Le village Adidokpo a vécu le samedi 18 juillet dernier une scène théâtrale particulière. Les acteurs étaient les autochtones du village Adidokpo (Collectivité EGU-DZAKU) contre les AZIAMADI qualifiés d'” usurpateurs ” du fauteuil de chef de village. La Collectivité EGU DZAKU a en effet décidé de protester contre la cérémonie officielle de remise d’arrêté de nomination à Monsieur AZIAMADI Koudjo comme Chef du village d’Adidokpo le samedi 18 juillet dernier, selon Monsieur AGBEDESSI Kodjo Agbeko, le mandataire.
Depuis 2013, la Collectivité EGU-DZAKU a saisi le Préfet de Zio du différend qui l’oppose aux AZIAMADI, des résidents venus du canton de Bè. Selon le Mandataire de la Collectivité EGU-DZAKU, Monsieur AGBEDESSI Kodjo Agbeko que nous avons rencontré dans le cadre de nos investigations, le Préfet K. Séna ADOSSI dans un premier temps les avait bien reçu et avait même marqué son étonnement en ce qui concerne les agissements des AZIAMADI. Quelle ne fut malheureusement leur surprise au cours de la rencontre de voir le Préfet ADOSSI K. Séna prendre subitement et radicalement partie pour les AZIAMADI à qui il aurait même promis de les aider à avoir les papiers de reconnaissance de Chef du village d’Adidokpo à la grande surprise des membres de la Collectivité EGU DZAKU. En clair, le Préfet ADOSSI aurait pris parti pour les AZIAMADI qui selon le mandataire de la Collectivité EGU DZAKU, sont des étrangers venus du Canton Bè.
La goutte d’eau qui fit déborder le vase
Selon le mandataire de la Collectivité EGU DZAKU, Monsieur AGBEDESSI Kodjo Agbeko, c’est courant semaine passée, avant le samedi 18 juillet, qu’ils ont reçu l’information comme quoi le Préfet du ZIO Monsieur ADOSSI s’apprêterait à procéder à la cérémonie officielle d’installation du Chef contesté ” AZIAMADI “, à qui il aurait, depuis quelques jours, remis copie l’arrêté de reconnaissance accompagné de son chauffeur.
Pour empêcher cette forfaiture et ” ce coup de force ” du Préfet ADOSSI, parce que l’affaire est actuellement pendante devant le Tribunal de Tsévié, la collectivité EGU DZAKU s’était mobilisée pour faire échec à cette machination. Ainsi donc, ils se sont transportés de Lomé et du village Adangbé pour appuyer leurs frères d’Adidokpo dans leur revendication. En somme, rendre impossible la fameuse cérémonie du Préfet ADOSSI. Ce qui fut une réalité le samedi 18 juillet 2015 où très mobilisés, les autochtones comme au temps colonial, ont procédé à l’érection du drapeau togolais dans le village Adidokpo, comme pour dire au Préfet ne pas reconnaitre son ” chef ” qu’il veut leur imposer.
Précisons ici que le même jour, suite aux informations reçues et données par le Mandataire à la brigade de gendarmerie de Tsévié, le CB de ladite brigade après un coup de fil passé à Monsieur AGBEDESSI Kodjo Agbeko de la Collectivité EGU DZAKU, a dépêché deux gendarmes sur les lieux. Arrivés, ils ont pu rencontrer les membres de la Collectivité EGU DZAKU dans un premier temps pour des échanges et s’enquérir de leurs motifs d’érection du drapeau togolais dans le village. Ce que le Mandataire leur a expliqué. Une manière à eux d’empêcher la forfaiture du Préfet ADOSSI qui serait selon lui de connivence avec les ” étrangers ” que sont les ” AZIAMADI “.
Rappelons que suite à la forte mobilisation de la collectivité EGU DZAKU et des jeunes du village Adidokpo contre l’indélicatesse du Préfet ADOSSI, la fameuse cérémonie qui devrait connaitre la présence du Préfet ADOSSI n’a pas pu se tenir. Le Préfet n’ayant pas finalement fait le déplacement du village Adidokpo alors que la veille (le vendredi17 juillet 2015), il avait rencontré des chefs traditionnels avoisinants pour les informer de l’activité du lendemain.
Du jugement de l’affaire au Palais du Chef d’Adangbé
Dans nos recoupements, nous avons réussi à avoir copie du procès-verbal en date du 09 janvier 2014 de l’affaire Collectivité EGU DZAKU représenté par AGBEDESSI Agbéko contre AZIAMADI Moudo, AZIAMADI Kpobi, AZIAMADI Koudjo et DAGBA Kossi.
Après l’exposé des faits par chacune des parties à l’assise du 09 janvier 2014, une autre rencontre s’est tenue le 23 janvier 2014 pour la suite des auditions. A cette rencontre, il a été décidé ” qu’une visite soit faite sur le lieu c’est-à-dire à ADIDOKPO le 30 janvier 2014″. Une visite de ” sondage de l’emplacement du village de ADidokpo ” sous la conduite du représentant du Régent Komla AMAVI en l’absence de la famille AZIAMADI pour raisons d’indisponibilité évoquée par le sieur AZIAMADI Koudjo.
