L’ajustement des prix à la hausse du KWh du courant électrique annoncé par le gouvernement passe difficilement auprès des clients et consommateurs des services de la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET).
La Ligue des Consommateurs du Togo (LCT) parle d’étonnement quant à la publication d’un arrêté interministériel en date du 24 mars 2025, constatant l’augmentation des prix de la consommation électrique ainsi que pour l’éclairage public.
L’Association togolaise des consommateurs (ATC) constate avec surprise qu’il s’agit d’une augmentation soudaine et brusque, variant de 8% à 30% en considérant la réduction du nombre de kwh et l’augmentation du tarif par tranche, des prix du kilowatt heure de l’énergie électrique et note avec étonnement une diminution du nombre de kilowatt heure par tranche. Elle exprime sa profonde et vive indignation face à cette augmentation significative des prix de l’électricité qui va impacter négativement le pouvoir d’achat et la vie du consommateur togolais et surtout alourdir le fardeau des ménages défavorisés.

Nécessité fait loi…
Mais pour le gouvernement, c’est ce qu’il fallait faire ou alors le système de fourniture d’électricité s’écroulera. Il s’explique : Parallèlement aux multiples investissements consentis, l’État s’est toujours préoccupé de maintenir le tarif de l’électricité inchangé depuis 2010 / 2011, soit 15 ans. C’est ainsi que le coût moyen du kilowattheure vendu a été maintenu à 102 FCFA, tandis que les coûts de production et d’importation n’ont cessé d’augmenter en raison de la flambée des prix des combustibles, des inflations, etc.
De plus, la situation s’est aggravée récemment avec la crise énergétique sous régionale due à la pénurie du gaz. Le coût moyen pour produire ou acheter 1 kWh est estimé à 145 FCFA. La CEET le revend aujourd’hui en moyenne à 102 FCFA, ce qui creuse un déficit qui ne peut plus être absorbé malgré les efforts du gouvernement. Cela veut dire que chaque kilowatt distribué provoque le déséquilibre financier de la CEET et creuse davantage sa dette. ” La CEET ne peut plus soutenir la vente à perte, si nous voulons une continuité du service, car très vite elle ne pourra plus s’approvisionner. En vendant à perte, la CEET n’aura plus les capacités de faire des investissements dans la maintenance des infrastructures, dans l’exploitation des ouvrages, dans l’amélioration et l’extension du réseau électrique “, explique-t-on au MME.
L’ajustement des tarifs de l’électricité est donc devenu inévitable dans un contexte où la CEET vend à perte et a besoin de retrouver un équilibre financier afin de continuer à assurer la fourniture et la stabilité du service à tous les consommateurs. ” Cet ajustement n’est pas une mesure isolée. Il s’inscrit dans un plan plus large pour stabiliser le secteur, relancer les investissements et mettre fin aux déséquilibres financiers. Sans cet effort collectif, le réseau continuera de se fragiliser et les délestages deviendront plus fréquents “, soutient-on au MME.
Pour les autorités, le chemin est certe difficile, mais les bases d’un système plus fiable, plus équitable et plus durable sont en construction. Elles rappellent que lors de la récente crise énergétique de l’année dernière qui s’est poursuivie jusqu’au début de cette année, l’État, a mobilisé 31 Milliards de FCFA pour soutenir le secteur, préserver la continuité du service et réduire le déficit énergétique préjudiciable à la vie économique et sociale du pays.
Des investissements massifs
Au ministère en charge de l’énergie, on fait savoir que le Togo connaît depuis plusieurs années une augmentation rapide de la demande en électricité. Ce besoin s’explique par la croissance des zones urbaines, le développement de l’économie et l’électrification progressive des milieux ruraux. Les besoins en électricité augmentent sans cesse avec l’urbanisation et le développement économique, Cependant, l’évolution de la demande en électricité se heurte à un défi structurel.
L’électricité distribuée aux ménages est d’une part importée auprès des voisins du Ghana et du Nigeria et, d’autre part, produite localement à partir du gaz ou du combustible liquide. Cette dépendance a amené l’État Togolais à déployer une politique volontariste visant la souveraineté énergétique et l’accès universel à l’électricité en 2030. À cet effet, plusieurs projets d’infrastructures de production ont été accélérés en tenant compte de la transition énergétique, notamment : la centrale en turbine à gaz de Kekeli, les centrales solaires à Blitta, Dapaong et Sokodé, l’extension du réseau électrique de transport et de distribution dans les centres urbains, l’électrification rurale, la modernisation des équipements, etc.
Le Gouvernement travaille donc à la mobilisation des investissements considérables et à une planification rigoureuse pour déployer les infrastructures durables nécessaires et à ce que tous les citoyens aient accès à l’électricité. À cet effet, le Projet d’Extension du Réseau Electrique de Lomé (PEREL) et le Projet de Réformes et d’Investissement dans le Secteur de l’Energie au Togo (PRISET) sont en cours d’exécution afin d’améliorer la couverture en énergie électrique dans la zone urbaine. ” Ces initiatives visent à étendre les réseaux électriques de moyenne et basse tension, à construire des milliers de kilomètres de nouvelles lignes et des postes de transformation pour connecter plus de localités. Ainsi, ces projets ont déjà permis la construction de 652 postes MT/BT (Moyenne Tension/Basse Tension) opérationnels, et d’autres sont en cours de construction “, renseigne le ministère de l’énergie.
Privilégier le mix énergétique
La stratégie actuelle du gouvernement privilégie un mix énergétique diversifié, avec un accent sur les énergies renouvelables, qui peuvent être déployées plus rapidement et à une échelle plus adaptée aux besoins et aux ressources actuelles du pays, tout en s’inscrivant dans une démarche de transition énergétique.
Le Gouvernement vise 50% d’énergies renouvelables composées d’hydroélectrique et solaire. A cet, informe le MME, en partenariat avec le gouvernement Togolais, la société Neo Themis Togo développe le projet d’aménagement hydroélectrique de Tététou sur le fleuve Mono dans le Haho. Le projet est réalisé suivant un schéma de producteur indépendant d’électricité (IPP). Une fois le projet finalisé et exécuté, Neo Themis Togo conclura un contrat d’achat d’électricité avec la Compagnie Energie Electrique du Togo et un contrat de concession avec l’Etat Togolais. Le projet sera financé par des institutions financières régionales et/ou internationales. ” Le Togo s’est engagé à atteindre 100 % d’accès à l’électricité d’ici 2030. Ce chantier demande des choix responsables et une mobilisation continue “, fait comprendre le gouvernement.
Ali Samba