CULTURE/BEAUTE/20è édition de Miss Togo : Au delà des polémiques, une vraie remise en question

Gaspard Baka, Président du Comité Miss Togo (au micro)
Gaspard Baka, Président du Comité Miss Togo (au micro)

Au lancement de la 20è édition du concours de beauté dénommé ”Miss Togo”, le président du comité d’organisation Gaspard BAKA nous promettait monts et merveilles et prenait tout le peuple togolais à témoin de ce que cette 20è édition sera tout spécial. Effectivement, elle a été vraiment spéciale du fait qu’elle n’a été qu’une grosse arnaque artistique et intellectuelle servie au public qui a fait le déplacement du Palais des congrès de Lomé et des téléspectateurs du Togo et du monde entier qui ont suivi la retransmission sur la Télévision togolaise et sur RTDS.
A vrai dire, les Togolais ont connu mieux que ce qui s’est produit ce samedi 30 août au Palais des congrès de Lomé. Sincèrement, cette édition 2014 est l’une des plus nulles que le Togo a connu en depuis 1995, année de la première édition. La déception du public et des téléspectateurs n’a d’égale que l’amateurisme avec laquelle le Comité a organisé  l’évènement cette année. A la limite, le Comité Miss Togo, son président Gaspard Baka en tête, s’est foutu de la gueule des togolais. Pour une 20è édition, on se croirait à la toute première de 1995.

Un spectacle sans relief
Dimanche, 31 Aout 2014, 00h 48 mn. La présidente du Jury de la 20è édition du concours de Beauté annonce : Miss Togo 2014, la candidate N° 10, Mlle Tatiana Mariama CAMARA. Annonce accueillie avec une vive désapprobation du public qui n’approuve certainement pas le choix du Jury. Qu’à cela ne tienne, le vin est tiré, il faut le boire. C’est donc elle, Mlle Tatiana Mariama CAMARA (il va falloir s’y habituer) qui sera l’ambassadrice de la beauté du Togo pendant 12 mois. Courage et bon vent à elle. Elle a tenté et la chance lui a souri comme au Loto.
La vraie question qui s’impose aujourd’hui est celle relative à l’incapacité notoire du Comité Miss Togo d’innover et de proposer un vrai spectacle de rêve au public togolais. Il semble que chaque année qui passe, emporte le Comité d’organisation Miss Togo dans les profondeurs de la médiocrité. L’évènement se déprécie d’année en année au point où certains n’y assistent que pour être témoins des perles des candidates et des ratés de l’organisation. La preuve est faite cette année sur les réseaux sociaux ou les commentaires, parfois acerbes et acides ont été très abondants. Le #MissTogo2014 a fonctionné à fond et les Togolais s’en sont donnés à cœur joie. Ceux de la diaspora qui suivaient sur le streaming y ont ajouté leur grain de sel. Non, mais un peu de sérieux. Il faut avouer que cette 20è édition dont on vantait les couleurs, les mérites et les innovations est un flop. Ayons le courage de le dire. Sinon, quelle innovation Baka et Compagnie ont-ils apporté ?
Le décor ? Il est digne de celui des chapiteaux des cirques du soleil.
La durée ? Pas moins que d’habitude : presque 4h (21h à 00h48 mn)
Le Jury ? Pas mieux, des amateurs.
Le spectacle ? Certains des régionales étaient plus réussis.
La prestation des candidates ? N’en parlons même pas.
On a beau tourné dans tous les sens le produit de cru 2014 de Miss Togo, rien à faire. Il n’y avait rien à mettre sous la dent. Si ce n’est le non voyant Dieudonné et le jeune humoriste qui ont su tirer leur épingle du jeu. Même King Mensah et ses amis du collectif Ménéou n’ont pas eu l’effet escompté sur le public. D’ailleurs, ils ont fourni une piètre prestation indigne de leur rang. Il est clair que le Comité Miss Togo est en panne d’imagination et il va falloir s’y pencher sérieusement.