Des conclusions de la délégation ayant visité le village ADIDOKPO, il s’était posé la question de savoir : ” Pourquoi la famille AZIAMADI a-t-elle formulé une demande au titre de la chefferie auprès du Préfet sans avoir consulté la Collectivité EGU DZAKU alors qu’ils savent qu’ils sont sous la responsabilité de la famille EGU DZAKU ? Pourquoi la famille AZIAMADI n’a-t-elle non plus informé le représentant du Trône d’Adangbé alors que DIDOKPO est une ferme du village ADANGBE ?
Entre autres conclusions, la délégation reconnait que ” le fait que AZIAMADI a le courage d’affirmer qu’ils savent sur quoi ils comptaient avant d’agir de la sorte, ça montre que non seulement c’est un coup prémédité mais aussi c’est un défi qu’il lance aux enfants EGU DZAKU et que ” l’exemple des ressortissants d’Adangbé au Ghana que prend la famille AZIAMADI pour justifier le fait qu’ils peuvent aussi être chef de Didokpo n’est pas recevable “.
A quoi joue le Préfet ADOSSI ?
Dans cette affaire qui défraie la chronique et créé un climat de vie malsain dans le village Adidokpo, la question que le commun des mortels se pose, est de savoir les réels mobiles qui poussent le Préfet ADOSSI à agir ainsi au profit délibérément de la famille AZIAMADI contre vents et marrées ? A-t-il un intérêt réel à voir la chefferie du village revenir à la famille AZIAMADI (venue du Canton de Bè) qui n’est pas autochtone au détriment de la Collectivité EGU-DZAKU ? Les prérogatives de Préfet lui permettent-elles d’agir de la sorte ? Voilà les inquiétudes qui nous ont poussées à chercher à joindre le préfet ADOSSI hier lundi matin à 9h38 minutes. Malheureusement, c’est son escorte qui a décroché notre appel avec la promesse de rendre compte de notre coup de fil à son Chef. Précisons que vers 13h10, le Préfet ADOSSI a eu l’amabilité de nous rappeler.
A notre question de savoir s’il y avait une cérémonie de prévu pour la remise de l’arrêté de nomination au Chef d’Adidokpo le samedi 18 juillet 2015, le Préfet ADOSSI a affirmé ne rien savoir. Toutefois, il a confirmé l’existence de l’arrêté de nomination du Chef sorti de la famille AZIAMADI : ” l’arrêté est sorti et remis l’avant dernier samedi au Chef ” nous a déclaré le Préfet ADOSSI qui par ailleurs a marqué son regret de ne pas satisfaire notre demande de nous déplacer pour le rencontrer à Tsévié hier lundi 20 juillet 2015 car étant en déplacement lui-même à cause de la période des Evalas.
L’autre question que nous nous posons, c’est de savoir comment le Préfet du ZIO Monsieur ADOSSI a pu faire signer l’arrêté de nomination du chef de village à un des membres de la famille AZIAMADI au détriment de la famille EGU DZAKU et ce malgré les conclusions du Procès-verbal du Régent du village d’Adangbé en date du 09 janvier 2014?
Rappelons également que le même Régent du village ADANGBE, Monsieur AFFASSI Koffi, dans une correspondance en date du 04 juillet 2013 adressée à Monsieur le Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales a donné son ” avis favorable à la désignation de Monsieur AGBEDESSI Benjamin en tant que Chef d’ADIDOKPO “.
Dans cette correspondance dont nous avons obtenu copie, le Régent AFFASSI Koffi écrivait au Ministre de l’Administration Territoriale d’alors ceci : ” … considérant toute l’histoire de la fondation d’Adidokpo par EGU-DZAKU et vu que M. AGBEDESSI Benjamin soit non seulement un fils légitime de cette famille mais aussi un homme de grande probité, j’estime normal apporter mon appui pour sa désignation faite par la famille. Dans le même sens, je voudrais Monsieur le Ministre, vous solliciter à considérer et à reconnaitre cette désignation qui à mon sens apportera un bien immense à la population d’ADIDOKPO… “.
Au moment où le Chef de l’Etat lors du premier conseil des Ministres a exhorté l’ensemble du Gouvernement ” à donner le meilleur d’eux-mêmes pour apporter chaque jour des réponses concrètes aux préoccupations de nos concitoyens qui aspirent légitimement à un mieux-être dans tous les secteurs de la vie économique et sociale. Dans cette optique, le Président de la République a invité la nouvelle équipe gouvernementale à faire preuve de cohésion et de solidarité pour servir avec efficacité l’ensemble des Togolais “, on se pose la question de savoir comment un Préfet peut par ses actes compromettre toute une politique du Gouvernement et mettre à mal la cohésion sociale dans une localité ?
A suivre….
Crédo TETTEH