Votre Journal d'information -

21 novembre 2024
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Charles Konan Banny, candidat à la présidentielle d’Octobre 2015 en Côte d’Ivoire : ” …Je suis candidat pour remettre les Ivoiriens ensemble et défendre les libertés en respectant les différences, protéger les Ivoiriens, les sécuriser… “

Dans cinq mois, la Côte d’Ivoire ira aux urnes pour élire son nouveau Président de la République. S’il est vrai que le Président sortant Alassane Dramane Ouattara est candidat à sa propre succession, il sied également de rappeler la candidature de l’Ancien Gouverneur de la BCEAO et ancien président de la Commission dialogue Vérité et Réconciliation de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, Charles Konan Banny est aussi candidat à la prochaine présidentielle d’Octobre 2015 en Côte d’Ivoire.
De passage à Paris, nous l’avons rencontré pour vous, le vendredi dernier dans un hôtel parisien, afin de connaitre les mobiles de sa candidature et surtout ce qu’il entend mettre en œuvre comme actions s’il est élu Président de la République de la Côte d’Ivoire. LECTURE.M. le Président,  pourquoi avez-vous pris la décision d’être candidat à la prochaine élection   présidentielle de votre pays ?
Vous savez que j’ai une petite expérience de la chose publique de par mes fonctions. J’ai été très proche de ce qu’on appelle la politique. J’ai même eu l’honneur d’être Premier Ministre. J’ai eu à m’occuper du destin de la Côte d’Ivoire dans des périodes difficiles. Après, j’ai eu à conduire des missions d’intérêt national qu’est la  réconciliation après la guerre, une guerre qui a succédé à une série de crises violentes qui a secoué mon pays. Cela a fracturé la Côte d’Ivoire, défiguré mon pays, qui n’est plus un modèle de paix, de stabilité. J’ai essayé d’apporter ma contribution pour que la Côte d’Ivoire revienne sur le droit chemin, sur ses fondamentaux. J’ai fait ce que j’ai pu et je me suis rendu compte que, si vous avez un idéal pour votre pays, sans que cela ne soit une ambition personnelle, et que vous sentez la capacité et surtout que les compatriotes vous le demandent, il n’est pas bon, devant l’histoire, de refuser.
Après mures réflexions, je pense que j’ai la capacité d’offrir un schéma différent, une gouvernance nouvelle. Je suis candidat pour remettre les Ivoiriens ensemble et défendre les libertés en respectant les différences, protéger les ivoiriens, les sécuriser.

Pourquoi vous ne voulez plus du RHDP que l’on présente comme le rassemblement des enfants de Houphouët-Boigny?
Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas du RHDP. Le RHDP n’est pas un parti. Mon parti, c’est le PDCI-RDA. Ce que je ne veux pas, c’est la mort du PDCI-RDA. Plus que d’autres, je souhaite le rassemblement de ceux qui ont partagé l’idéal houphouétiste. Pour que le RHDP soit fort, il faut que le PDCI soit fort.
Un parti n’est fort que lorsqu’il accepte des pratiques démocratiques, lorsqu’il se renouvelle constamment dans ces cadres, dans ces militants, dans son idéal. Voici ce que je souhaite pour le PDCI ce n’est pas l’image que le PDCI dirigé par Henry Konan Bédié me donne et donne aux Ivoiriens.

Vous considérez ”L’appel de Daoukro” comme un renoncement des idéaux du PDCI-RDA?
De toutes façons, si ce n’est pas un renoncement aux idéaux du parti, c’est un renoncement du PDCI. Un parti qui ne présente pas de candidat à la reine des élections est condamné à disparaitre. C’est de ça qu’il s’agit et c’est la première étape. Je refuse. Pour moi, l’appel de Daoukro est un moyen de faire disparaitre le PDCI puisqu’aucun des présidents du parti n’a le droit d’aller à la sanction du peuple. C’est un déni de démocratie et de liberté. Je ne  comprends pas que les gens ne puissent pas comprendre cela. C’est aussi simple.

Vous aviez déclaré que c’est pour sauvegarder, pour préserver l’héritage de Houphouët Boigny pour une Côte d’Ivoire réconciliée que vous vous présentez à cette élection. C’est exactement le langage que  le Président Alassane Ouattara tient lors de ces déplacements en mettant en avant l’appel de Daoukro. Qui de vous deux défend au juste l’héritage du vieux Houphouët ?
Au début du mandat d’Alassane Ouattara, je lui ai dit : ” c’est curieux, tu parles comme moi”. Je ne suis pas surpris qu’il tienne le même langage que moi mais il est loin de la coupe aux lèvres. La différence entre lui et moi, c’est que lui il est en charge d’appliquer tout ce que nous disons. Mais que diable ne l’a-t-il pas fait ? Si j’avais accepté de l’accompagner au début de son mandat, c’est justement parce qu’il  y avait une communauté de vue et que cette communauté de vue allait l’amener à des actions précises.
J’ai parlé de liberté et du droit à la différence ;  vous pensez qu’on mette des gens en prison parce que moi, Charles Konan Banny j’ai décidé d’être candidat et que ces jeunes gens me sont proches ? L’Etat intervient pour diviser les partis. C’est normal ? Et je peux citer des exemples similaires en ne plus en finir. En quoi ces attitudes sont-elles houphouétistes ? Si j’avais senti à l’application qu’on rassemblait le Peuple de Côte d’Ivoire, qu’il n’y avait pas de clivages, que les libertés étaient défendues, que le droit à la différence était garantie, que la sécurité pour tous était faite, et que les Ivoiriens se sentaient frères, comment voulez-vous que je sois candidat ? Donc, il ne s’agit pas de parler. Il s’agit d’agir.Je suis contre une gestion patrimoniale de la République.
On veut être disciple d’Houphouet. Mais alors, quand on est disciple, on essaye de faire comme le maître. Moi, je suis dans la maison du père. Alassane Ouattara, lui, a quitté la maison dès le décès du père. Moi et ceux qui sont restés dans la maison du père, nous avons droit de réclamer  l’héritage intellectuel et moral du père.