Quelques pistes
Une impérieuse remise en question doit être faite au niveau du Comité Miss Togo.
D’abord, il faut que Gaspard Baka, le président du comité Miss Togo, ait le courage de s’entourer de vrais professionnels qui s’occupent de ces genres d’évènements. Il peut en trouver en Afrique, surtout en Afrique Australe. Il n’y a pas de honte à faire appel aux personnes qui connaissent plus que nous. Les Kora Awards peuvent et doivent nous servir d’exemple. Les premières éditions de cette grande manifestation culturelle et musicale étaient d’une qualité irréprochable. Les deux dernières éditions organisées au Burkina Faso et en Côte d’ Ivoire ont été des fiascos. Le Comité Miss Togo doit comprendre qu’il existe des gens dont le métier est d’organiser ces genres d’évènement. En deux heures chrono, cette affaire sera pliée. Leur faire appel ne fera que donner des ailes à Miss Togo.
Ensuite, il va falloir que l’Etat togolais s’implique davantage dans l’organisation. C’est quand même le concours MISS TOGO. Le business se fait avec le nom du pays et il est de bon aloi que ce nom, TOGO, soit porté haut partout où la Miss devrait être. Depuis 1994, combien de titres majeurs internationaux nos Miss ont-elles rapporté au pays ? A part  Manuella Lawson Body, Edwige Badakou ” Miss Coupe du Monde en Allemagne ” et quelques rares Miss qui ont obtenu des titres de dauphines dans des concours régionaux, le nom du Togo n’a jamais été hissé au firmament de la beauté africaine et mondiale. Si tant est que le Chef de l’Etat apporte son soutien indéfectible à cette initiative comme l’annonce Gaspard Baka, alors il faut plus d’engagement de l’Etat togolais dans l’organisation du concours pour que le Togo ne soit plus la risée du monde entier. Certes, le concours Miss Togo est une affaire privée du président du Comité Miss Togo et loin de nous l’idée qu’il soit nationalisé. Mais vu la dimension nationale de l’évènement et ses ramifications internationales, il serait judicieux que le TOGO, dont la Miss de Mr Gaspard Baka porte le nom, puisse avoir son mot à dire.
Enfin, un sérieux travail de détection de vraie beauté doit se faire pour que les éditions ne se ressemblent et pour que certaines candidates ne participent deux ou trois fois. La preuve est que la Miss Togo 2014 était déjà présente à la dernière édition. Ailleurs sous d’autres cieux, ce sont des écoles de Miss qui fournissent les candidates.
Dans notre modeste pays et en attendant que cela ne se produise, le Comité Miss Togo peut être au moins plus exigeant et plus regardant dans le choix des candidates, les accompagner tout au long du processus pour un meilleur résultat. Un travail de détection doit être fait dans nos lycées, dans les écoles de formations professionnelles, dans nos universités pour inciter les jeunes filles togolaises qui sont capables de rivaliser avec celles du monde entier (et Dieu sait qu’il en existe) à participer à ce concours. Toutes les jeunes ne sont pas portées sur le matériel. Il est bien beau d’offrir une voiture, des pagnes et des voyages à la Miss Togo. Mais pourquoi ne pas lui payer de hautes études dans les meilleurs écoles de formation en France, Angleterre, USA, Canada, Australie, Japon, Chine ou même en Afrique du Sud ?
Beaucoup de jeunes filles, pensant à leur avenir et non pas au plaisir immédiat de la couronne éphémère de Miss Togo, seront alors tentées de participer à l’aventure. Même les parents qui s’y opposent aujourd’hui apporteront leur bénédiction à ce concours qui ne sera plus seulement de beauté, mais aussi de l’avenir radieux des jeunes filles togolaises. La nation togolaise en saura gré au Comité et à son président. Autrement, à l’allure où va le concours et la courbe descendante qu’il amorce, Miss Togo mourra un jour de sa belle mort, non sans  avoir causé d’énorme dégâts au Pays. Que ceux qui ont des oreilles entendent !
Ali SAMBA

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