le nationalisme de ce jeune militaire qui, pendant tous ses séjours en Indochine, en Algérie, avait un idéal. Tout comme, lorsqu’il commandait des unités à Ouidah et Cotonou sous le grade de sergent-chef ».
En résumé, sans gros risque de se trompe, feu Général Gnassingbé Eyadema « a laissé sur les langues de la postérité, l’exemple même d’une fascinante et épique carrière militaire auréolée de médailles de combattant hors-pair ».
Gnassingbé Eyadema et l’arme du pardon face aux complots
Tout au long de son exercice du pouvoir, à la magistrature suprême, malgré le lourd héritage d’un passé émaillé de crises politiques ayant plombé le décollage économique et social du pays, le Président Eyadema réussira à doter le Togo de structures institutionnelles fiabilisées et stabilisées dans un climat de paix, de stabilité et de prospérité retrouvée. Cela, en dépit de plusieurs tentatives de déstabilisation qui se sont soldées toutes par des échecs retentissants, avant que plus tard, à partir de 1991, le pays se retrouve face à une crise politique aigue, à la faveur d’une démocratisation marquée par des débordements de la Conférence nationale du 8 juillet.
L’histoire retient que face à toutes les tentatives de destabilisation de son régime et de sa liquidation physique, Feu Eyadema a toujours fait preuve d’humanisme et de sens du pardon en accordant à chaque fois l’amnistie aux comploteurs, malgré la désapprobation populaire. L’homme a toujours eu un respect fascinant pour la vie humaine.
« Nous n’avons aucun sentiment de haine ni de vengeance. Nous ne voulons pas assumer une responsabilité qui n’est pas la nôtre. En effet, si l’homme propose, c’est Dieu qui dispose. Nous avons décidé de les gracier ». Fin de citation. Propos rapporté par Jeune Afrique dans son édition 1975 du 12 septembre 1979.
Le sens du pardon adossé à une foi inébranlable que son destin est entre les mains du Seigneur ne peut être que l’apanage des hommes d’exception comme Gnassingbé Eyadema.
Crédo TETTEH (avec Si le Général Eyadema nous était conté…, Moussa Cassé)