A part la réconciliation, quels seront les autres sujets sur lesquels vous allez mettre l’accent pendant la campagne électorale ?
La réconciliation, ce n’est pas moi qui l’ai prôné. Elle fait partie du programme d’Alassane Ouattara. Il a dit qu’il veut rassembler les Ivoiriens, les réconcilier pour reconstruire. J’ai cru que c’était vrai. J’y croyais sincèrement. Moi, je suis un partisan farouche de la réconciliation. C’est la condition sine qua non, c’est la base. Moi je parle plutôt de remettre les Ivoiriens ensemble, dans leur diversité et pour cela, je vais m’appuyer sur une phrase de HouphouetBoigny qui disait que ” c’est parce que nous sommes différents que nous sommes condamnés à être unis “. Voilà ce qui me guide. Donc pour moi, c’est l’essentiel.
C’est à partir de là que nous allons construire notre pays, nous allons parfaire la construction de la société ivoirienne en respectant les valeurs de liberté, de démocratie, de droit à la différence. Démocratie, sécurité pour tous, santé pour tous, partage équitable des biens, justice équitable, rassurer les ivoiriens, tout ceci est politique et important. Ces thèmes seront bien entendu précisés aux Ivoiriens quand s’ouvrira la campagne électorale.

Comment jugez-vous alors la première mandature d’Alassane Ouattara ?
Alassane Ouattara a la possibilité de présenter son bilan, le Peuple jugera.

Que dire de votre alliance avec KKB, Kablan Brou  et Amara Essy ? Quels sont les objectifs visés ?
Cela ne vous a pas échappé que nous sommes tous du même parti , le PDCI. Ce qui nous unit, c’est notre refus de la forfaiture qui est contenue dans l’appel de Daoukro. Nous refusons de la même façon que le PDCI disparaisse par le biais de l’appel de Daoukro. Cette alliance symbolise notre refus. La décision de Daoukro a été prise contrairement aux résolutions du congrès du PDCI-RDA. Un homme s’est substitué au congrès. Ce n’est pas de la démocratie. Le congrès a décidé que le PDCI aura son candidat. Un homme est arrivé pour dire que cela ne se fera pas comme cela. C’est inacceptable.
D’ailleurs, le Président Bédié a dit ce jour là, à la clôture du congrès que ce serait incompréhensible qu’un parti comme le PDCI n’ait pas de candidat aux élections présidentielles 2015. Alors je ne comprends pas, mes trois autres compères aussi de même que beaucoup de militants ne comprennent pas ce volte-face. Beaucoup d’Ivoiriens qui ne sont pas du PDCI ne comprennent pas.

Ne va-t-on pas vers l’Implosion du PDCI ?
Qui peut le plus, peut le moins. Je me suis opposé à la disparition du PDCI-RDA. Je ferai tout pour que le PDCI n’implose pas et il n’implosera pas. On a connu pire que ça. Ceux qui vont imploser, c’est ceux qui ne sont pas dans la ligne et c’est le Peuple qui leur fera savoir et en ce moment là, ils comprendront peut être qu’il vaut mieux qu’il laisse la place pour que le PDCI se développe en faisant appel à la jeune génération.
Un parti ne  peut pas se développer s’il ne s’ouvre pas aux problématiques nouvelles de notre Siècle, lesquelles sont portées par les jeunes. Le PDCI doit s’adapter pour être le creuset de la nouvelle espérance dont je veux être porteur pour l’ensemble des Ivoiriens, qu’ils soient PDCI ou pas.

Quel message avez-vous pour le peuple ivoirien ?
Je veux m’adresser d’abord à ceux qui ont été forcés de quitter la Côte D’Ivoire parce que leur sécurité était menacée. Je leur dis que j’appliquerai les dispositions constitutionnelles que le Peuple de Côte d’Ivoire s’est donné. Aucun Ivoirien ne doit être condamné à vivre en exil. Les Ivoiriens qui se trouvent à l’étranger rentreront chez eux. Ceux qui ont connu des actes répréhensibles auront droit à une justice équitable comme je l’avais souligné un peu plus haut. Il faut assurer la sécurité des Ivoiriens qui sont partis et qu’ils reviennent, la paix dans le cœur, la paix dans les esprits. S’il y a des problèmes, nous nous mettrons tous autour d’une table et nous réglerons nos problèmes.
Nous avons traversé une période difficile ; chacun a été ici ou là responsable, nous mettrons en relief la responsabilité des uns et des autres à tous les niveaux et que les Ivoiriens acceptent de laver leur linge sale en famille, pas avec un esprit de vengeance mais dans un esprit de vérité, de pardon, de justice, d’équité. C’est comme cela que nous allons remettre les Ivoiriens ensemble pour rebâtir ce pays. Ce sera très utile, non seulement aux Ivoiriens mais aussi à l’Afrique de l’Ouest.
Propos recueillis à Paris par Credo TETTEH

Partagez cet article