On ne reconnait plus les togolais depuis plus d’une semaine déjà quant au port du casque. Tellement nos compatriotes semblent très disciplinés qu’ils suscitent l’admiration. A l’arrêt aux feux tricolores, toutes les têtes sont casquées. Cette prise de conscience de la majorité des togolais est une indication aux autorités de ce pays qu’une mesure bien expliquée à la population qui y trouve un intérêt peut être adoptée facilement sans avoir recours à la menace, ni à la force.
Depuis bien longtemps, c’est la première fois que les togolais semblent respecter unanimement des mesures prises par les autorités sans broncher. Le fait est tout aussi rare qu’important qu’il faut le souligner. Car depuis 1990 et l’échec du processus démocratique, les togolais étaient devenus des ”hors la loi”, foulant aux pieds les lois et règlements de ce pays.
Les exemples sont encore vivaces dans les mémoires. Les actes inciviques étaient devenus les règles pour défier l’autorité de l’état. C’est à qui fera le plus. On ne respecte pas les feux tricolores, on roule en sens interdit, on ne porte pas le casque, l’interpellation d’un motocycliste par la police ou la gendarmerie peut très vite tourner à l’émeute. Ajouter à cela, la surcharge des véhicules, l’excès de vitesse, les injures, etc…
Aujourd’hui, la donne change. On note une prise de conscience de la part des togolais en ce qui concerne le respect du code de la route.
Depuis que les autorités du ministère de la sécurité et de la protection civile et celles des transports sont passées à la mise en application du nouveau code de la route après des mois de sensibilisation, on constate que les togolais ont vite fait d’intégrer cette posture dans leur habitude quotidienne. Le casque est devenu un accessoire indispensable comme le sac ou le portable. Des scènes qui donneront lieu à des émeutes il y a quelques mois ressemblent de nos jours à des tractations amicales entre forces de l’ordre et conducteurs. Les rares personnes qui s’aventurent sur les routes sans casques sur la tête ou sans ceinture de sécurité dans les voitures suscitent la curiosité des autres usagers et même des piétons qui ne se privent pas de se moquer d’eux et de les rappeler à l’ordre. C’est la preuve que tout commence par rentrer dans l’ordre. Le réapprentissage va être lent mais il est déjà rentré dans les habitudes. C’est l’essentiel.
Estomper le zèle de quelques agents de force de l’ordre
Le ministère de la sécurité et de la protection civile doit veiller au respect des mesures prises en ce qui concerne le respect du code de la route. Pour le moment, c’est la phase de sensibilisation qui continue. Mais il semble que certains policiers et gendarmes ne le comprennent pas de cette oreille et passent outre les ordres.
Certes, ils sont une minorité mais leurs attitudes peuvent remettre en cause la courbe ascendante de cette prise de conscience nationale qu’on observe en ce moment. Les évènements de Kambole qui ont fait malheureusement des morts doivent être évités.
Nous l’écrivions dans une de nos parutions précédentes que le ministre de la sécurité doit veiller à ce que l’application des nouvelles mesures ne tourne pas au racket sur les routes du Togo car il est signalé çà et là des comportements des agents de forces de l’ordre qui laissent à désirer. Un citoyen qui n’a pas porté son casque et qui refuse d’obtempérer aux injonctions des policiers et gendarmes ne doit pas faire l’objet de course poursuite qui provoquera d’autres incidents.
Au moment où commence la phase de répression, il faudrait aussi poursuivre la campagne de communication sur le port de casque et de ceinture de même que les autres mesures contenues dans la nouvelle loi. Il est indéniable que cette campagne de publicité a porté ses fruits. Il faut alors l’intensifier et la diversifier.
Au-delà de la radio et de la télévision, il faut aussi faire passer les messages dans la presse écrite et coller des affiches géantes dans tout le pays. Cette forme de communication aidera aussi à sensibiliser les togolais sur le respect du code de la route.
Ali SAMBA